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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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intolérable et que toutes les mesures administratives ont été impuissantes à faire disparaître. Tout effort sera vain, aussi<br />

longtemps qu'une législation rationnelle, efficace, n'aura pas été substituée à une législation à la fois illogique, arbitraire<br />

et inopérante. »<br />

Cette législation efficace, M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau, <strong>de</strong> concert avec le Parlement, nous l'a donnée. Elle avait été longuement<br />

étudiée, savamment préparée dans les loges pour l'effet à obt enir; elle a été votée et promulguée sans encombre<br />

en tous ses points, et perfectionnée après coup par <strong>de</strong>s arrêtés, <strong>de</strong>s décrets et <strong>de</strong>s mesures qui semblent bien<br />

ne plus laisser en France aucun refuge à la vie monastique et bientôt à l'enseignement religieux.<br />

Cependant, l'ané<strong>anti</strong>ssement <strong>de</strong>s congrégations ne met point fin au conflit. M. Wal<strong>de</strong>ck ne l'ignorait pas. Aussi a-t-il eu<br />

soin <strong>de</strong> dire que « la loi <strong>de</strong>s associations n'est qu'un point <strong>de</strong> départ ». Et <strong>de</strong> fait, supposons les congrégations disparues,<br />

toutes et sans espoir <strong>de</strong> résurrection : il serait naïf <strong>de</strong> croire que l'idée <strong>chrétienne</strong> disparaîtra avec elles. Derrière leurs bataillons<br />

se trouve la Sainte Eglise catholique. Et c'est l'Eglise qui dit, non seulement aux congréganistes, mais à tous les<br />

chrétiens et à tous les hommes : « Votre fin <strong>de</strong>rnière n'est point, ici-bas; aspirez plus haut. » C'est en Elle que se trouve,<br />

pour parler comme M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau, ce substratum d'influences qui n'a cessé d'agir <strong>de</strong>puis dix-huit siècles. C'est<br />

Elle qu'il faudrait détruire pour tuer l'idée1 . M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau le sait, et c'est pour cela qu'il a présenté sa loi comme<br />

n'étant qu'un point <strong>de</strong> départ.<br />

« <strong>La</strong> loi sur les associations est, à nos yeux, le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la plus libre évolution sociale, et<br />

aussi la gar<strong>anti</strong>e indispensable <strong>de</strong>s prérogatives les plus nécessaires <strong>de</strong> la société mo<strong>de</strong>rne. »<br />

Une ÉVOLUTION SOCIALE, voilà, <strong>de</strong> l'aveu même <strong>de</strong> M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau, ce que prépare la loi qu'il se proposait<br />

alors <strong>de</strong> présenter à la sanction du Parlement, et qui maintenant est en exercice.<br />

L'évolution sociale voulue, poursuivie, c'est, nous le verrons dans toute la suite <strong>de</strong> cet ouvrage, la sortie, sans espoir<br />

<strong>de</strong> retour, <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> la civilisation <strong>chrétienne</strong>, et la marche en avant dans les voies <strong>de</strong> la civilisation païenne.<br />

Comment la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s congrégations religieuses peut-elle en être le « point <strong>de</strong> départ » ?<br />

Ah, c’est que la seule présence <strong>de</strong>s religieux au milieu du peuple chrétien est une prédication continuelle qui ne lui<br />

laisse point perdre <strong>de</strong> vue la fin <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> l'homme, le but principal <strong>de</strong> la société et le caractère que doit avoir la vraie<br />

civilisation. Vêtus d'un costume spécial qui marque ce qu'ils sont et ce qu'ils poursuivent en ce mon<strong>de</strong>, ils disent aux<br />

foules au milieu <strong>de</strong>squelles ils, circulent, que nous sommes tous faits pour le. Ciel et que nous <strong>de</strong>vons y tendre. A cette<br />

prédication muette s'ajoute celle <strong>de</strong> leurs œuvres, oeuvres <strong>de</strong> dévouement qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt point <strong>de</strong> rétribution ici-bas.,<br />

et qui affirment par ce désintéressement qu'il est aune récompense meilleure que tous doivent ambitionner. Enfin leur<br />

enseignement dans les écoles et en chaire ne cesse <strong>de</strong> semer dans l'âme <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong> faire croître dans l'âme <strong>de</strong>s<br />

adultes, <strong>de</strong> propager dans toutes les directions, la foi aux biens éternels. Rien qui s'oppose plus directement et plus efficacement<br />

au rétablissement <strong>de</strong> l'ordre social païen. Rien dont la résurrection <strong>de</strong> cet ordre projetée, voulue, poursuivie<br />

<strong>de</strong>puis quatre siècles, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une plus prompte disparition2 . Si longtemps que les religieux sont là, qu'ils agissent,<br />

qu'ils enseignent, il y a et il y dura non seulement <strong>de</strong>ux jeunesses, mais <strong>de</strong>ux Frances, la France catholique et la France<br />

maçonnique, ayant l'une et l'autre un idéal différent et même opposé, luttant entre elles à qui fera triompher le sien. Et<br />

comme la maçonnerie, aussi bien que le catholicisme, s'étend au mon<strong>de</strong> entier, que partout les <strong>de</strong>ux Cités sont en présence,<br />

partout aussi se voit en même temps le même engagement dans la même bataille. Partout la guerre est déclarée<br />

aux religieux, partout le mot d'ordre est donné <strong>de</strong> les chasser, <strong>de</strong> les ané<strong>anti</strong>r. Que <strong>de</strong> lois, que <strong>de</strong> décrets la Francmaçonnerie<br />

a fait promulguer contre eux, en tous pays, rien que dans le dix-neuvième siècle.<br />

Mais l'ané<strong>anti</strong>ssement <strong>de</strong> la vie monastique n'est et ne peut être, comme le dit M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau, qu' « un point<br />

<strong>de</strong> départ ». Après les religieux restent les prêtres, et si les prêtres eux-mêmes venaient à être dispersés, l'Eglise resterait,<br />

comme aux jours <strong>de</strong>s Catacombes, pour maintenir la foi dans un certain nombre <strong>de</strong> familles et dans un certain<br />

nombre <strong>de</strong> cœurs; et un jour ou l'autre, la, foi rappellerait prêtres et religieux, comme elle le fit en 1800.<br />

Il faut donc quelque chose <strong>de</strong> plus.<br />

D'abord achever d'asservir l'Eglise, puis l'ané<strong>anti</strong>r. L'asservir, en l'a essayé par « l'exécution stricte du Concordat »;<br />

l'ané<strong>anti</strong>r, on espère y parvenir par la loi <strong>de</strong> séparation <strong>de</strong> l'Eglise et <strong>de</strong> l'Etat.<br />

CHAPITRE VIII - OÙ ABOUTIT LA CIVILISATION MODERNE<br />

<strong>La</strong> nécessité d'ané<strong>anti</strong>r l'Eglise pour assurer le triomphe <strong>de</strong> la civilisation mo<strong>de</strong>rne, c'est ce que M. Wal<strong>de</strong>ck-<br />

Rousseau avait donné à entendre dans le discours <strong>de</strong> Toulouse. C'est ce que M. Viviani dit brutalement, le 15 janvier<br />

1901, du haut <strong>de</strong> la tribune.<br />

«Nous sommes chargés <strong>de</strong> préserver <strong>de</strong> toute atteinte le patrimoine <strong>de</strong> la Révolution... Nous nous présentons ici portant<br />

en nos mains, en outre <strong>de</strong>s traditions républicaines, ces traditions françaises attestées par <strong>de</strong>s siècles <strong>de</strong> combat où,<br />

peu à peu, l'esprit laïque s'est dérobé aux étreintes <strong>de</strong> la société religieuse... Nous ne sommes pas seulement face à face<br />

1<br />

Le 12 juillet 1909, M. Clemenceau a dit à la tribune « Rien ne sera fait dans ce pays tant qu'on n'aura pas changé l'état d'esprit qu'y a<br />

introduit l'autorité catholique ».<br />

2<br />

Au XVe siècle comme aujourd'hui, les moines furent attaqués par les humanistes <strong>de</strong> la Renaissance, parce qu'ils représentaient<br />

l'idéal chrétien du renoncement. Les humanistes poussaient l'individualisme jusqu'à l'égoïsme; par leur voeu d'obéissance et <strong>de</strong> stabilité,<br />

les moines le combattaient et le supprimaient. Les humanistes exaltaient l'orgueil <strong>de</strong> l'esprit; les moines exaltaient l'humilité et l'abjection<br />

volontaires. Les humanistes glorifiaient la richesse; les moines faisaient voeu <strong>de</strong> pauvreté. Les humanistes, enfin, légitimaient le<br />

plaisir sensuel; les moines mortifiaient leur chair par la pénitence et la chasteté. <strong>La</strong> Renaissance païenne sentit si bien cette opposition<br />

qu'elle s'acharna contre les Ordres religieux avec autant <strong>de</strong> haine que nos sectaires mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Plus une observance religieuse était rigoureuse, plus elle excitait les colères <strong>de</strong> l'humanisme.<br />

Les encyclopédistes eurent à l'égard <strong>de</strong>s Religieux les mêmes sentiments que les humanistes.<br />

Le 24 mars 1767, Frédéric II, roi <strong>de</strong> Prusse, écrivait à Voltaire : « J'ai remarqué, et d'autres comme moi, que les endroits où il y a plus<br />

<strong>de</strong> couvents <strong>de</strong> moines, sont ceux où le peuple est le plus aveuglément attaché à la superstition (au christianisme). Il n'est pas douteux<br />

que si l'on parvient à détruire ces asiles du fanatisme, le peuple ne <strong>de</strong>vienne un peu indifférent et tiè<strong>de</strong> sur ces objets qui sont actuellement<br />

ceux <strong>de</strong> sa vénération. Il s'agirait <strong>de</strong> détruire les cloîtres, au moins <strong>de</strong> commencer à en diminuer le nombre... »<br />

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