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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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même, il le circonvenait. Il avait placé près <strong>de</strong> Louis XV un mé<strong>de</strong>cin, Quesnay, qui sut si bien s’emparer <strong>de</strong> la direction<br />

<strong>de</strong>s idées du roi que celui-ci l’appelait son « penseur ». Et le moyen choisi par le penseur pour s’immiscer dans l’esprit du<br />

roi était celui employé par les économistes: appeler son attention sur ce qui pouvait faire le bonheur du peuple.<br />

D’Alembert fut chargé ou se chargea <strong>de</strong> recruter <strong>de</strong> jeunes a<strong>de</strong>ptes. « Tâchez, lui écrivait Voltaire, tâchez, <strong>de</strong> votre<br />

côté, d’éclairer la jeunesse autant que vous le pourrez (15 septembre 1762). » Jamais mission ne fut remplie avec plus<br />

d’adresse, <strong>de</strong> zèle et d’activité. D’Alembert s’établit le protecteur <strong>de</strong> tous les jeunes gens qui vinrent à Paris avec quelque<br />

talent et quelque fortune. Il se les attachait par les couronnes, les prix, les fauteuils académiques dont il disposait à peu<br />

près souverainement, soit comme secrétaire perpétuel, soit par ses intrigues. Son influence et ses manoeuvres en ce<br />

genre, s’étendaient bien au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> Paris. « Je viens, écrivait-il à Voltaire <strong>de</strong> faire entrer à l’académie <strong>de</strong> Berlin, Helvétius<br />

et le chevalier <strong>de</strong> Jaucourt. » Il donnait <strong>de</strong>s soins tout particuliers à ceux qu’il <strong>de</strong>stinait à former d’autres a<strong>de</strong>ptes en leur<br />

faisant confier les fonctions <strong>de</strong> professeurs ou <strong>de</strong> précepteurs. II réussit à en placier dans toutes les provinces <strong>de</strong><br />

l’Europe et tous le tinrent au courant <strong>de</strong> leur propagan<strong>de</strong> philosophique. « Voilà, mon cher philosophe, écrivait-il à Voltaire<br />

dans la joie <strong>de</strong> sa méchante âme, voilà ce qui a été prononcé à Cassel le 8 avril (1772) en présence <strong>de</strong> <strong>Mgr</strong> le landgrave<br />

<strong>de</strong> Hesse-Cassel, <strong>de</strong> six princes <strong>de</strong> l’empire et <strong>de</strong> la plus nombreuse assemblée par un professeur d’histoire que<br />

j’ai donné à <strong>Mgr</strong> le landgrave. » <strong>La</strong> pièce envoyée était un discours plein d’invectives contre l’Eglise et le clergé.<br />

C’était surtout auprès <strong>de</strong>s jeunes princes <strong>de</strong>stinés à gouverner les peuples qu’il importait aux conjurés <strong>de</strong> placer <strong>de</strong>s<br />

instituteurs initiés aux mystères.<br />

Leur correspondance montre leur attention à ne pas négliger un moyen si puissant. Ils usèrent <strong>de</strong> tous les artifices<br />

pour mettre auprès <strong>de</strong> l’héritier <strong>de</strong> Louis XVI un prêtre disposé à inspirer leurs principes à son illustre élève, comme ils<br />

avaient réussi à placer l’abbé Condillac auprès <strong>de</strong> l’Infant <strong>de</strong> Parme1. Cependant il ne fut pas donné aux conjurés <strong>de</strong> voir<br />

le philosophisme assis sur le trône <strong>de</strong>s Bourbons comme il l’était sur les trônes du Nord. Mais Louis XV, sans être impie,<br />

sans pouvoir être compté au nombre <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes, n’en fut pas moins une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s causes du progrès <strong>de</strong> la conjuration<br />

<strong>anti</strong><strong>chrétienne</strong>. Il lie fut par la dissolution <strong>de</strong> ses moeurs et la publicité <strong>de</strong> ses scandales. De plus, Louis XV s’entoura<br />

ou se laissa entourer <strong>de</strong> ministres sans foi, qui eurent <strong>de</strong>s rapports intimes avec Voltaire et ses conjurés.<br />

Barruel consacre les chapitre XII à XVI <strong>de</strong> son premier volume à faire connaître les conquêtes qu’ils firent parmi les<br />

têtes couronnées, les princes et les princesses, les ministres, les grands seigneurs, les magistrats, les gens <strong>de</strong> lettres, et<br />

enfin, hélas !... dans le clergé2. Il est vrai <strong>de</strong> dire que tes conjurés tirés du corps ecclésiastique étaient presque tous <strong>de</strong><br />

ceux que l’on appelait les « abbés <strong>de</strong> cour ». Barruel rend un hommage bien mérité à l’ensemble du clergé <strong>de</strong> France à<br />

la veille <strong>de</strong> la Révolution. Il loue particulièrement les ecclésiastiques qui, par leurs écrits, s’efforcèrent d’entraver la corruption<br />

<strong>de</strong>s esprits si ar<strong>de</strong>mment poursuivie par les conjurés.<br />

CHAPITRE XII - LA FRANC-MAÇONNERIE AU XVIIIe SIECLE<br />

ciété <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> France, d’après le manuscrit inédit <strong>de</strong> la <strong>Bibliothèque</strong> nationale par A. <strong>de</strong> la Villegille (Paris, chez Jules Renouard<br />

et Cie, rue <strong>de</strong> Tournoin, 6, MDCCCXLIX. On y voit comment les princes étaient particulièrement recherchés par les chefs <strong>de</strong> la Francmaçonnerie<br />

: « Nos seigneurs <strong>de</strong> la Cour ont inventé tout nouvellement un ordre appelé <strong>de</strong>s Frimasons, à l’exemple <strong>de</strong> l’Angleterre, où<br />

il y a aussi différents ordres <strong>de</strong> particuliers et nous ne tar<strong>de</strong>rons pas à imiter les impertinences étrangères. Dans cet ordre étaient enrôlés<br />

quelques-uns <strong>de</strong> nos secrétaires d’Etat et plusieurs ducs et seigneurs. On ne sait quoi que ce soit <strong>de</strong>s statuts, <strong>de</strong>s règles et <strong>de</strong><br />

l’objet <strong>de</strong> cet ordre nouveau. Ils s’assemblaient, recevaient <strong>de</strong> nouveaux chevaliers, et la première règle était un secret inviolable pour<br />

tout ce qui se passait. Comme <strong>de</strong> pareilles assemblées, aussi secrètes, sont très dangereuses dans un Etat, étant composées <strong>de</strong> seigneurs,<br />

surtout dans les circonstances du changement qui vient d’arriver dans le ministère, le cardinal Fleury a cru <strong>de</strong>voir étouffer cet<br />

ordre <strong>de</strong> chevalerie dans sa naissance, et il a fait défense à tous ces messieurs <strong>de</strong> s’assembler et <strong>de</strong> tenir <strong>de</strong> pareils chapitres ».T. II,<br />

mars 1737, p. 448.)<br />

En 1738, parut à Dublin un livre que la F.-M. publia spécialement pour la France. Le titre en est : Relation apologique et historique <strong>de</strong><br />

la Société <strong>de</strong>s Francs-Maçons, par S. G. D. M. F. M. Cette apologie fut condamnée par le St Siège en février 1739. Clément XII venait<br />

<strong>de</strong> lancer la première bulle papale contre la F. M..; le cardinal Fleury avait donné au général <strong>de</strong> police Hérault l’ordre <strong>de</strong> faire une enquête<br />

dans les assemblées <strong>de</strong>s Free-Mason et le 14 septembre 1737, une sentence <strong>de</strong> police avait prohibé leurs réunions. L’attention<br />

<strong>de</strong>s Pouvoirs spirituels et temporels était appelée sur la secte. Le pouvoir civil qui avait en mains les moyens <strong>de</strong> coercition ne sut point<br />

aller jusqu’au bout.<br />

1<br />

Le grand duc Nicolas Mikhaïlowitch <strong>de</strong> Russie vient <strong>de</strong> publier un livre, Comte Paul Stroganow. Stroganow fut confié par sa famille<br />

aux soins du futur conventionnel et régici<strong>de</strong> Romme, comme Alexandre Ier, dont il <strong>de</strong>vint l’ami et le conseiller, eut pour précepteur<br />

l’illuminé <strong>La</strong> Harpe. Romme emmena son élève en France et ne lui laissa pas manquer une seule séance <strong>de</strong> la Constituante, « la meilleure<br />

école <strong>de</strong> droit public ». En janvier 1790, Romme fon<strong>de</strong> un club la « Société <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> la loi »; il y fait entrer son élève à qui il<br />

donne dès lors le nom <strong>de</strong> Paul Otcher. Le 7 août 1799, Paul Otcher est reçu membre du club <strong>de</strong>s Jacobins. Catherine, avertie par son<br />

ambassa<strong>de</strong>ur, rappelle alors Stroganow qui dut rentrer en Russie.<br />

2<br />

Le F.J. Emile Daruty a intercalé dans un <strong>de</strong> ses ouvrages, un TABLEAU DES OFFICIERS ET MEMBRES DU GRAND ORIENT DE<br />

FRANCE, en 1787.<br />

Cette liste comprenait : 1 prince du sang : le duc d’Orléans, Grand-Maître; 2 ducs : le duc <strong>de</strong> Luxembourg, Administrateur Général; le<br />

duc <strong>de</strong> Crussol, Grand Conservateur <strong>de</strong> l’Ordre en France; treize prêtres, religieux Officier : Honoraire: Pingré (abbé Alexandre Guy)<br />

membre <strong>de</strong> l’Académie Royale <strong>de</strong>s Sciences, bibliothécaire <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Sainte-Geneviève; - Officiers en exercice: Beau<strong>de</strong>au (abbé),<br />

prévôt mitré <strong>de</strong> Vidzini, vicaire-général et plénipotentiaire du Prince Evêque <strong>de</strong> Vina; Coquelin (abbé), chanoine <strong>de</strong> l’église Royale<br />

<strong>de</strong> Saint-Aubin, <strong>de</strong> Crespy en Valois; - Sauvine (abbé); Vermondans (abbé), aumônier du Roi!!! Députés non dignitaires : Baudot, religieux<br />

bénédictin; Bertolio (abbé Antoine René Constance) substitut du Grand Maître du Rite Ecossais Philosophique en 1776; Champagne<br />

(abbé Jean François), professeur-fondateur du collège Louis-le Grand; - Expilly (abbé Jean Joseph d’); - Guessier <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> Longpré, prêtre, docteur en théologie; - LeFebvre (abbé). procureur-général <strong>de</strong> l’abbaye royale <strong>de</strong> Sainte-Geneviève; - Robin, religieux<br />

bénédictin; l’un <strong>de</strong>s fondateurs <strong>de</strong> la loge Les Neuf Soeurs, dont il faisait encore partie en 1806 et Tavernier (abbé), chanoine <strong>de</strong><br />

l’église <strong>de</strong> Meaux (op. cit., pages 161 à 169 inclusivement).<br />

Il n’est pas sans intérêt <strong>de</strong> remarquer que l’Aumônier <strong>de</strong> Louis XVI, l’abbé <strong>de</strong> Vermondans, était, en 1787, Officier du Grand Orient <strong>de</strong><br />

France. L’infortuné monarque était donc, <strong>de</strong> toutes parts, environné <strong>de</strong> Francs-Maçons, <strong>de</strong> ces Franc-maçon dont les représentants<br />

s’étaient joints aux Illuminés, comme on le verra plus loin, pour voter sa mort au Convent <strong>de</strong> Wilhelmsbad !<br />

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