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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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<strong>La</strong> situation n’était pas moins critique pour l’Eglise catholique. Elle venait <strong>de</strong> perdre l’Allemagne, la Scandinavie,<br />

l’Angleterre et la Suisse; les Pays-Bas s’insurgeaient contre elle. L’apostasie <strong>de</strong> la France, si elle venait à se produire,<br />

<strong>de</strong>vait causer dans le mon<strong>de</strong> entier le scandale le plus pernicieux et l’ébranlement le plus profond : d’autant plus que<br />

l’Espagne <strong>de</strong>vait suivre. L”objectif le plus constant <strong>de</strong> tout le parti protestant, auquel Coligny ne cessa <strong>de</strong> travailler était<br />

d’entraîner la France dans une ligue générale avec tous les Etats protestants pour écraser l’Espagne, seule gran<strong>de</strong> nation<br />

catholique restée puissante. C’eût été la ruine complète <strong>de</strong> la civilisation <strong>chrétienne</strong>.<br />

Dieu ne le permit pas et la France non plus. Les Valois faiblissaient, hésitaient, variaient dans leur politique. <strong>La</strong> Ligue<br />

naquit pour prendre en main la défense <strong>de</strong> la foi, pour la maintenir dans le pays et dans le gouvernement du pays. Les<br />

catholiques, qui formaient encore la presque totalité <strong>de</strong>s Français1, voulurent avoir <strong>de</strong>s chefs absolument inébranlables<br />

dans leur foi. Ils choisirent la maison, <strong>de</strong> Guise. « Quelque appréciation que l’on porte sur les guerres <strong>de</strong> religion, dit M.<br />

Boselli, il est impossible <strong>de</strong> méconnaître que la maison <strong>de</strong> Guise fut, pendant toute cette pério<strong>de</strong>, l’incarnation même <strong>de</strong><br />

la religion <strong>de</strong> l’Etat, du culte national et traditionnel auquel tant <strong>de</strong> Français <strong>de</strong>meuraient attachés. Elle personnifia l’idée<br />

<strong>de</strong> la fidélité catholique. Les Guise fussent très probablement <strong>de</strong>venus rois <strong>de</strong> France si Henri III s’était fait protestant, ou<br />

si Henri IV ne s’était pas fait catholique. »<br />

Dieu voulut conserver à la France sa race royale, comme il l’avait fait une première fois par la mission donnée à<br />

Jeanne d’Arc. L’héritier du trône, d’après la loi salique, était Henri <strong>de</strong> Navarre, élève <strong>de</strong> Coligny, protestant et chef <strong>de</strong>s<br />

protestants. Dieu changea son coeur. <strong>La</strong> France recouvra la paix, et Louis XIII et Louis XIV remirent notre pays sur le<br />

chemin <strong>de</strong> la civilisation catholique. Disons cependant que ce <strong>de</strong>rnier commit cette faute, qui <strong>de</strong>vait avoir <strong>de</strong> si graves<br />

conséquences, <strong>de</strong> vouloir la déclaration <strong>de</strong> 1682. Elle portait dans ses flancs la constitution civile du clergé, elle commençait<br />

l’oeuvre néfaste entre toutes, <strong>de</strong> la sécularisation qui se poursuit aujourd’hui jusque dans ses <strong>de</strong>rnières conséquences.<br />

Louis XV, qui se livra aux moeurs <strong>de</strong> la Renaissance, vit l’oeuvre <strong>de</strong> déchristianisation commencée par la Réforme,<br />

reprise par Voltaire et les Encyclopédistes précurseurs <strong>de</strong> Robespierre, ancêtres <strong>de</strong> ceux qui nous gouvernent actuellement.<br />

Taine l’a fort bien dit : « <strong>La</strong> Réforme n’est qu’un mouvement particulier dans une révolution qui commença avant<br />

elle. Le XIVe siècle ouvre la marche; et <strong>de</strong>puis, chaque siècle n’est occupé qu’à préparer, dans l’ordre <strong>de</strong>s idées, <strong>de</strong> nouvelles<br />

conceptions et, dans l’ordre pratique, <strong>de</strong> nouvelles institutions. Depuis ce temps-là, la société n’a plus retrouvé son<br />

gui<strong>de</strong> dans l’Eglise, ni l’Eglise son image dans la société» (Etu<strong>de</strong> sur les barbares et le moyen âge, p. 374-375).<br />

CHAPITRE V - LA RÉVOLUTION INSTITUE LE NATURALISME<br />

Le protest<strong>anti</strong>sme avait échoué; la France, après les guerres <strong>de</strong> religion, était restée catholique. Mais un mauvais levain<br />

avait été déposé en son sein. Sa fermentation produisit, outre la corruption <strong>de</strong>s moeurs, trois toxiques d’ordre intellectuel<br />

: le gallicanisme, le jansénisme et le philosophisme. Leur action sur l’organisme social amena la Révolution, second<br />

et bien plus terrible assaut porté à la civilisation <strong>chrétienne</strong>.<br />

Ainsi que le démontrera la conclusion <strong>de</strong> ce livre, tout le mouvement imprimé à la chrétienté par la Renaissance,<br />

la Réforme et la Révolution est un effort satanique pour arracher l’homme à l’ordre surnaturel établi par Dieu à l’origine et<br />

restauré par Notre-Seigneur Jésus-Christ au milieu <strong>de</strong>s temps, et le confiner dans le naturalisme.<br />

Comme tout était chrétien dans la constitution française, tout était à détruire. <strong>La</strong> Révolution s’y employa consciencieusement.<br />

En quelques mois, elle fit table rase du gouvernement <strong>de</strong> la France, <strong>de</strong> ses lois et <strong>de</strong> ses institutions. Elle voulait<br />

« façonner un peuple nouveau » : c’est l’expression qu’on retrouve, à chaque page, sous la plume <strong>de</strong>s rapporteurs <strong>de</strong> la<br />

Convention; bien mieux « refaire l’homme » lui-même.<br />

Aussi, les Conventionnels, conformément à la conception nouvelle que la Renaissance avait donnée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées<br />

humaines, ne bornèrent point leur ambition à la France; ils voulurent inoculer la folie révolutionnaire aux peuples voisins,<br />

à tout l’univers. Leur ambition était <strong>de</strong> renverser l’édifice social pour le rebâtir à neuf. « <strong>La</strong> R évolution, disait Thuriot à<br />

l’Assemblée législative, en 1792, n’est pas seulement pour la France; nous en sommes comptables à l’humanité. »<br />

Siéyès avait dit avant lui, en 1788 : « Elevons-nous tout d’un coup à l’ambition <strong>de</strong> vouloir nous-mêmes servir d’exemple<br />

aux nations (Qu’est ce le tiers état ?). Et Barrère, au moment où les Etats-Généraux se réunissaient à Versailles : « Vous<br />

êtes, dit-il, appelés à recommencer l’histoire. »<br />

On voit le chemin qu’a fait l’idée <strong>de</strong> la Renaissance; combien à la Révolution elle se montrait plus achevée dans son<br />

développement et plus audacieuse dans son entreprise qu’elle n’avait parue, <strong>de</strong>ux siècles auparavant, dans la Réforme.<br />

Dans son numéro d’avril 1896, Le Mon<strong>de</strong> maçonnique disait « Quand ce qui a été longtemps regardé comme un idéal<br />

se réalise, les horizons plus larges d’un idéal nouveau offrent à l’activité humaine, toujours en marche vers un meilleur<br />

avenir, <strong>de</strong> nouveaux champs d’exploration, <strong>de</strong> nouvelles con quêtes à faire, <strong>de</strong> nouvelles espérances à poursuivre. »<br />

Cela est vrai dans la voie du bien. Comme le dit le Psalmiste, le juste a disposé dans son coeur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés pour<br />

s’élever jusqu’à la perfection qu’il ambitionne (Ps LXXXIII. 6. 7). Cela est également vrai dans la voie du mal.<br />

Les hommes <strong>de</strong> la Renaissance ne portèrent pas leurs vues - du moins tous - aussi loin que ceux <strong>de</strong> la Réforme. Les<br />

hommes <strong>de</strong> la Réforme furent dépassés par ceux <strong>de</strong> la Révolution. <strong>La</strong> Renaissance avait déplacé le lieu du bonheur et<br />

changé ses conditions; elle avait déclaré le voir en ce bas mon<strong>de</strong>. L’autorité religieuse restait pour dire « Vous vous<br />

trompez; le bonheur est dans le Ciel. » <strong>La</strong> Réforme écarta l’autorité; mais elle gardait le livre <strong>de</strong>s Révélations divines, qui<br />

continuait à t enir le même langage. Le Philosophisme nia que Dieu n’eût jamais parlé aux hommes, et la Révolution<br />

s’efforça <strong>de</strong> noyer ses témoins dans le sang, afin <strong>de</strong> pouvoir établir librement le culte <strong>de</strong> la nature.<br />

Le Journal <strong>de</strong>s Débats, en l’un <strong>de</strong> ses numéros d’avril 1852, reconnaissait cette filiation : « Nous sommes révolutionnaires;<br />

mais nous sommes les fils <strong>de</strong> la Renaissance et <strong>de</strong> la philosophie avant d’être fils <strong>de</strong> la Révolution. »<br />

1 Les protestants n’étaient que quatre cent mille en 1558. C’est le chiffre que donne l’historien protestant Ranke. Castelnau, témoin<br />

bien renseigné, va plus loin; il affirme que les protestants étaient au reste <strong>de</strong> la nation dans la proportion <strong>de</strong> 1 à 100. C’est pour cette<br />

poignée <strong>de</strong> calvinistes que les catholiques virent leur pays ravagé pendant cinquante ans.<br />

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