Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
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Gambetta à Jules Favre. - Je persiste plus que jamais à considérer les élections générales comme funestes à la République.<br />
Je me refuse à les accepter, à y faire procé<strong>de</strong>r.<br />
Délégation <strong>de</strong> Tours à Paris. - Les électeurs seraient probablement réactionnaires. Cela est plein <strong>de</strong> périls.<br />
Gambetta à Préfet <strong>de</strong> la Rochelle. - Il fait une assemblée républicaine. Faites tout ce que commandront les élections.<br />
CHALLEMEL-LACOUR (Rhône). - Assemblée sera mauvaise, si nommée sans pression républicaine, etc., etc.<br />
Malgré cette pression révolutionnaire, l’assemblée nationale fut catholique et monarchiste. On sait ce qu’elle fit.<br />
Jamais plus cruelle déception ne suivit un si grand espoir. Le pays vit tomber sans regret, le 4 septembre 1870, un régime<br />
qui, pour la troisième fois, avait compromis son existence. Mais, aux élections du 8 f évrier 1871, il manifesta son<br />
peu <strong>de</strong> confiance en la République, qui avait été proclamée sans lui. Il envoya à Bor<strong>de</strong>aux, pour composer l’Assemblée<br />
nationale, une majorité considérable d’hommes connus par leurs sentiments catholiques et royalistes. Au point <strong>de</strong> vue<br />
politique l’Assemblée comprenait 400 royalistes - légitimistes et orléanistes à peu près égaux en nombre - 30 bonapartistes<br />
et 200 républicains <strong>de</strong> nuances diverses (Hanotaux, Hist. <strong>de</strong> la France contemporaine, I, 38-41).<br />
Le premier acte <strong>de</strong> l’Assemblée nationale fut <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s prières dans toutes les églises « pour supplier Dieu<br />
d’apaiser nos discor<strong>de</strong>s civiles et <strong>de</strong> mettre un terme à nos maux. » Trois députés seulement s’opposèrent à cette motion.<br />
Puis elle déclara d’utilité publique « la construction d’une église sur la colline <strong>de</strong> Montmartre, conformément à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
faite par l’archevêque <strong>de</strong> Paris », c’est-à-dire pour être dédiée au Sacré-Cœur comme ex-voto <strong>de</strong> repentir, <strong>de</strong><br />
prière et d’espérance. Elle voulait relever le pays humilié et désemparé, et c’est à. Dieu qu’elle en <strong>de</strong>mandait les moyens,<br />
obéissant en cela à son mandat aussi bien qu’à ses propres sentiments.<br />
L’armée est à refaire. <strong>La</strong> loi qui la réorganise stipule que, chaque dimanche et chaque jour <strong>de</strong> fête, un temps suffisant<br />
sera donné aux soldats pour remplir leurs <strong>de</strong>voirs religieux. Les aumôniers sont rétablis, non pl us attachés aux régiments,<br />
mais, ce qui est mieux, aux garnisons et aux camps.<br />
Après l’armée, l’enseignement. Le Conseil supérieur <strong>de</strong> l’Instruction publique est réformé. L’Eglise y reçoit sa place<br />
dans la personne <strong>de</strong>s évêques. Bientôt après, l’enseignement supérieur est déclaré libre, et les Universités catholiques<br />
se constituent.<br />
Les commissions administratives <strong>de</strong>s établissements charitables : hospices, hôpitaux, bureaux <strong>de</strong> bienfaisance, sont<br />
réorganisées; le curé est appelé à y siéger à côté du maire.<br />
<strong>La</strong> liberté du bien n’est plus entravée. Non seulement la société <strong>de</strong> Saint-Vincent <strong>de</strong> Paul se reconstitue, mais <strong>de</strong>s<br />
cercles d’ouvriers sont fondés dans les villes, les patronages se multiplient dans les campagnes, et l’instruction religieuse<br />
prépare <strong>de</strong>s générations <strong>chrétienne</strong>s.<br />
Comment ce bel élan put-il être arrêté, puis tourné en sens inverse ?<br />
Beaucoup <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> l’Assemblée nationale étaient peu faits aux intrigues du parlementarisme. Ils se laissèrent<br />
suggestionner. Beaucoup aussi avaient l’esprit plein <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mi-vérités du catholicisme libéral, souvent plus funestes, au<br />
dire <strong>de</strong> Pie IX, que les erreurs manifestes. M. Thiers qui, dans sa jeunesse, avait fait sur le crucifix serment <strong>de</strong> haine à la<br />
royauté1, et qui, dans sa vieillesse, avait l’ambition <strong>de</strong> gouverner la France et <strong>de</strong> régner, eut vite fait <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> la<br />
direction <strong>de</strong> l’Assemblée nationale, pour la mener où il voulait. Et lui-même n’était-il point mené par ceux qui flattèrent son<br />
ambition, espérant bien en avoir le profit ?<br />
Il fallait d’abord conjurer le danger d’une restauration monarchique en la personne du comte <strong>de</strong> Chambord; ce prince<br />
si chrétien et si français était en même temps si ferme dans ses vues <strong>de</strong> gouvernement qu’aucun espoir ne pouvait naître<br />
<strong>de</strong> lui faire renouveler la faute commise par Louis XVIII. Toutes les forces <strong>de</strong> la Révolution, toutes ses factions diverses, à<br />
partir du libéralisme catholique, travaillèrent, non par une entente positive, mais chacune <strong>de</strong> son côté et à sa manière, à<br />
l’écarter du trône <strong>de</strong> ses pères.<br />
Ce fut d’abord la Commune, protégée par M. <strong>de</strong> Bismarck, ménagée, à ses premières heures, par M. Thiers, et soutenue<br />
par la Franc-maçonnerie. Elle voulut d’un seul coup et par la violence, à la mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> 93, ce qui se fait aujourd’hui<br />
d’une manière plus sûre et plus durable par la légalité. Le 26 av ril 1871, cinquante cinq loges, plus <strong>de</strong> dix mille francsmaçons<br />
(Dix à onze mille, estime le Journal Officiel <strong>de</strong> la Commune), conduits par leurs dignitaires, revêtus <strong>de</strong> leurs insignes,<br />
se rendirent en procession sur les remparts pour y planter leurs bannières, ils en arborèrent soixante <strong>de</strong>ux, et à.<br />
l’Hôtel <strong>de</strong> Ville pour saluer le pouvoir révolutionnaire2.<br />
1 En 1849. Michel <strong>de</strong> Bourges rappela le fait dans le 15e bureau <strong>de</strong> l’Assemblée nationale: « Nous jurâmes, M. Thiers et moi, HAINE A<br />
LA MONARCHIE, avec cette circonstance assez piquante : M. Thiers tenait le crucifix quand j’ai prêté serment, et je tenais le même<br />
crucifix quand M.Thiers a juré haine à la monarchie. » C’était dans une vente <strong>de</strong> Carbonari, pourvu que la police n’intervînt pas; et, si<br />
elle intervenait, c’était une réunion d’amis pour fêter un lauréat.<br />
<strong>La</strong> Provence, journal d’Aix, a rappelé longuement ces faits dans son numéro du 1er décembre 1872 alors que M. Thiers était Prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la République, et que, dans cette ville, <strong>de</strong> nombreux amis surveillaient avec soin tout ce qui était écrit sur lui. Aucun démenti n’est<br />
venu.<br />
M. Dupin aîné expliquait comment la révolution <strong>de</strong> 1830 a été si subite et si prompte à aussi parlé <strong>de</strong> ce serment. « Lorsque, dit-il, le<br />
carbonarisme s’établit en France, suivant <strong>de</strong>s formes que <strong>de</strong>s hommes, à cette heure pairs <strong>de</strong> France et fonctionnaires publics allèrent<br />
chercher en Italie et en Allemagne, il eut pour but le renversement <strong>de</strong> tout pouvoir irresponsable et héréditaire. On ne peut y être affilié<br />
sans prêter serment <strong>de</strong> haine aux Bourbons et à la royauté. En quelques lieux même, ce serment était prononcé sur un crucifix et sur<br />
un poignard. Il y a <strong>de</strong>s députés et <strong>de</strong>s pairs qui s’en souviennent ».<br />
2 Voici l’appel que le Grand-Orient <strong>de</strong> France fit à la Franc-maçonnerie universelle, en faveur <strong>de</strong> la Commune. Il fut publié en 1871.<br />
« Frères en maçonnerie et frères compagnons, nous n’avons plus à prendre d’autre résolution que celle <strong>de</strong> combattre et <strong>de</strong> couvrir <strong>de</strong><br />
notre égi<strong>de</strong> sacrée le côté du droit.<br />
« Armons~nous pour la défense !<br />
« Sauvons Paris, sauvons la France !<br />
« Sauvons l’humanité !<br />
« Paris, à la tête du progrès humain, dans une crise suprême, fait son appel à la Maçonnerie universelle » aux compagnons <strong>de</strong> toutes<br />
les corporations, il crie : A moi les enfants <strong>de</strong> la veuve !<br />
Cet appel sera entendu par tous les francs-maçons et compagnons: tous s’uniront pour l’action commune, en protestant contre la<br />
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