Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
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évolutionnaires complets; il n’y aura plus moyen <strong>de</strong> se réfugier dans le juste milieu, dans un moyen terme entre la vérité<br />
universelle et le mensonge universel.<br />
Déjà en 1873, M. <strong>de</strong> Saint-Bonnet annonçait ce qui commence à se <strong>de</strong>ssiner sous nos yeux : « Un triage inouï va se<br />
faire. Demain, ceux qui tiennent à la vie vont être obligés <strong>de</strong> s’unir à ceux qui défen<strong>de</strong>nt la Foi. Alors tous les partis n’en<br />
formeront que <strong>de</strong>ux: l’un désirant que Dieu triomphe pour que la France existe, et l’autre que la France périsse pour satisfaire<br />
la soif <strong>de</strong> crime que l’envie alluma dans leur coeur. » Il ajoutait « Mais, au moment venu, Dieu fendra les flots <strong>de</strong> la<br />
mer Rouge pour ouvrir un passage aux siens, puis il refermera ces flots sur ceux qui le maudissent, pour en délivrer<br />
l’avenir 1 »<br />
***************************************************************************<br />
CHAPITRE LXXII<br />
COMMENT SECONDER LES DESSEINS DE LA MISÉRICORDE DIVINE ?<br />
Pour que Dieu fasse ce miracle, il faut qu’il trouve nos âmes disposées à recevoir sa grâce. Nous ne l’étions point<br />
après les châtiments <strong>de</strong> 1793, dc 1848, <strong>de</strong> 1870-1871. Au lieu <strong>de</strong> nous tourner vers Dieu et <strong>de</strong> nous jeter dans les bras<br />
<strong>de</strong> sa miséricor<strong>de</strong>, nous avons mis notre confiance dans les habiletés <strong>de</strong> la sagesse politique. Donoso Cortès nous avait<br />
bien dit après les journées <strong>de</strong> juin 1848 : « Jamais je n’ai eu foi ni confiance dans l’action politique <strong>de</strong>s bons catholiques.<br />
Tous leurs efforts pour réformer la société par le moyen <strong>de</strong>s institutions politiques, c’est-à-dire par le moyen <strong>de</strong>s assemblées,<br />
<strong>de</strong>s gouvernements seront perpétuellement inutiles. Les sociétés ne sont pas ce qu’elles sont à cause <strong>de</strong>s gouvernements<br />
et <strong>de</strong>s assemblées; les assemblées et les gouvernements sont ce qu’ils sont à cause <strong>de</strong>s sociétés. Il serait<br />
nécessaire par conséquent <strong>de</strong> suivre un système contraire : il serait nécessaire <strong>de</strong> changer la société, et ensuite <strong>de</strong> se<br />
servir <strong>de</strong> cette société pour produire un changement analogue dans ses institutions. »<br />
C’est ce que Le Play, Blanc <strong>de</strong> Saint-Bonnet et bien d’autres n’ont cessé <strong>de</strong> dire. « Il n’y a aucune possibilité d’une<br />
restauration <strong>de</strong> la chose publique sans une doctrine », écrivait Barrès en 1899. <strong>La</strong> doctrine fondamentale qu’il faut réintégrer<br />
dans les âmes est celle <strong>de</strong> la vraie notion <strong>de</strong> la vie. Le reste suivra. Les institutions sociales et même politiques sortiront<br />
<strong>de</strong> cette notion comme elles en sont sorties autrefois. Moeurs et institutions se transforment comme d’elles-mêmes<br />
sous la pression <strong>de</strong>s idées. Elles se sont transformées en bien sous l’action <strong>de</strong> la prédication évangélique, elles se sont<br />
transformées en mal à partir <strong>de</strong> la prédication <strong>de</strong> l’évangile <strong>de</strong>s Humanistes.<br />
<strong>La</strong> vraie conception <strong>de</strong> la vie peut-elle être rendue à la société ? Oui, si Dieu nous en fait la grâce et il nous en fera la<br />
grâce si nous nous présentons <strong>de</strong>vant Lui avec un coeur contrit et humilié.<br />
« Seigneur, disaient Tobie et ses compagnons <strong>de</strong> captivité, nous n’avons pas obéi à vos comman<strong>de</strong>ments, c’est<br />
pourquoi nous avons été livrés au pillage, à la captivité, à la mort. Nous sommes un sujet <strong>de</strong> raillerie et <strong>de</strong> mépris pour<br />
toutes les nations. - Maintenant, Seigneur, nous éprouvons la justice <strong>de</strong> vos jugements, parce que nous ne n oms<br />
sommes point conduits selon vos comman<strong>de</strong>ments et que nous n’avons pas marché <strong>de</strong>vant vous avec un coeur droit 2 »<br />
« Nous avons péché, nous nous sommes éloignés <strong>de</strong> vous en commettant l’injustice; en toutes choses, nous avons<br />
mal fait. - Nous n’avons pas écouté votre parole, nous n’avons pas observé vos comman<strong>de</strong>ments, nous n’avons point agi<br />
comme vous nous commandiez <strong>de</strong> le faire, afin que nous fussions heureux. - Aussi, est-ce avec toute justice que tous<br />
ces maux sont venus sur nous et que vous nous avez traités comme vous l’avez fait, - en nous livrant aux mains d ennemis<br />
injustes, acharnés contre nous... Mais à présent, Seigneur, c’est <strong>de</strong> tout notre coeur que nous vouions vou.s suivre<br />
nous vous craignons, nous voulons marcher en votre présence. - N’achevez pas notre perte, mais que nons ressentions<br />
les effets <strong>de</strong> votre bonté, mais que nous soyons traités selon l’immensité <strong>de</strong> votre miséricor<strong>de</strong> 3 »<br />
Et tout cette magnifique prière d’Azarias, qui se trouve au chapitre III <strong>de</strong> la prophétie <strong>de</strong> Daniel.<br />
A ces prières, à ce repentir, Dieu exige que nous joignions le ferme propos et un ferme propos manifestant par les<br />
oeuvres sa sincérité et son efficacité. Son premier effet doit être <strong>de</strong> raviver l’esprit chrétien en soi et chez le plus grand<br />
nombre possible <strong>de</strong>s Français sur qui nous pouvons avoir quelque action. « Tel <strong>de</strong>vrait être, dit <strong>Mgr</strong> Isoard, le premier objectif<br />
<strong>de</strong> tous les prédicateurs, <strong>de</strong> tous les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s âmes, <strong>de</strong> tous les écrivains catholiques. Dieu accor<strong>de</strong>ra-t-il jamais à<br />
un peuple sa grâce, une gràce <strong>de</strong> rénovation et <strong>de</strong> salut, si le très grand nombre <strong>de</strong> citoyens qui composent ce peuple<br />
<strong>de</strong>meurent dans leurs péchés et mènent, <strong>de</strong> propos délibéré, une vie qui est en opposition manifeste avec l’esprit <strong>de</strong><br />
Notre-Seigneur, avec les exemples laissés par les générations pénétrées du sens chrétien et vivant en la charité <strong>de</strong> Jésus-Christ<br />
? Non, Dieu n’accor<strong>de</strong>ra pas la grâce à <strong>de</strong> tels hommes. L’Ecriture nous l’atteste en maint endroit. Rappelons<br />
seulement ici <strong>de</strong> quelle manière les Juifs furent préparés à la prédication <strong>de</strong> l’Evangile, à la connaissance du Sauveur.<br />
Saint Jean-Raptiste disait à chacun : Remplissez <strong>de</strong> votre mieux les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> l’état où vous êtes placé. Vous avez une<br />
loi : observez-la. Il s’adressait à l’individu, il excitait à un travail personnel <strong>de</strong> réforme et <strong>de</strong> sanctification.<br />
« Nous accusons <strong>de</strong> tous les désordres et <strong>de</strong>s maux qui en résultent, <strong>de</strong>s entités abstraites, insaisissables, l’esprit<br />
mo<strong>de</strong>rne, le gouvernement, la Révolution, la désagrégation sociale, l’éparpillement <strong>de</strong>s éléments constitutifs <strong>de</strong> la société.<br />
Nous attendons le remè<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’infusion <strong>de</strong> l’esprit chrétien dans les lois, <strong>de</strong> la substitution d’une forme <strong>de</strong> gouvernement<br />
à une autre forme <strong>de</strong> gouvernement, d’une plus sage pondération <strong>de</strong>s forces et <strong>de</strong>s influences. Que ces heureuses<br />
transformations ne puissent s’opérer que par une grâce spéciale <strong>de</strong> D ieu, nous ne le disons pas assez; que chacun<br />
d’entre nous puisse et doive obtenir, mériter pour tous cette grâce <strong>de</strong> Dieu, nous ne le disons point du tout. Nous retenons<br />
tant bien que mal nos habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bien-être, nous restons à la même distance qu’autrefois <strong>de</strong> la gêne, <strong>de</strong> l’effort,<br />
<strong>de</strong>s privations, <strong>de</strong> cette vie <strong>de</strong> retenue, et pour tout dire en un mot, mortifiée, que Dieu <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s siens et surtout <strong>de</strong><br />
ses ministres.<br />
« Vivons tranquilles, nous accommodant aux circonstances pour en souffrir personnellement le moins qu’il se pourra,<br />
et attendons que le temps soit changé !<br />
1 <strong>La</strong> légitimité. Page 36.<br />
2 Tob., III, 3, 4 et 5.<br />
3 Daniel, III, 26-46.<br />
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