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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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droits <strong>de</strong> l’homme. Bien d’autres fêtes Furent sinon instituées et célébrées, du moins décrétées ou proposées.<br />

Comme couronnement fut inventé un calendrier républicain fondé tout entier sur l’agriculture. C’était une consécration<br />

solennelle du nouveau culte, le culte <strong>de</strong> la Nature.<br />

Tel était l’aboutissement fatal <strong>de</strong>s idées que la Renaissance avait semées dans les esprits. <strong>La</strong> Réforme en avait essayé<br />

une réalisation timi<strong>de</strong>, imparfaite; elle s’était contentée d’abâtardir le christianisme; la Révolution l’ané<strong>anti</strong>t autant<br />

qu’il était en elle, et sur ses ruines éleva <strong>de</strong>s autels à la Raison et à la Volupté.<br />

On sait où conduisit le naturalisme qui, dans la pensée <strong>de</strong> ses promoteurs, <strong>de</strong>vait exalter la dignité <strong>de</strong> l’homme. Barbé-Marbois,<br />

dans son rapport au Conseil <strong>de</strong>s Anciens, dénonçait la jeunesse scolaire comme « dépassant dans ses excès<br />

toutes les limites, et jusqu’à celles que la nature elle-même semble avoir assignées aux désordres <strong>de</strong> l’enfance. » Et<br />

à l’autre extrémité <strong>de</strong> la vie, tous les documents <strong>de</strong> l’époque nous montrent les trépassés livrés à « d’impurs fossoyeurs<br />

», les familles s’habituant à « considérer les restes d’un époux, d’un père, d’un enfant, d’un frère, d’une soeur, d’un ami,<br />

comme ceux <strong>de</strong> tout autre animal dont on se débarrasse. » En 1800, le citoyen Cambry, chargé par l’administration centrale<br />

<strong>de</strong> la Seine <strong>de</strong> faire un rapport sus l’état <strong>de</strong>s sépultures à Paris, ne crut pouvoir le publier qu’en latin, tant il y avait<br />

<strong>de</strong> honte dans ces funérailles barbares. Souvent les corps étaient donnés en pâture aux chiens.<br />

Tous ceux qui avaient gardé quelque honnêteté s’épouvantaient du désordre <strong>de</strong>s moeurs ainsi arrivé à son comble.<br />

Avec la ruine <strong>de</strong>s moeurs et l’abolition du culte chrétien étaient venues la banqueroute et la misère.<br />

Tel fut l’issue <strong>de</strong> la civilisation mo<strong>de</strong>rne en son premier essai. Celui auquel nous sommes actuellement livrés n’aura<br />

point une meilleure fin.<br />

Ruine, misère, désordre moral, ne pouvaient toujours durer et s’aggraver. Le cri public réclamait le rétablissement du<br />

culte catholique. Il n’avait jamais cessé d’être pratiqué au mépris <strong>de</strong> la vie. Des prêtres étaient restés au milieu <strong>de</strong>s populations,<br />

qui s’exposaient à tous les périls pour favoriser l’exercice clan<strong>de</strong>stin du saint ministère.<br />

En 1800, l’oeuvre <strong>de</strong> restauration s’imposait, toutes les créations <strong>de</strong>stinées à remplacer le christianisme étaient tombées<br />

dans un discrédit absolu et universel. Les Conseils généraux étaient unanimes à le reconnaître et à le déclarer1.<br />

Napoléon vint. S’il rétablit, <strong>de</strong> concert avec Pie VII, l’Eglise <strong>de</strong> France, il prit ses mesures, - par les articles organiques,<br />

l’institution <strong>de</strong> l’Université, le Co<strong>de</strong> civil, etc., - pour que la civilisation <strong>chrétienne</strong> ne pût reprendre son entier empire sur<br />

les âmes et qu’elle ne fût point restaurée dans les institutions.<br />

Il ne fit, comme on l’a fort bien dit, qu’endiguer la Révolution.<br />

<strong>La</strong> Révolution put donc reprendre son cours avec une sorte <strong>de</strong> régularité qu’elle veut gar<strong>de</strong>r jusqu’à ce que soit venu<br />

le moment d’un renversement complet et cette fois définitif, croit-elle, <strong>de</strong> la civilisation <strong>chrétienne</strong> et <strong>de</strong> tout ce qui a été<br />

édifié sur le Christ, pour établir sur les ruines <strong>de</strong> l’ordre surnaturel, le règne du naturalisme, la déification <strong>de</strong> l’homme.<br />

CHAPITRE VI - LA RÉVOLUTION, UNE DES ÉPOQUES DU MONDE<br />

Aux débuts du XIXe, siècle, on pouvait croire que la Révolution française avait été principalement une révolution politique<br />

et que cette révolution accomplie, la société allait reprendre son assiette. On ne peut plus avoir cette illusion aujourd'hui,<br />

même à ne considérer la Révolution que dans sa première pério<strong>de</strong>. Comme l'a dit M. Brunetière : « <strong>La</strong> gr an<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong>s événements y débor<strong>de</strong> et y dépasse en tous sens la médiocrité <strong>de</strong> ceux qui s'en croient ou qu'on en croit les auteurs.<br />

<strong>La</strong> disproportion est prodigieuse entre l'oeuvre et les ouvriers. Un courant plus fort qu'eux les entraîne, les emporte, les<br />

roule, les brise... et continue <strong>de</strong> couler. »<br />

Lorsque le duc <strong>de</strong> la Rochefoucault-Liancourt réveilla Louis XVI pour lui annoncer la prise <strong>de</strong> la Bastille, le roi <strong>de</strong>manda<br />

: « C'est donc une révolte ?» Le duc répondit : « Non, sire, c'est une révolution ». Il ne dit point assez, c'était non une<br />

révolution, mais la RÉVOLUTION qui surgissait.<br />

Ce qui apparaît à première vue dans la Révolution, ce que <strong>de</strong> Maistre y vit et y signala dès le jour où il se mit à la considérer,<br />

et ce que nous voyons à l'heure actuelle avec plus d'évi<strong>de</strong>nce encore, c'est l'ANTICHRISTIANISME. <strong>La</strong> Révolution<br />

consiste essentiellement dans la révolte contre le Christ, et même la révolte contre Dieu, bien plus, la négation <strong>de</strong><br />

Dieu. Son but suprême est <strong>de</strong> soustraire l'homme et la société au surnaturel. Le mot LIBERTÉ, dans sa bouche, n'a point<br />

d'autre signification : liberté pour la nature humaine d'être à elle, comme Satan a voulu être à lui et cela, comme nous<br />

l'expliquerons plus loin, à l'instigation <strong>de</strong> Lucifer qui veut recouvrer la suprématie que la supériorité <strong>de</strong> sa nature lui donnait<br />

sur la nature humaine, et dont l'a évincé l'élévation du chrétien à l'ordre surnaturel. Et c'est pour quoi J. <strong>de</strong> Maistre a<br />

très justement caractérisé la Révolution par ce mot « satanique ».<br />

« Sans doute, la Révolution française a parcouru une pério<strong>de</strong> dont tous les moments ne se ressemblent pas; cependant,<br />

son caractère général n'a point varié, et dans son berceau même elle prouva ce qu'elle <strong>de</strong>vait être. » « Il y a dans la<br />

Révolution un caractère satanique qui la distingue <strong>de</strong> tout ce qu'on a vu et peut-être <strong>de</strong> tout ce qu'on verra. Elle est satanique<br />

dans son essence » (Œuvres complètes <strong>de</strong> J. <strong>de</strong> Maistre, t. I, pp. 51, 52. 55, 303).<br />

Pie IX, en 1849, a dit, - nous avons déjà rappelé ces paroles - avec plus d'autorité encore : « <strong>La</strong> Révolution est inspirée<br />

par Satan lui-même; son but est <strong>de</strong> détruire <strong>de</strong> fond en comble l'édifice du christianisme, et <strong>de</strong> reconstruire sur ses<br />

ruines l'ordre social du paganisme. »<br />

Après nos désastres <strong>de</strong> 1870-1871, M. <strong>de</strong> Saint-Bonnet disait : « <strong>La</strong> France travaille <strong>de</strong>puis un siècle à évincer <strong>de</strong><br />

toutes ses institutions Celui à qui elle doit Tolbiac, Poitiers, Bouvines et Denain, c'est-à dire Celui à qui elle doit son territoire,<br />

son existence ! Pour lui marquer toute sa haine, pour lui taire l'injure <strong>de</strong> l'expulser <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> nos villes, la secte<br />

excite, <strong>de</strong>puis 1830, une presse odieuse à guetter l'époque <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> ce « Christ qui aime les Francs », <strong>de</strong> Celui qui<br />

s'est fait « Homme pour sauver l'homme, qui s'est fait Pain pour le nourrir ! » Et il conclut : « Et la France <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la<br />

cause <strong>de</strong> ses malheurs ! »<br />

A la haine du Christ que l'on n'eût point crue possible au sein du christianisme, se joint la révolte directe contre Dieu2 .<br />

1 Analyse <strong>de</strong>s procès verbaux <strong>de</strong>s Conseils généraux <strong>de</strong>s départements pour l’an VIII et l’an IX. Bibl. nationale.<br />

2 Dans une <strong>de</strong> ses lettres à d'Alembert, Voltaire assigne pour caractère spécial à Damilaville <strong>de</strong> « haïr Dieu » et <strong>de</strong> travailler à le faire<br />

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