Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
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siège <strong>de</strong> Pierre. »<br />
CHAPITRE XXVII - INANITÉ DES EFFORTS CONTRE LA CHAIRE DE PIERRE.<br />
Quelle fut l’issue <strong>de</strong> cette infernale conjuration ? Deux ans avant la mort <strong>de</strong> Grégoire XVI, le 2 novembre 1844, Beppo,<br />
tout en s’applaudissant <strong>de</strong>s succès qu’il avait remportés, hors <strong>de</strong> Rome, faisait remarquer à Nubius que, pour faire le<br />
Pape voulu, le principal élément continuait à leur échapper comme au premier jour: « Nous autres, nous, marchons au,<br />
galop, et chaque jour nous parvenons à enrôler dans le complot <strong>de</strong> nouveaux néophytes : Pervet opus. Mais le plus difficile<br />
est encore à faire ou plutôt à commencer. Nous avons fait très facilement la conquête <strong>de</strong> certains religieux <strong>de</strong> tous<br />
les Ordres, <strong>de</strong> prêtres d’à peu près toutes les conditions, et même <strong>de</strong> certain Monsignori intrigants et ambitieux. Ce n’est<br />
peut-être pas ce qu’il y a <strong>de</strong> meilleur’ ou <strong>de</strong> plus respectable; mais n’importe. Pour le but cherché, un Frate, aux yeux du<br />
peuple, est toujours un religieux, un prélat sera toujours un prélat. Nous avons fait un fiasco complet auprès <strong>de</strong>s Jésuites.<br />
Depuis que nous conspirons, il a été impossible <strong>de</strong> mettre la ‘main sur un fils d’ignace. Nous n’avons pas <strong>de</strong> Jésuites<br />
avec nous, mais nous pouvons toujours dire et faire dire qu’il y en a, et cela arrivera absolument au même. Il en est <strong>de</strong><br />
même <strong>de</strong>s cardinaux. Ils ont tous échappé à nos embûches. Les adulations les mieux combinées n’ont servi à rien, <strong>de</strong><br />
sorte qu’à l’heure actuelle, nous nous trouvons aussi avancés qu’au commencement. Pas un seul membre du Sacré Collège<br />
n’est tombé dans nos filets. »<br />
En effet, dit Crétineau-Joly, dans cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> trente années, où la Haute Vente agita tant <strong>de</strong> noms propres et fit le<br />
siège <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> v ertus, il nie lui tut jamais donné <strong>de</strong> pouvoir dire, même lorsqu’elle régla ses comptes en secret et,<br />
qu’elle pouvait placer une espérance quelconque sur un membre du Sacré Collège. « <strong>La</strong> révolution n posé le pied partout,<br />
excepté dans un conclave. » Le complot, mené avec tant d’astuce, put aboutir à la perversion <strong>de</strong> plusieurs clercs, il<br />
ne put même effleurer le Siège Romain.<br />
Beppo continue<br />
« Le pape Grégoire XVI est sur le point <strong>de</strong> mourir, et nous nous trouvons, comme en 1823, à la mort <strong>de</strong> Pie VII. Que<br />
faire dans cette occurrence ? Renoncer à notre projet n’est plus possible. Continuer l’application d’un système sans pouvoir<br />
espérer une chance, même incertaine, me produit l’effet <strong>de</strong>, jouer à l’impossible. Le pape, futur, quel qu’il soit, ne<br />
viendra jamais à nous pouvons-nous aller à lui ? Ne, sera-t-il pas comme ses, prédécesseurs et ses successeurs, et ne<br />
fera-t-il pas comme eux ? Dans ce cas-là, <strong>de</strong>meurerons-nous sur la brèche, et attendrons-nous un miracle ? N ous<br />
n’avons plus d’espoir que dans l’impossible. Grégoire mort, nous nous verrons ajournés indéfiniment. »<br />
Ces paroles <strong>de</strong> découragement n’étaient que trop justifiées, d’une part, par l’histoire, <strong>de</strong> l’autre, par les promesses que<br />
Notre Seigneur Jésus-Christ a faite à son Eglise. Mais les hommes possédés d’une passion si satanique ne pouvaient<br />
prendre gar<strong>de</strong> aux leçons <strong>de</strong> l’histoire, encore moins prêter l’oreille aux paroles du divin Sauveur.<br />
N’ayant pu s’assurer d’aucun <strong>de</strong>s électeurs-candidats, ils ne désespèrent point <strong>de</strong> pouvoir agir sur l’esprit <strong>de</strong> l’élu, ou<br />
du moins se servir <strong>de</strong> lui. Déjà, après la mort <strong>de</strong> Léon XII, au conclave qui élut Pie VIII, Chateaubriand, ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />
France, avait exprimé, au nom <strong>de</strong> son ‘gouvernement, le désir <strong>de</strong> voir le choix <strong>de</strong>s cardinaux se porter sur un homme qui<br />
saurait concilier la politique pontificale avec les idées nouvelles. Le cardinal Castiglione répondit : « Le conclave espère<br />
que Dieu accor<strong>de</strong>ra à son Eglise un Pontife saint et éclairé, qui réglera sa conduite selon la politique <strong>de</strong> l’Evangile qui est<br />
la seule école d’un bon gouvernement. » Et ce fut lui qui fut élu. Assurément, nous ne voulons point dire que Chateaubriand<br />
fût émissaire <strong>de</strong> la Haute Vente près <strong>de</strong> ce conclave; mais nous avons ici une nouvelle preuve <strong>de</strong> la mystérieuse<br />
influence que les sociétés secrètes exercent sur les Puissances pour les faire concourir plus ou moins directement à<br />
l’exécution <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>sseins.<br />
A la mort <strong>de</strong> Grégoire XVI, la révolution ne put, pas plus qu’auparavant, s’insinuer dans le conclave. Pie IX, le grand et<br />
saint Pontife Pie IX, fut élu. Il faut dire cependant que les sociétés secrètes avaient placé sur la tête du cardinal Mastaï<br />
certaines vagues espérances <strong>de</strong> conciliation avec les idées nouvelles. » « Crétineau, dit M. l’abbé Ménard, m’a fait lire<br />
son nom dans plus d’un papier <strong>de</strong> la secte. » Elle connaissait son grand coeur, elle espérait le séduire, l’entraîner par<br />
l’appât d’idées à l’aspect généreux. Elle l’essaya et l’on a souvenir <strong>de</strong>s ovations singulières et inouïes dont elle enveloppa<br />
les commencements <strong>de</strong> son règne. L’heure <strong>de</strong> son avènement au trône pontifical était critique. Tout le mon<strong>de</strong> convenait<br />
que le régime si ferme <strong>de</strong> Grégoire XVI ne pouv ait pas être continué; même les cardinaux <strong>La</strong>mbruschini et Bernetti<br />
étaient d’avis, qu’il fallait essayer <strong>de</strong> quelques concessions. Pie IX entra dans la voie qui lui était montrée, sans cependant<br />
cé<strong>de</strong>r jamais aucun <strong>de</strong>s droits essentiels <strong>de</strong> l’Eglise. L’on sait ce qu’il en advint, et l’on sait aussi comment, instruit<br />
par sa propre expérience et éclairé <strong>de</strong> la lumière divine, Pie IX pulvérisa le libéralisme, c’est-à-dire le Maçonnisme avec<br />
le marteau du Syllabus1.<br />
Non encore convaincue <strong>de</strong> l’inutilité <strong>de</strong> ses efforts et <strong>de</strong> la vanité <strong>de</strong> ses espérances, la secte crut, à la mort <strong>de</strong> Pie IX,<br />
que son heure allait enfin arriver. Elle le dit hautement par la plume <strong>de</strong> Gambetta.<br />
Léon XIII fut élu le 29 février 1878. Le len<strong>de</strong>main, Gambetta écrivit à un <strong>de</strong> ses amis, Spuller :<br />
« Paris, 21 février 1878.<br />
« Aujourd’hui sera un grand jour. <strong>La</strong> p aix venue <strong>de</strong> Berlin est peut-être lia conciliation faite avec le Vatican. On a<br />
nommé le nouveau pape. C’est cet élégant et raffiné cardinal Pecci, évêque <strong>de</strong> Pérouse, à qui Pie IX avait essayé<br />
d’enlever la tiare, en l e nommant camerlingue. Cet Italien, encore plus diplomate que prêtre, est passé au travers <strong>de</strong><br />
toutes les intrigues <strong>de</strong>s Jésuites et <strong>de</strong>s clergés exotiques. Il est pape, et le nom <strong>de</strong> Léon XIII qu’il a pris me semble du<br />
meilleur augure.<br />
« Je salue cet événement plein <strong>de</strong> promesses. Il ne rompra pas ouvertement avec les traditions et les déclarations <strong>de</strong><br />
1 Nous lisons dans <strong>La</strong> ‘Vie <strong>de</strong> l’Abbé Bernard par M. le Marquis <strong>de</strong> Ségur, qu’au mois <strong>de</strong> mars 1849, Pie IX, étant en exil à Gaëte, reçut<br />
en audience le cardinal Giraud. Le Saint-Père était profondément affecté <strong>de</strong> tout ce qui se passait à Rome, et le coeur débordant <strong>de</strong><br />
tristesse, il dit à l’archevêque : « J’ai fait <strong>de</strong>s concessions ! On ne, cesse d’en abuser pour tout bouleverser. Je ne puis moi, leur auteur,<br />
les retirer. Mais mon successeur le pourrait et le ferait. Je songe à déposer la tiare : mon parti en est pris. »<br />
<strong>Mgr</strong> Giraud s’efforça <strong>de</strong> le détourner <strong>de</strong> cette résolution. Pie IX fit mieux, nous venons <strong>de</strong> le voir, que <strong>de</strong> la mettre à exécution.<br />
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