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Tous à Zanzibar

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vers le centre des désordres : pressés les uns contre les autres,<br />

ils se bousculaient, s’écrasaient et criaient.<br />

Le car de police était toujours immobilisé au même endroit.<br />

Le conducteur donna un coup de sirène pour saluer l’arrivée de<br />

ses collègues du camion-balai. Le gaz s’était presque<br />

entièrement dissipé au-dessus des manifestants suffoquant et<br />

vomissant, mais l’émeute ne semblait pas devoir finir. Dans les<br />

bras de béton du terrain de jeux, des hommes et des femmes<br />

beuglaient toujours la chanson que tonnait l’accordéon<br />

électronique : « Tu l’écrases d’un coup de marteau. ET<br />

MERCI. » La plupart des fenêtres avaient été brisées, le verre<br />

crissait sous les pas, Quant aux êtres humains, ils étaient<br />

poussés avec les détritus en un gros tas d’ordures, des deux<br />

bouts de la rue où se trouvait Donald. Le plan d’ensemble avait<br />

été appliqué : isoler, remuer, comprimer, empaqueter.<br />

De jeunes téméraires firent preuve de présence d’esprit : ils<br />

montèrent sur les lames du camion-balai qui passait devant le<br />

terrain de jeux et sautèrent au jugé pour se réfugier sur les<br />

branches de béton. Donald s’y prit trop tard pour les imiter. À<br />

ce moment, il eut peur d’être écrasé.<br />

Affolé, il se débattit et cria comme tout le monde. Il y avait<br />

en face de lui quelqu’un qu’il repoussait. Peu lui importait de<br />

savoir si c’était un homme, une femme, un Aframéricain ou un<br />

BASP. Le lance-grenades du camion-balai tirait au-dessus de sa<br />

tête. La musique assourdissante s’éteignit au milieu d’un<br />

accord. Il aspira une première bouffée de gaz qui lui ravit son<br />

ultime lueur de raison. Sans regarder son adversaire, il se<br />

contentait de rendre les coups. Il essaya de se dégager en<br />

direction de ceux qui venaient en sens inverse, et qui,<br />

maintenant, butaient dans le groupe où il était englué.<br />

Les saladoptères, bâtards obscènes d’un vautour et d’une<br />

araignée, prêts <strong>à</strong> jeter leur filet sur les émeutiers et <strong>à</strong> les<br />

emporter, atterrirent sur les toits dans un hurlement de<br />

turbines. Donald frappa, toussa, pleura, rua, insensible aux<br />

coups qu’il recevait en retour. Un visage sombre, vaguement<br />

familier surgit devant lui. Il pensa seulement que c’était le type<br />

sur lequel il avait tiré au Pistolance et dont la sœur l’avait<br />

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