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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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seraient abolis.<br />

Le haut franc-maçon Decazes qui prenait <strong>de</strong> jour en jour plus d’influence sur le roi, démontra que le Souverain Pontife<br />

exigeait beaucoup trop et qu’en particulier il n’était pas possible <strong>de</strong> laisser supprimer ainsi les articles organiques, principale<br />

gar<strong>anti</strong>e <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong>s libertés gallicanes1.<br />

<strong>La</strong> Chambre <strong>de</strong> 1815, la Chambre introuvable2, favorisait les bonnes dispositions du roi. Mais la maçonnerie veillait.<br />

Elle avait su placer près du souverain, faire entrer dans son intimité l’un <strong>de</strong>s siens, Decazes comman<strong>de</strong>ur du suprême<br />

conseil du 3 3e <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> l’Ecossisme. Chassé du m inistère après la mort du duc <strong>de</strong> Berry, il se mit à l a tête <strong>de</strong><br />

l’opposition.<br />

C’est alors que surgit, du sein <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie, une autre société plus secrète, avec <strong>de</strong>s serments plus terribles<br />

et <strong>de</strong>s sanctions inéluctables, le carbonarisme. Venu <strong>de</strong> l ’Italie, il se répandit avec une étonnante rapidité dans<br />

toute l’Europe. En France, il organisa les conspirations militaires <strong>de</strong> Belfort, <strong>de</strong> Saumur, la Rochelle, etc., qui purent être<br />

heureusement déjouées3.<br />

Les loges se multipliaient; on y faisait entrer les officiers en <strong>de</strong>mi-sol<strong>de</strong>, les acquéreurs <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> la noblesse et du<br />

clergé. Le Grand Orient faisait rechercher en quels lieux ils se trouvaient en nombre suffisant pour former une loge; il leur<br />

envoyait un vénérable, étranger au pays; le vénérable s’installait au milieu d’eux, et par eux répandait dans la population<br />

les idées maçonniques, donnait le mot d’ordre toutes les fois qu’il y avait une mesure à prendre ou à faire prendre, dans<br />

les conseils communaux ou départementaux, pour arriver à opprimer l’Eglise avec sagesse et avec art.<br />

En même temps, la tribune et la presse menaient campagne contre la Restauration. Elles ne cessaient d’opposer<br />

l’immortel 89 à l ’ancien régime relevé, la liberté au <strong>de</strong>spotisme, la démocratie à l ’autocratie, la révolution à la contrerévolution.<br />

Tandis que les esprits étaient ainsi travaillés, le carbonarisme s’armait, et préparait les hommes <strong>de</strong> désordre à agir<br />

quand serait jugée opportune l’heure d’une nouvelle révolution. <strong>La</strong> loge <strong>de</strong>s Amis <strong>de</strong> la Vérité organisa l’émeute <strong>de</strong> juin<br />

1820. Ce fut elle qui organisa aussi le complot militaire du 19 août.<br />

Cependant Charles X avait succédé à Louis XVIII. Malgré les difficultés dont la secte embarrassait son gouvernement,<br />

le peuple était heureux. L’un <strong>de</strong>s plus tenaces adversaires <strong>de</strong> l’Eglise, l’un <strong>de</strong>s révolutionnaires les plus décidés, Henri<br />

Beyle, pseudonyme Stendhal, nous en est un témoin irrécusable. Forcé par l’évi<strong>de</strong>nce, il caractérise ainsi ce règne « Il<br />

faudra peut-être <strong>de</strong>s siècles à la plupart <strong>de</strong>s peuples <strong>de</strong> l’Europe pour atteindre au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> bonheur dont la France jouit<br />

sous le règne <strong>de</strong> Charles X» (Promena<strong>de</strong>s dans Rome, 1 ère série, p. 27, 185. En même temps, elle rentrait en possession<br />

<strong>de</strong> sa prééminence eu Europe et dans le mon<strong>de</strong> l’Algérie était conquise, l’alliance avec la Russie allait nous donner la<br />

frontière du Rhin sans effusion <strong>de</strong> sang.<br />

On a pu dire que l’histoire n’offre peut-être pas d’oeuvre plus extraordinaire que celle du gouvernement <strong>de</strong> la Restauration<br />

qui en si peu d’années sut réparer les ruines matérielles et morales faites par la Révolution et rétablir le pays dans<br />

sa force et son prestige.<br />

Malgré cela, ou plutôt à cause <strong>de</strong> cela même, le noble vieillard est entouré <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> pièges qu’il lui est impossible<br />

d’échapper à tous, il n’a que le choix <strong>de</strong>s fautes. On lui arrache <strong>de</strong>s mesures qui font saigner son coeur <strong>de</strong> Fils aîné <strong>de</strong><br />

l’Eglise, qu’il voulait être non seulement <strong>de</strong> nom mais en réalité. Toutes les franchises <strong>de</strong> la charte sont employées à démolir<br />

le trône. Il cè<strong>de</strong> sur un point, sur un autre, et il finit par dire : « Je suis confirmé dans la foi <strong>de</strong> toute ma vie : toute<br />

concession aux libéraux est inutile. » i l aurait pu di re « f uneste ». Que <strong>de</strong> fois, en ces <strong>de</strong>rnières années, l’Eglise <strong>de</strong><br />

France a pu se convaincre <strong>de</strong> cette vérité !<br />

En s’appuyant loyalement sur l’article 14 <strong>de</strong> la Charte, Charles X signe, le 25 juillet 1830, <strong>de</strong>s ordonnances auxquelles<br />

ne sont contraires ni le texte, ni l’esprit <strong>de</strong> cet acte. Elles réglementent la liberté <strong>de</strong> la presse, elles ten<strong>de</strong>nt à réprimer les<br />

plus criants abus. Au lieu d’être acceptés comme un bienfait, elles sont le signal <strong>de</strong> la révolution que la secte préparait <strong>de</strong><br />

longue main, <strong>de</strong> concert avec celui qu’elle avait choisi pour en bénéficier.<br />

Deschamps et Claudio Jannet montrent, en s’appuyant sur documents (Les Sociétés secrètes et la Société, liv. II, ch.<br />

VIII, § 5), que les principaux acteurs <strong>de</strong> « la comédie <strong>de</strong> quinze ans4 » étaient tous francs-maçons. C’est un franc-maçon<br />

qui y mit fin. Au moment décisif, quand Charles X était entouré <strong>de</strong> troupes fidèles à RambouiIlet, et avait toute facilité <strong>de</strong><br />

réprimer la révolte et <strong>de</strong> rentrer en maître dans la capitale, c’est le maréchal Maison qui, par la plus odieuse trahison du<br />

serment militaire, consomma l’oeuvre <strong>de</strong> la révolution. Louis Blanc en donne <strong>de</strong>s preuves qui ne permettent point le doute<br />

(Histoire <strong>de</strong> dix ans, 4e édit., t. I, pp. 422 à 431). Les conjurés ne purent contenir leur joie et la manifestation <strong>de</strong>s espérances<br />

que la chute du trône leur faisait concevoir. Aussitôt qu’il vit la famille royale sur la route <strong>de</strong> l’exil, M. <strong>de</strong> Barante<br />

écrivit à sa femme « Ils sont partis. Je crois que nous allons marcher» (Souvenirs du baron <strong>de</strong> Barante, III, 571). Un ins-<br />

1<br />

<strong>La</strong> Restauration <strong>de</strong>manda et obtint le rétablissement <strong>de</strong> vingt-<strong>de</strong>ux évêchés.<br />

2<br />

Ce nom d’introuvable fut donné à cette Chambre par Louis XVIII comme un éloge, à cause <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong> principes entre elle<br />

et la royauté.<br />

3<br />

Une loge, dite <strong>de</strong>s « amis <strong>de</strong> la vérité », dit Louis Blanc, s’était recrutée dans les écoles <strong>de</strong> droit, <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, <strong>de</strong> pharmacie et chez<br />

<strong>de</strong>s jeunes gens voués à. l’apprentissage du commerce. » C’est <strong>de</strong> cette loge que le carbonanisme, dont nous aurons à parler,<br />

s’étendit à toute la France. Elle en avait reçu les statuts <strong>de</strong> Naples. Clavel avoue que les « Amis <strong>de</strong> la vérité » furent les premiers à<br />

prendre les armes à. la révolution <strong>de</strong> juillet.<br />

4<br />

« Il y a eu comédie pendant quinze ans, écrit le Globe, sans vergogne, le 22 avril 1831. Car ceux <strong>de</strong>s libéraux d’alors qui ne conspiraient<br />

pas, soit qu’on eût craint leur légèreté, soit qu’eux-mêmes se fussent refusés à jouer si gros jeu, les Benjamin Constant, les Casimir<br />

Périer et mille autres, savaient, au moins, à n’en pas douter, que l’on conspirait, qu’il existait <strong>de</strong>s carbonari organisés en ventes;<br />

ils sympathisaient avec les conspirateurs, souhaitaient le succès <strong>de</strong> leur entreprise, et cependant ils juraient leurs grands dieux qu’il n’y<br />

avait <strong>de</strong> complots et <strong>de</strong> comité directeur que dans l’imagination mala<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> la droite; ils accusaient chau<strong>de</strong>ment la police,<br />

leur bête noire alors, d’être les agents provocateurs <strong>de</strong> basses intrigues, pour compromettre <strong>de</strong>s citoyens innocents et paisibles. » Un<br />

peu plus loin, le journaliste interpelle le prési<strong>de</strong>nt du Conseil, Casimir Périer, et lui dit qu’il « <strong>de</strong>vrait bien savoir que M. Barthe, son collègue<br />

(alors ministre <strong>de</strong> la justice), a figuré dans la charbonnerie et ne s’en cache pas ». Tout l’article est sur ce ton, et le journaliste<br />

n’hésite pas à déclarer que la comédie dure encore, avec d’autres personnages, à l’heure où il écrit et qu’elle se prolongera sous le<br />

règne <strong>de</strong> Louis-Philippe.<br />

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