Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
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sus-Christ, préceptes et conseils évangéliques, vertus infuses et théologales, grâces actuelles, grâce sanctifiante, dons<br />
<strong>de</strong> l’Esprit-Saint, sacrifice, sacrements, obéissance à l’Eglise. J’admire cette hauteur <strong>de</strong> vues et <strong>de</strong> spéculations. Mais, si<br />
je rougis <strong>de</strong> tout ce qui m’abaisserait au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ma nature, je n’ai non plus aucun attrait pour ce qui tend à m’élever<br />
au-<strong>de</strong>ssus. Ni si bas, ni si haut. Je ne veux faire ni la bête, ni l’ange; je veùx rester homme. D’ailleurs, j’estime gran<strong>de</strong>ment<br />
ma nature; réduite à ses éléments essentiels et tels que Dieu l’a faite, je la trouve suffisante. Je n’ai pas la prétention<br />
d’arriver après cette vie à une félicité si ineffable, à une gloire si transcendante, si supérieure à toutes les données <strong>de</strong><br />
ma raison; et, surtout, je n’ai pas le courage <strong>de</strong> me soumettre ici-bas à tout cet ensemble d’obligations et <strong>de</strong> vertus surhumaines,<br />
Je serai donc reconnaissant envers Dieu <strong>de</strong> ses généreuses intentions, mais je n’accepterai pas ce bienfait<br />
qui serait pour moi un far<strong>de</strong>au. Il est <strong>de</strong> l’essence <strong>de</strong> tout privilège <strong>de</strong> pouvoir être refusé. Et puisque tout cet ordre surnaturel,<br />
tout cet ensemble <strong>de</strong> la révélation est un don <strong>de</strong> Dieu, gratuitement ajouté par sa libéralité et sa bonté aux lois et<br />
aux <strong>de</strong>stinées <strong>de</strong> ma nature, je m’en tiendrai à ma condition première. »<br />
Ainsi parle « l’honnête homme ».<br />
Tel avait été, équivalemment du moins, le raisonnement d’Adam, lorsque le tentateur lui dit « Vous serez comme <strong>de</strong>s<br />
dieux, vous trouverez votre suffisance en vous-mêmes ». Tel celui <strong>de</strong> Lucifer.<br />
Comme l’observe le cardinal Pie, la prétention <strong>de</strong> celui qui veut se claquemurer dans le naturalisme, vivre <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong><br />
la raison sans participer à la vie surnaturelle, est une prétention pratiquement chimérique et impossible; car, <strong>de</strong>puis le péché<br />
du premier père, l’homme a été blessé dans sa nature; il est mala<strong>de</strong> dans son esprit et sa volonté. Il n’est capable<br />
par lui-même ni <strong>de</strong> connaître toute la vérité, ni <strong>de</strong> pratiquer toute la morale même naturelle, encore moins <strong>de</strong> surmonter<br />
toutes les tentations <strong>de</strong> la chair et du démon sans une lumière et une grâce d’en haut.<br />
Mais <strong>de</strong> plus, ce raisonnement méconnaît le souverain domaine <strong>de</strong> Dieu qui après avoir tiré l’homme du néant, conservait<br />
le droit <strong>de</strong> perfectionner son ouvrage et <strong>de</strong> l’élever à une <strong>de</strong>stinée plus excellente que celle inhérente à sa condition<br />
naturelle. En nous assignant une vocation surnaturelle, Dieu a fait acte d’amour, mais il a fait aussi acte d’autorité. Il<br />
a donné, mais en donnant il veut qu’on accepte. Son bienfait nous <strong>de</strong>vient un <strong>de</strong>voir. <strong>La</strong> qualité d’enfant <strong>de</strong> Dieu, le don<br />
<strong>de</strong> la grâce, la vocation à la gloire, c’est là une noblesse qui oblige; uiconque y forfait est coupable.<br />
Ajoutons que ce qui oblige les individus oblige les nations. En faisant l’homme essentiellement sociable, Dieu n’a pu<br />
vouloir que la société humaine fùt indépendante <strong>de</strong> Lui. Depuis que l a plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nations est entrée dans l’Eglise,<br />
l’ordre surnaturel s’impose à elles comme il s’impose à chacun <strong>de</strong> nous. Elles n’ont pas le droit <strong>de</strong> se rendre apostates. Si<br />
elles le font, une telle méconnaissance <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> Dieu ne saurait prétendre à l’impunité. Peccatum peccavit Jerusalem;<br />
propterea instabilis facta est. <strong>La</strong> France a commis le péché d’abandonner Dieu, à cause <strong>de</strong> cela elle ne sait plus se<br />
tenir <strong>de</strong>bout; et toujours chancelante, roulant <strong>de</strong> chute en chute, d’abîme en abîme, <strong>de</strong> catastrophe en catastrophe, elle<br />
cherche en v ain à r etrouver ses conditions d’équilibre et <strong>de</strong> s tabilité. Tous ceux qui la glorifiaient en s ont venus à l a<br />
prendre en commisération, si ce n’est en mépris, en voyant ces humiliations. Omnes qui glorificabant eam, spreverunt illam<br />
quia vidérunt ignominiam ejus.<br />
Faut-il faire entendre une voix plus humaine ?<br />
Déjà, eu 1834, M. Guizot donnait cet avertissement ?<br />
« Se figure t’on ce que <strong>de</strong>viendrait l’homme, les hommes, l’âme humaine et les sociétés humaines, si la religion y était<br />
effectivement abolie, si la foi religieuse en disparaissait réellement ? Je ne veux pas me répandre en complaintes morales<br />
et en pressentiments sinistres; mais je n’hésite pas à affirmer qu’il n’y a point d’imagination qui puisse se représenter,<br />
avec une vérité suffisante, ce qui arriverait en nous et autour <strong>de</strong> nous, si la place qu’y tiennent les croyances <strong>chrétienne</strong>s<br />
se trouvait tout à coup vi<strong>de</strong>, et leur empire ané<strong>anti</strong>. Personne ne saurait dire à quel <strong>de</strong>gré d’abaissement et <strong>de</strong><br />
dérèglement tomberait l’humanité ».<br />
Gladstone a dit <strong>de</strong> même :<br />
« Du jour où le divorce enire la pensée humaine et le christianisme sera consommé, datera l’irrémédiable commencernent<br />
<strong>de</strong> la déca<strong>de</strong>nce radicale <strong>de</strong> la civilisation dans le mon<strong>de</strong> 1 ».<br />
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LA DEFAITE DU TENTATEUR<br />
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CHAPITRE LX<br />
LA FEMME BELLIGÉRANTE DE PAR DIEU<br />
Depuis la fin du moyen âge, il y a donc dans la chrétienté une impulsion continue exercée non seulement sur les individus,<br />
mais aussi sur les peuples en tant que peuples, et qui vise à changer le but que l’activité humaine s’était proposé,<br />
se fendant sur la parole du Christ. Ce but était la vie éternelle. Les moeurs, les coutumes, les lois, les institutions s’étaient<br />
peu à peu formées sur cette donnée. Depuis la Renaissance, il y a une tendance contraire qui se fortifie et se développe<br />
<strong>de</strong> jour en jour : donner comme but à toute l’activité sociale et personnelle l’amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> la vie présente<br />
pour arriver à une plus pleine et plus universelle jouissance. « Le XIVe siècle a ouvert la marche, dit Taine, et <strong>de</strong>puis,<br />
chaque siècle n’est occupé qu’à préparer dans l’ordre <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> nouvelles conceptions, et dans l’ordre politique <strong>de</strong><br />
nouvelles institutions (répondant au nouvel idéal). Depuis ce temps-là la société n’a plus retrouvé son gui<strong>de</strong> dans l’Eglise<br />
et l’Eglise son image dans la société. »<br />
Les nations se replaceront-elles jamais sous la conduite <strong>de</strong> l’Eglise ? L’Eglise reverra-t-elle jamais les peuples prêter<br />
l’oreille et ouvrir le coeur au sermon sur la montagne ? Ou bien faudra-t-il que Dieu se contente désormais <strong>de</strong> cueillir <strong>de</strong>s<br />
âmes au milieu d’une société qui s’éloignera <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> Lui ? L’idée <strong>de</strong> la civilisation <strong>chrétienne</strong> subsiste toujours<br />
dans nombre d’esprits, elle se réveille chez plusieurs et l’Eglise est toujours là pour la maintenir et la rappeler. Finira-t-elle<br />
par reprendre le <strong>de</strong>ssus sur l’idée <strong>de</strong> la civilisation naturaliste ? Et après une lutte <strong>de</strong> plusieurs siècles, arrivera-t-elle à<br />
triompher <strong>de</strong> la tentation satanique et à reprendre sa marche ascendante pour une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps que nous ne pou-<br />
1 (Discours à l’Univ. <strong>de</strong> Glasgow, 1879.)<br />
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