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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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Saint Thomas d’Aquin précise cette vérité. Il observe qu’après sa chute, le démon est encore appelé « chérubin »,<br />

mais non plus « séraphin ». C’est que le mot « chérubin » signifie « plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> science, tandis que séraphin signifie «<br />

qui brûle » du feu <strong>de</strong> la charité. <strong>La</strong> science est compatible avec le péché, mais non la charité.<br />

Ils gar<strong>de</strong>nt ainsi leur puissance; c’est ce qu’observe .Bossuet. « Ils continuent, dit-il, à être appelés « Vertus <strong>de</strong>s Cieux<br />

», pour nous montrer qu’ils conservent encore dans leur supplice la puissance comme le nom qu’ils avaient par leur nature.<br />

Dieu pouvait justement les priver <strong>de</strong> tous les avantages naturels, c’est toujours Bossuet qui parle, il n mieux aimé<br />

faire voir, en les leur conservant, que tout le bien <strong>de</strong> la nature tournait en supplice à ceux qui en abusent contre Dieu.<br />

Ainsi l’intelligence leur est <strong>de</strong>meurée aussi perçante et aussi sublime que jamais; et la force <strong>de</strong> leur volonté à mouvoir les<br />

corps, par cette même raison, leur est restée comme <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> leur effroyable naufrage. »<br />

Au livre III du traité <strong>de</strong> la Trinité, chapitre IV, saint Augustin nous dit que « toute la nature corporelle est administrée<br />

par Dieu avec le concours <strong>de</strong>s anges. » Dans sa réponse à Baldad, Job parlant <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> Dieu, l’appelle : « Celui<br />

sous qui se courbent, ceux qui portent le mon<strong>de</strong> 1 ». Saint Thomas donne un splendi<strong>de</strong> commentaire à cette parole 2 .<br />

<strong>La</strong> cause secon<strong>de</strong>, la créature, agit vraiment, et elle agit par sa vertu propre, mais sa vertu et son action propre sont pénétrées<br />

<strong>de</strong> la vertu et <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> l’agent principal, Dieu, dont elle est en quelque sorte l’instrument.<br />

« Quand Dieu créa les purs esprits, dit Bossuet, autant qu’il leur donna <strong>de</strong> part à son intelligence, autant leur en donna-t-il<br />

à son pouvoir : et en les soumettant à sa volonté, il voulut, pour l’ordre du mon<strong>de</strong>, que les natures corporelles et inférieures<br />

fus sent soumises à la leur, selon les bornes qu’il avait prescrites. Ainsi le mon<strong>de</strong> sensible fut assujetti à sa manière<br />

au mon<strong>de</strong> spirituel et intellectuel; et Dieu fit ce pacte avec la nature corporelle, qu’elle soit unie à la volonté <strong>de</strong>s<br />

anges, autant que la volonté <strong>de</strong>s anges, en cela conforme à celle <strong>de</strong> Dieu, la déterminerait à certains effets 3 ».<br />

Ce ne sont point seulement les théologiens qui nous disent que les corps sont gouvernés par les esprits.<br />

Newton s’est immortalisé, observe J. <strong>de</strong> Maistre, en rapportant à la pesanteur <strong>de</strong>s phénomènes qu’on ne s’était jamais<br />

avisé <strong>de</strong> lui attribuer; mais le laquais du grand homme en savait, sur la cause <strong>de</strong> la pesanteur, autant que son<br />

maître. Le principe du mouvement ne peut se trouver dans la matière, et nous portons en nous-mêmes la preuve que le<br />

mouvement commence par une volonté. C’est ce que dit Platon « Le mouvement peut-il avoir un autre principe que cette<br />

force qui se meut elle-même? » (Platon, De Lege).<br />

Newton d’ailleurs ne pensait pas autrement. Dans ses lettres théologiques au Dr Bentlig, il dit plus explicitement ce<br />

qu’il a dit dans sa philosophie naturelle (Principes mathématiques) « Lorsque je me sers du mot d’attraction, je n’envisage<br />

point cette force physiquement, mais seulement mathématiquement. Que le lecteur se gar<strong>de</strong> donc bien d’imaginer que<br />

par ce mot j’entends désigner une cause ou une raison physique, ni que je veuille attribuer aux centres d’attraction <strong>de</strong>s<br />

forces réelles et physiques, car je n’envisage dans ce traité que <strong>de</strong>s proportions mathématiques sans m’occuper <strong>de</strong> la nature<br />

<strong>de</strong>s forces et <strong>de</strong>s qualités physiques 4 ».<br />

Le mon<strong>de</strong> matériel est donc régi par les anges, à ce point que saint Thomas (q. LII) se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il y a un ange dont<br />

la vertu pourrait atteindre par un même acte et comme objet proportionné à sa puissance tout l’univers matériel. Et il répond<br />

<strong>La</strong> chose n’est pas impossible en soi. Mais les anges <strong>de</strong>stinés à l’administration du mon<strong>de</strong> matériel étant multiples,<br />

chacun d’eux n’a qu’une vertu limitée à certains effets déterminés 5 . Les anges déchus ont conservé la part qui leur était<br />

échue dans le gouvernement du mon<strong>de</strong> matériel. Leur puissance sur lui est telle que « si Dieu ne retenait leur fureur, dit<br />

Bossuet, nous les verrions agiter ce mon<strong>de</strong> avec la même facilité que nous tournons une petite boule ».<br />

Sommes-nous soumis à leur empire, comme le sont les êtres matériels ? L’espèce humaine tient le <strong>de</strong>rnier rang dans<br />

la hiérarchie <strong>de</strong>s esprits et <strong>de</strong> ce fait elle doit recevoir la lumière et l’inspiration au bien par le ministère <strong>de</strong>s anges. De fait,<br />

nous avons chacun notre ange gardien qui remplit près <strong>de</strong> nous cet office. Le démon a-t-il conservé sa prélature sur nous<br />

? Notre race a été dotée, dès la création, dans la personne d’Adam, notre chef, <strong>de</strong> la grâce sanctifiante, qui fait entrer<br />

dans l’ordre surnaturel. Or, nous avons vu que le surnaturel établit entre les êtres une hiérarchie d’ordre sup’érieur soustrayant<br />

Adam et ses <strong>de</strong>scendants à l’empire du démon.<br />

Il en conçut d’amers sentiments. <strong>La</strong> jalousie qui s’était éveillée en lui lorsque l’Homme-Dieu avait été présenté à ses<br />

adorations s’exaspéra. « C’est une envie furieuse, dit Bossuet, qui anime les démons contre nous. Ils voient qu’étant bien<br />

inférieurs par nature, nous les passons <strong>de</strong> beaucoup par la grâce ». Et ailleurs « L’inimitié <strong>de</strong> Satan n’est pas d’une nature<br />

vulgaire; elle est mêlée d’une noire envie qui le ronge éternellement. Il ne pe ut souffrir que nous vivions dans<br />

l’espérance <strong>de</strong> la félicité qu’il a perdue, et que Dieu, par sa grâce, nous égale aux anges; que son Fils se soit revêtu<br />

d’une chair humaine pour nous faire <strong>de</strong>s hommes divins. Il enrage quand il considère que les serviteurs <strong>de</strong> Jésus,<br />

hommes misérables et pécheurs, assis dans <strong>de</strong>s trônes augustes, le jugeront à la fin <strong>de</strong>s siècles avec les anges ses imitateurs.<br />

Cette envie le brûle plus que ses flammes 6 ».<br />

Et c’est pourquoi il s’efforce <strong>de</strong> nous entraîner à sa suite dans le péché qui fait perdre la prérogative que la grâce nous<br />

donne sur lui.<br />

Au premier jour, voyant ce qu’est la nature humaine, une s eule espèce dans la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s individus qu’avec le<br />

temps elle <strong>de</strong>vait embrasser, il se dit que s’il parvenait à faire décheoir du rang où la grâce l’avait placé, celui en qui<br />

l’espèce entière était alors contenue, il récupérerait sur elle l’empire que le droit <strong>de</strong> nature lui donnait, il <strong>de</strong>viendrait le<br />

1 Job IX, 13. Traduction <strong>de</strong> Bossuet.<br />

2 Sum. theol. q. XLVII. Voir aussi <strong>de</strong> la question CV à la question CXIX.<br />

3 Elévation sur les mystères, XXXIIIe semaine, V e élévation.<br />

4 Clarke, <strong>de</strong> qui Newton a dit « Clarke seul me comprend », a fait cette déclaratIon : « l’attraction peut être l’effet d’une impulsion,<br />

mais non certainement matérielle impulsu non utique corporeo. Et dans une note II ajoute : « L’attraction n’est cerlainement<br />

pas une action matérielle à distance, mas l’action <strong>de</strong> quelque cause immatérielle. »<br />

5 <strong>La</strong> même restriction est à faire dans l’ordre moral. Dieu marque au démon les bornes précises <strong>de</strong> la puissance qu’il lui donne sur son<br />

serviteur Job. De même, Notre-Seigneur dit aux Apôtres : « Satan a <strong>de</strong>mandé à vous cribler ». Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, observe Bossuet c’est une<br />

puissance maligne, malfaisante, tyrannique, mais soumise à la puissance et à la justice <strong>de</strong> Dieu.<br />

6 1 er sermon dc Carême.<br />

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