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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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Après avoir annoncé la Ré<strong>de</strong>mption du genre humain par le Fils <strong>de</strong> la Femme, Dieu avait fait voir la lutte qui <strong>de</strong>vait suivre<br />

entre les <strong>de</strong>ux cités, l’une race du serpent, l’autre race <strong>de</strong> la Femme bénie.<br />

Le mot hébreu employé par la Genèse pour marquer les attaques du serpent désigne bien les <strong>de</strong>ux genres d’assaut<br />

que l’Eglise n’a cessé d’avoir à subir : les persécutions et les hérésies. Ce mot marque une haine s’exerçant à la fois et<br />

par la ruse et par la cruauté. C’est bien là les <strong>de</strong>ux guerres que l’histoire n’a cessé <strong>de</strong> voir s’alterner, ou même se confondre,<br />

<strong>de</strong>puis les premiers jours jusqu’à ceux où nous sommes.<br />

Satan suscita d’abord la persécution <strong>de</strong>s empereurs romains qui dura trois siècles et fit tant <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> martyrs. Ne<br />

pouvant étouffer l’Eglise dans son sang, il eut recours à d’autres moyens <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction 1<br />

Presqu’aussitôt après le règne <strong>de</strong> Const<strong>anti</strong>n, nous arrivons au pontificat du pape Gélase I er en l’an du Christ 493.<br />

Comme la situation est sombre ! <strong>La</strong> conversion <strong>de</strong> l’empire, un siècle auparavant, semble avoir été stérile, et la catastrophe<br />

paraît imminente. L’Orient tout entier est aux mains <strong>de</strong> c hrétiens infidèles au concile oecuménique <strong>de</strong> C halcédoine;<br />

l’Occi<strong>de</strong>nt est sous la domination <strong>de</strong>s Ariens qui rejettent le concile oecuménique <strong>de</strong> Nicée; le Pape lui-même est<br />

sujet d’un souverain Arien. Et comme si une seule hérésie ne suffisait pas, le Pélagianisme se propage dans le Picenum<br />

avec la connivence <strong>de</strong>s évêques. Dans le Nord <strong>de</strong> l’empire démembré, les Bretons d’abord infestés par le Pélagianisme<br />

sont maintenant dépossédés par les Saxons païens. Le clergé catholique est opprimé dans les royaumes ariens <strong>de</strong><br />

Bourgogne, d’Aquitaine, d’Espagne, et le culte catholique est momentanément aboli par les Vandales ariens d’Afrique.<br />

L’Orient presqu’entier prend parti pour le patriarche <strong>de</strong> Const<strong>anti</strong>nople Acace dans son schisme, et adhère à l’hérésie<br />

monophysite, tandis que, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’empire, l’hérésie opposée, le Nestorianisme, fait <strong>de</strong> scandaleux progrès.<br />

Est-ce là un cas isolé ? Cent quinze ans plus tôt, alors que saint Grégoire <strong>de</strong> Nazianze allait inaugurer sa prédication<br />

à Const<strong>anti</strong>nople (378), la situation ne semblait-elle pas désespérée avec l’Arianisme grandissant et les schismes <strong>de</strong> plus<br />

en plus nombreux ? Et plus tard, aux débuts du pontificat <strong>de</strong> saint Grégoire-le-Grand, l’Eglise ne semblait-elle pas menacée<br />

d’une fin prochaine ? Les <strong>de</strong>rniers vestiges <strong>de</strong> la civilisation romaiue s’écroulaient <strong>de</strong>vant l’invasion <strong>de</strong>s Lombards en<br />

Italie; en Orient et en Occi<strong>de</strong>nt, famines, pestes, tremblements <strong>de</strong> terre; les Bretons chrétiens sont massacrés, réduits en<br />

esclavage, chassés, dans les montagnes désertes par leurs ennemis païens; l’Arianisme, est encore le maître en Espagne<br />

et dans une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’Italie. Rien d’étonnant que saint Colomban <strong>–</strong> et il n’était pas le seul - crût à la fin du<br />

mon<strong>de</strong>.<br />

Si nous partageons en trois pério<strong>de</strong>s chronologiques l’histoire entière <strong>de</strong> l’Eglise, les tempêtes que nous venons <strong>de</strong><br />

décrire se rapportent à la première, mais les <strong>de</strong>ux autres ne sont pas moins agitées. Dans la secon<strong>de</strong> (636-1270), l’Eglise<br />

se vit à plusieurs reprises menacée <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction : au VIII e siècle par les Arabes; au IX e , les Normands; au X e , les empereurs<br />

germaniques. <strong>La</strong> troisième pério<strong>de</strong>, la plus proche <strong>de</strong> nous, est marquée par trois grands faits, dont chacun, suivant<br />

les principes <strong>de</strong>s probabilités historiques, aurait dû être fatal à l’Eglise. D’abord, le Grand Schisme durant trente-sept ans,<br />

les fon<strong>de</strong>ments mêmes sont ébranlés, le principe <strong>de</strong> l’obéissance est discrédité, quoique, par contre, la bonne foi, et qui<br />

plus est, la sainteté se montrent dans les <strong>de</strong>ux obédiences comme pour attester une autorité divine, encore qu’en guerre<br />

avec elle-même. Ensuite, éclate le Protest<strong>anti</strong>sme : les catholiques sont victimes <strong>de</strong> calomnies et d’insultes in<strong>de</strong>scriptibles,<br />

bientôt suivies <strong>de</strong> pillage, <strong>de</strong> <strong>de</strong>structions, <strong>de</strong> massacres. L’Angleterre en 1540 ressemble à un p ays ravagé les<br />

oeuvres d’art et les trésors du savoir, amassés par <strong>de</strong>s siècles disparaissent. <strong>La</strong> France voit ses églises détruites par<br />

centaines, ses prêtres et ses religieux immolés par milliers; les princes catholiques sont déclarés indignes <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r,<br />

et la religion catholique est outragée par d’horribles sacrilèges. D’un seul coup, au milieu <strong>de</strong> cet ouragan d’égoïsme<br />

et <strong>de</strong> f anatisme, les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> son empire semblent irrémédiablement perdus pour l’Eglise. Enfin le jansénisme<br />

triomphe pendant le dix-huitième siècle la gran<strong>de</strong> Eglise <strong>de</strong> France en e st infestée jusqu’aux moelles; Joseph II,<br />

l’archiduc <strong>de</strong> Toscane, le roi <strong>de</strong> Naples sont à la veille <strong>de</strong> rompre avec le Saint Siège; <strong>de</strong>s évêques et <strong>de</strong>s professeurs<br />

discutent ouvertement <strong>de</strong>s doctrines catholiques; les jésuites, en champions <strong>de</strong> Rome contre le Protest<strong>anti</strong>sme et le Jansénisme,<br />

sont persécutés à outrance en Portugal, en Espagne, en France, à Naples, et la menace du schisme contraint<br />

le Pape à supprimer cette gar<strong>de</strong> d’élite à l’heure même où il en a le plus pressaut besoin, Puis vient la Révolution qui renouvelle<br />

les massacres <strong>de</strong>s premiers siècles.<br />

Ce tableau est bien lugubre, mais le revers n’est-il pas consolant ? A chacune <strong>de</strong> ces dates, le Maître intervient. Const<strong>anti</strong>u<br />

succè<strong>de</strong> à Dioclétien; les quatrième, cinquième et sixième siècles finissent par trois conversions qui sont trois éclatantes<br />

bénédictions celle <strong>de</strong> saint Augustin, celle <strong>de</strong> Clovis, celle <strong>de</strong>s Anglo-Saxons; la désolation <strong>de</strong>s siècles suivants<br />

aboutit à Hil<strong>de</strong>brand et aux Croisa<strong>de</strong>s; le zèle <strong>de</strong>s Dominicains, <strong>de</strong>s Franciscains, le rayonnerneut <strong>de</strong> la Somme théologique<br />

<strong>de</strong> saint Thomas d’Aquin sont, pour ainsi dire, la réponse <strong>de</strong> Dieu à la tyrannie impériale et à l’hérésie albigeoise; la<br />

blessure du grand schisme est à peine fermée, et voici Fra Angelico, la fleur <strong>de</strong> l’art chrétien, et Thomas à Kempis, la<br />

fleur <strong>de</strong> la mystique <strong>chrétienne</strong>; après Luther et Calvin apparaît la vraie Réforme, oeuvre du Concile <strong>de</strong> Trente, et <strong>de</strong><br />

nouvelles missions s’éten<strong>de</strong>nt à l ’Orient et à l ’Occi<strong>de</strong>nt, amenant à l ’Eglise <strong>de</strong>s peuples plus nombreux que ceux qui<br />

l’avaient désertée.<br />

Dans cette lutte gigantesque, observons le, c’est toujours la France qui a fourni le champ <strong>de</strong> bataille le plus disputé et<br />

le plus illustre. Clovis bat les Ariens, Charles-Martel les Arabes, Charlemagne les Lombards, Montfort écrase<br />

l’Albigéisme, saint Louis plante la croix <strong>de</strong>vant Tunis, les Guise et la Sainte-Ligue triomphent <strong>de</strong> la mort, et aujourd’hui,<br />

parmi les missionnaires, ce sont ceux qui sont sortis du coeur <strong>de</strong> la France, qui poussent le plus loin les conquêtes <strong>de</strong><br />

l’Eglise dans les pays infidèles. Qu’il est vrai ce mot <strong>de</strong> l’histoire : Gesta Dei per Francos !<br />

C’est aussi en France que se voit le front <strong>de</strong> bataille d’une autre guerre plus intime que celle qui vient d’être décrite.<br />

Les autres combats furent divers, partiels et relativement parlant, <strong>de</strong> courte durée. C’était le corps à corps <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

géants qui, après un effort dans un sens essaient <strong>de</strong> renverser leur adversaire dans une poussée contraire. Ce qui nous<br />

reste à décrire, c’est la lutte continué parce qu’elle doit être décisive; c’est la lutte profon<strong>de</strong> qui atteint les sources mêmes<br />

1 Le tableau qui sut est emprunté au livre <strong>de</strong> Charles Stanton Devas; maître ès arts <strong>de</strong> l’Université d’Oxford:<br />

L’Eglise et le Procès du mon<strong>de</strong>, traduit <strong>de</strong> l’anglais par le dominicain Folghera.<br />

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