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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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les sources historiques fort sûres, 703 loges en France, 627 en Allemagne, 525 en Angleterre, 284 en Ecosse, 227 en Irlan<strong>de</strong>,<br />

192 en Danemark, 79 en Hollan<strong>de</strong>, 72 en Suisse, 69 en Suè<strong>de</strong>, 145 en Russie, 9 en Turquie, 85 dans l’Amérique<br />

du Nord, 120 dans les possessions d’outre-mer <strong>de</strong>s Etats européens.<br />

<strong>La</strong> parole <strong>de</strong> Louis Blanc n’est que trop vraie : « A la veille <strong>de</strong> la Révolution française, la Franc-maçonnerie se trouvait<br />

avoir pris un développement immense; répandue dans l’Europe entière, elle présentait partout l’image d’une société fondée<br />

sur <strong>de</strong>s principes contraires à ceux <strong>de</strong> la société civile.<br />

Sous le Grand Orient, la Loge <strong>de</strong>s Amis réunis était chargée <strong>de</strong> la correspondance étrangère. Son Vénérable était<br />

Savalette <strong>de</strong> <strong>La</strong>nge, chargé <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> du trésor royal, honoré par conséquent <strong>de</strong> toute la confiance du souverain, ce qui<br />

ne l’empêchait, point d’être l’homme <strong>de</strong> toutes les loges, <strong>de</strong> tous les mystères et <strong>de</strong> tous les complots. Il avait fait <strong>de</strong> sa<br />

loge le lieu <strong>de</strong> plaisirs <strong>de</strong> l’aristocratie. Tandis que les concerts et les bals y retenaient les F.:. et les S.:. <strong>de</strong> haut parage, il<br />

se retirait dans un sanctuaire où l’on n’était admis qu’après avoir juré haine à tout culte et à tout roi. Là étaient les archives<br />

<strong>de</strong> la correspondance secrète, là se tenaient les conseils mystérieux.<br />

« Il y avait, dit Barruel, <strong>de</strong>s autres moins connus et plus redoutables encore. Là on évoquait les esprits et on interrogeait<br />

les morts, ou, comme dans la loge d’Ermonville, on se livrait à la plus horrible dissolution <strong>de</strong>s moeurs. »<br />

Pour que la maçonnerie passât <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong> doctrinale et <strong>de</strong> l ’influence morale à l ’action politique, un t ravail<br />

d’organisation et <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong> toutes les obédiences était nécessaire. Il se fit, et le duc <strong>de</strong> Chartres, plus tard Philippe-Egalité,<br />

en fut le pivot. Ce prince était tout désigné pour être le chef <strong>de</strong>s conjurés et leur servir d’égi<strong>de</strong>. « IL le fallait<br />

puissant, dit Barruel, pour appuyer tous les forfaits qu’ils avaient à commettre; il le fallait atroce, pour qu’il s’effrayât peu<br />

du nombre <strong>de</strong>s victimes que <strong>de</strong>vaient entraîner tous ces forfaits. Il lui fallait non pas le génie <strong>de</strong> Cromwel, mais tous ses<br />

vices. Il voulait régner. Mais, pareil au démon, qui veut au moins <strong>de</strong>s ruines s’il ne peut s’exalter, Philippe avait juré <strong>de</strong><br />

s’asseoir sur le trône, dût-il se trouver écrasé par sa chute1». Louis XVI avait été averti, il resta dans une sécurité dont il<br />

ne reconnut l’illusion qu’à son retour <strong>de</strong> Varennes. « Que n’ai-je cru, il y a onze ans ! Tout ce que je vois aujourd’hui, on<br />

me l’avait annoncé2 »<br />

Philippe était déjà Grand-Maître du corps écossais, le plus considérable <strong>de</strong> l’époque, quand, en 1772, il joignit à cette<br />

Gran<strong>de</strong>-Maîtrise celle du Grand Orient. Ses conjurés lui amenèrent alors la Mère-Loge anglaise <strong>de</strong> France. Deux ans<br />

après, le Grand-Orient s’affilia régulièrement les Loges d’adoption et les fit ainsi passer sous la même direction. L’année<br />

suivante, le Grand Chapitre générai <strong>de</strong> France se joignait aussi au Grand-Orient. Enfin, en 1781, un traité solennel intervint<br />

entre le Grand-Orient et la Mère-Loge du rite écossais.<br />

<strong>La</strong> concentration ainsi faite, on se prépara à l ’action. A l’issue du convent <strong>de</strong> Wilhelmsbad, Knigge avait fondé à<br />

Francfort le groupe <strong>de</strong>s Eclectiques. Ce groupe n’avait encore que quatre années d’existence, lors qu’il fut trouvé assez<br />

nombreux et assez répandu au <strong>de</strong>hors pour en convoquer une assemblée générale à la Gran<strong>de</strong> Loge Eclectique. Là, fut<br />

résolu l’assassinat <strong>de</strong> Louis XVI et du roi <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong>3. Le fait est aujourd’hui incontestable : les témoignages abon<strong>de</strong>nt.<br />

D’abord celui <strong>de</strong> Mirabeau qui, à l’ouverture <strong>de</strong>s Etats-Généraux, dit en montrant le roi : « Voilà la victime »; puis celui du<br />

comte <strong>de</strong> Haugwitz, ministre <strong>de</strong> Prusse, au congrès <strong>de</strong> Vérone, où il accompagna sou souverain, en 1822. Il y lut un mémoire<br />

qu’il aurait pu intituler « ma confession ». Il dit que non seulement il avait été franc-maçon, mais qu’il fut chargé <strong>de</strong><br />

la direction supérieure <strong>de</strong>s réunions maçonniques en divers pays. « C’est en 1777 que je nie chargeai <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong>s<br />

Loges <strong>de</strong> Prusse, <strong>de</strong> Pologne et <strong>de</strong> Russie.<br />

« J’y ai acquis la ferme conviction que tout ce qui est arrivé en France, <strong>de</strong>puis 1788, la Révolution française, enfin, y<br />

compris l’assassinat du Roi avec toutes ses horreurs, non seulement avait été décidé dans ce temps, mais que tout avait<br />

été préparé par <strong>de</strong>s réunions, <strong>de</strong>s instructions, <strong>de</strong>s serments et <strong>de</strong>s signaux qui ne baissent aucun doute sur l’intelligence<br />

qui a tout préparé et tout conduit. » « Que ceux qui connaissent mon coeur et mon intelligence jugent <strong>de</strong> l’impression que<br />

ces découvertes produisirent sur moi4.<br />

En 1875, le 7 avril, le cardinal Mathieu, archevêque <strong>de</strong> Besançon, écrivit à l’un <strong>de</strong> ses amis une lettre qui fut commu-<br />

1 M. Stephane Pol a publié, en 1900, un manuscrit inédit <strong>de</strong> Elizabeth Duplay, veuve du conventionnel Le Bas. Aux notes éparses, on<br />

lit : « Robespierre eut une impression affreuse du vote (pour la mort <strong>de</strong> Louis XVI) du duc d’Orléans : « Quoi! dit-il, lorsqu’il pouvait se<br />

récuser si aisément. »<br />

<strong>La</strong> citoyenne Le Bas ajoute : « Cet homme profondément immoral et si désireux <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir roi, avait répandu la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />

sa fortune pour parvenir à son but : les Mirabeau, les Danton, les Camille Desmoulins, les Collot-d’Herbois, les Billaud-Varennes et<br />

tant d’autres aussi méprisables que lui avaient eu part à ses prodigalités corruptrices ».<br />

A la mort <strong>de</strong> Louis XVI, voyant qu’il avait été joué, il envoya à la Franc-maçonnerie sa démission dans une lettre pleine d’amertume.<br />

2 Histoire <strong>de</strong> la Révolution, t. II, p. 74 à 81.<br />

Puisque Varennes se présente ici sous notre plume, rappelons que lorsque les armées alleman<strong>de</strong>s étaient en marche sur Paris, le roi<br />

<strong>de</strong> Prusse fit arrêter ses troupes à Varennes et là, ayant à ses côtés Bismarck et Moltke, les <strong>de</strong>ux génies <strong>de</strong> la victoire, il réunit autour<br />

<strong>de</strong> lui les principaux officiers et leur adressa ces paroles : « Vous savez où nous sommes et quel attentat s’y est accompli, il y a quatrevingts<br />

ans.<br />

C’est d’ici que sont partis tous les malheurs qui sont tombés sur la France. Quand une nation traite ainsi son roi, la main <strong>de</strong> Dieu<br />

s’appes<strong>anti</strong>t sur elle. »<br />

A quelque temps <strong>de</strong> là, le roi Guillaume, proclamé empereur allemand, pour fruit <strong>de</strong> la victoire, rappela lui-même l’inci<strong>de</strong>nt au cardinal<br />

<strong>de</strong> Bonnechose et le commenta <strong>de</strong> manière à en faire une leçon pour la France. (Vie du cardinal <strong>de</strong> Bonnechose, par <strong>Mgr</strong> Besson, t. II,<br />

p. 146.)<br />

3 C’est au grand théâtre <strong>de</strong> Stockholm que Gustave III fut assassiné par quatre seigneurs <strong>de</strong> sa cour. Les meurtriers répandirent le<br />

bruit que le roi avait été frappé par un révolutionnaire français. Mais bientôt ils furent découverts. Gustave n’avait été que blessé, mais<br />

le quatorzième jour il mourut empoisonné, déclara le mé<strong>de</strong>cin Dalberg. Le meurtre <strong>de</strong> Gustave et l’arrivée au pouvoir <strong>de</strong> s on frère<br />

étaient préparés <strong>de</strong> longue date par les loges, ainsi qu’en témoignent les papiers du duc <strong>de</strong> Su<strong>de</strong>rmanie, ainsi que les procès-verbaux<br />

qu’il faisait dresser et qu’il paraphait à la suite <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> magnétisme maçonnique auxquelles il avait assisté en 1783. <strong>La</strong> maçonnerie<br />

avait mis neuf ans à trouver cinq truands en Suè<strong>de</strong> pour assassiner Gustave.<br />

4 L’écrit <strong>de</strong> cet homme d’Etat a été publié pour la première fois à Berlin en 1840, dans l’ouvrage intitulé : Dorrev s Denkscrifften und<br />

Briefen zur charackterislik<strong>de</strong>r wet und litteratur. (T. IV, p. 211 et 221.)<br />

<strong>La</strong> citation ci-<strong>de</strong>ssus est tirée <strong>de</strong> « Histoire et documents sur la Franc-maçonnerie, par le Dr Eckert. »<br />

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