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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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pouvoir temporel <strong>de</strong>s Papes il avait « bien d’autres vues ». Parlant <strong>de</strong> la proposition qu’il avait faite d’un autre Concordat<br />

« J’avais mon but, dit-il, et il ne le connaissait pas »; et, après que la signature en eût été arrachée à la faiblesse d’un<br />

vieillard épuisé <strong>de</strong> force et terrorisé ; « Toutes mes gran<strong>de</strong>s vues, s’écrie-t-il, s’étaient accomplies sous le déguisement et<br />

le mystère.. J’allais relever le Pape outre mesure, l’entourer <strong>de</strong> pompes et d’hommages, j’en aurais fait une idole, il fût<br />

<strong>de</strong>meuré près <strong>de</strong> moi, Paris fût <strong>de</strong>venu la capitale du mon<strong>de</strong> chrétien, et j’aurais dirigé le inon<strong>de</strong> religieux ainsi que le<br />

mon<strong>de</strong> politique. »<br />

Le concordat suivi <strong>de</strong>s articles organiques et l’emprisonnement <strong>de</strong> Pie VII à Savone et à Fontainebleau sont les fruits<br />

concordants <strong>de</strong> cette même pensée. Ces actes s’enchaînent, ils sont la réalisation partielle et successive du plan unique<br />

conçu par la Révolution. <strong>La</strong> doctrine révolutionnaire proclame l’omnipotence <strong>de</strong> l’Etat; elle ne peut admettre l’existence<br />

d’un pouvoir spirituel indépendant et supérieur, tel que l ’Eglise. Comment l’abattre? L’Etat va commencer par s’unir à<br />

l’Eglise et se servir <strong>de</strong> cette union pour l’asservir; puis quand il la croira assez affaiblie pour ne pouvoir plus vivre par<br />

el1e-même, il se séparera <strong>de</strong> nouveau d’elle; espérant que, privée <strong>de</strong> son soutien, elle périra. Napoléon, - ces paroles et<br />

ces actes le prouvent, - a voulu, en faisant le Concordat, asservir l’Eglise à son pouvoir absolu. Quand il crut le moment<br />

venu, il épuisa toutes les ressources <strong>de</strong> la ruse et <strong>de</strong> la violence pour s’emparer du pouvoir spirituel, ne craignant même<br />

pas, pour y arriver, d’affaiblir secrètement le Pape par <strong>de</strong>s breuvages <strong>de</strong> morphine.<br />

Pour pouvoir diriger le mon<strong>de</strong> religieux dans les voies qui <strong>de</strong>vaient amener « la régénération du siècle »; il n’était pas<br />

moins nécessaire <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong>s esprits que <strong>de</strong> réduire le Pape à l’état d’idole. Napoléon le comprenait<br />

bien. Dans ce but, il voulut supprimer la presse religieuse pour la réorganiser à sa façon: « Mon intention, écrit-il à Fouché,<br />

ministre <strong>de</strong> la police, est que les journaux ecclésiastiques cessent <strong>de</strong> paraître, et qu’ils soient réunis dans un seul<br />

journal, qui se chargera <strong>de</strong> tous les abonnés. Ce journal <strong>de</strong>vant servir à l’instruction <strong>de</strong>s ecclésiastiques s’appellera Journal<br />

<strong>de</strong>s Curés. Les rédacteurs en seront nommés par le cardinal-archevêque <strong>de</strong> Paris.<br />

C’est dans la même pensée qu’il institua l’Université et lui donna le monopole <strong>de</strong> l’enseignement. Le F. Fontanes, futur<br />

grand-maître <strong>de</strong> l’Université, interrogé sur la note <strong>de</strong> M. Champagny qui avait conclu à la reconstitution <strong>de</strong> l’Oratoire,<br />

<strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>s Bénédictins <strong>de</strong> S aint-Maur et <strong>de</strong>s congrégations <strong>de</strong> la doctrine <strong>chrétienne</strong>, répondit ce que disent nos<br />

maîtres du jour : « II faut dans l’enseignement, comme en toutes choses, l’unité <strong>de</strong> vue et <strong>de</strong> gouvernement. <strong>La</strong> France a<br />

besoin d’une seule Université et l’Université d’un seul chef. » « C’est cela, répliqua le dictateur, vous m’avez compris. »Et<br />

le F. Fourcroy apporta au Corps législatif, le 6 mai 1806, un projet <strong>de</strong> loi ainsi conçu :<br />

« Art. I. - Il sera formé, sous le nom d’Université impériale, un corps chargé EXCLUSIVEMENT <strong>de</strong> l’enseignement et<br />

<strong>de</strong> l’éducation publics dans tout l’Empire. »<br />

Dans son ouvrage l’Instruction publique et la Révolution, Duruy loue Napoléon d’avoir, par l’institution <strong>de</strong> l’Université,<br />

sauvé la Révolution et l’esprit révolutionnaire. « Quelle merveilleuse conception que cette Université <strong>de</strong> France avec son<br />

grand-maître, son conseil, ses inspecteurs généraux, ses gra<strong>de</strong>s et sa puissante hiérarchie ! Quel trait <strong>de</strong> génie d’avoir<br />

compris qu’il n’était qu’une gran<strong>de</strong> corporation laïque pour disputer les jeunes générations aux débris <strong>de</strong>s vieilles corporations<br />

enseignantes et surtout à leur esprit ! Avant le 18 brumaire, on pouvait déjà prévoir le moment où la réaction aurait<br />

regagné dans le domaine <strong>de</strong> l’enseignement tout le terrain perdu <strong>de</strong>puis 1789. Grave danger et qui ne tendait à rien<br />

moins qu’à remettre en question, dans un très prochain avenir, les principes <strong>de</strong> tolérance et d’égalité dont la conquête<br />

avait été le but <strong>de</strong> tant d’efforts et qui sont <strong>de</strong>meurés l’excuse <strong>de</strong> tarit d’excès... Après avoir rivé le présent à la Révolution<br />

par le Co<strong>de</strong> civil et le Concordat, il lui assurait l’avenir par l’éducation. De tous les services que Napoléon a rendus, je<br />

n’en sache pas <strong>de</strong> plus mémorable que d’avoir arraché l’enseignement aux pires ennemis du nouveau régime pour le<br />

confier à un corps profondément imbu <strong>de</strong>s idées mo<strong>de</strong>rnes. »<br />

Que telles aient été, les pensées et les <strong>de</strong>sseins <strong>de</strong> Napoléon, lui-même l’affirma équivalemment.<br />

Le soir <strong>de</strong> l’assassinat du duc d’Enghien, il dit à ses familiers : « On veut détruire la Révolution. Je la défendrai, CAR<br />

JE SUIS LA RÉVOLUTION, MOI, MOI1. »<br />

M. Philippe Gonnart vient <strong>de</strong> publier un ouvrage sur les origines <strong>de</strong> la légen<strong>de</strong> napoléonienne où il étudie « l’oeuvre<br />

historique <strong>de</strong> Napoléon à Sainte-Hélène, » Il y relève et prétend résoudre cette question : « Napoléon a-t-il altéré la vérité<br />

et dénaturé ses idées en se représentant lui-même comme le continuateur <strong>de</strong> la Révolution ? « Napoléon était dans la<br />

vérité en répétant à satiété, dit M. Gonnard, dans les écrits <strong>de</strong> Sainte-Hélène qu’il avait été le défenseur <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong><br />

1789 en France, commue le défenseur du principe <strong>de</strong>s nationalités en Europe. Que disait-il qui ne fût exact quand il rappelait<br />

qu’en vendémiaire, en fructidor, en 1815, il s’était opposé à la « réaction » et qu’il avait sauvé « les gran<strong>de</strong>s vérités<br />

<strong>de</strong> notre révolution. » Il disait vrai quand il proclamait : « J’ai consacré la Révolution, je l’ai infusée dans les lois ». Il disait<br />

vrai quand il se nommait lui-même « le Messie » <strong>de</strong> la Révolution. Dans les Récits <strong>de</strong> la captivité <strong>de</strong> Montholon il dit : «<br />

J’ai semé la liberté à pleines mains partout où j’ai implanté mon co<strong>de</strong> civil. »<br />

Napoléon III, interprétant fidèlement cette pensée dans son ouvrage Les idées napoléoniennes, a rendu à son oncle<br />

ce témoignage : « <strong>La</strong> Révolution mourante, mais non vaincue, avait légué à Napoléon ses <strong>de</strong>rnières volontés. Eclaire les<br />

nations, dut-elle lui dire, affermis sur <strong>de</strong>s bases soli<strong>de</strong>s les principaux résultats <strong>de</strong> nos efforts. Exécute en étendue ce que<br />

j’ai du faire en profon<strong>de</strong>ur. Sois POUR L’EUROPE CE QUE J’AI ÉTÉ POUR LA FRANCE. Cette gran<strong>de</strong> mission, Napoléon<br />

l’accomplit jusqu’au bout (Idées napoléoniennes, t. I, p. 28-29).<br />

De fait, partout où Napoléon portait ses armes, il y faisait ce qui avait été fait en Franco. Il établissait l’égalité <strong>de</strong>s<br />

cultes, bien certainement l’un <strong>de</strong>s principaux résultats poursuivis et obtenus par la secte qui a fait la Révolution. « Il y a<br />

1 Histoire du Consulat et <strong>de</strong> l’Empire, par Thiers, t. V, p. 14.<br />

Napoléon Ier était-il en rapports avec la Franc-maçonnerie ?<br />

Dans la Révolution française, Revue d’histoire mo<strong>de</strong>rne et contemporaine, publiée par la Société <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la Révolution, sous la<br />

direction <strong>de</strong> M. Aulard, M. Georges Bourgin a publié une série d’articles sous ce titre : Contribution à l’Histoire <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie<br />

sous le premier Empire. A la page 45 du fascicule du 14 juillet 1905, il fait cette citation «Je lui (à Napoléon) fis, dit O’Méara, (le chirurgien<br />

anglais <strong>de</strong> Napoléon à Sainte-Hélène), quelques questions sur la Franc-maçonnerie et lui <strong>de</strong>mandai son opinion sur eux: «Ils ont<br />

aidé à la Révolution et dans ces <strong>de</strong>rniers temps encore à diminuer la puissance du Pape et l’influence du Clergé». Je lui témoignai le<br />

désir <strong>de</strong> savoir s’il n’avait pas encouragé les francs-maçons. Un peu, répondit-il, parce qu’ils combattaient le Pape ».<br />

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