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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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« Mais le temps du mon<strong>de</strong> moral, c’est à nous à le changer. Et que faut-il entendre par ce mot, nous ? Il faut entendre<br />

tous les chrétiens vivant dans la foi. Pour que le calme succè<strong>de</strong> à la tempête, la grâce <strong>de</strong> Dieu est nécessaire : et la<br />

grâce <strong>de</strong> Dieu, tout pécheur l’écarte <strong>de</strong> son peuple par son péché, comme tout juste l’attire sur les siens par ses actes <strong>de</strong><br />

vertu…<br />

« Des hommes, dont les sentiments sont religieux et dont la vie extérieure est d’accord avec les croyances, subissent<br />

l’action <strong>de</strong> l’état général <strong>de</strong>s esprits. Ils ont cela <strong>de</strong> commun avec les chrétiens inconséquents et étrangers à la pratique<br />

<strong>de</strong> la religion, qu’ils veulent conserver les habitu<strong>de</strong>s prises et se refusent implicitement à l’effort et au sacrifice. Mais ils<br />

diffèrent d’eux en ce qu’ils se retournent avec foi vers la Provi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Dieu et atten<strong>de</strong>nt d’elle un coup subit, irrésistible,<br />

qui aura pour effet <strong>de</strong> remettre en un instant toutes choses en leur véritable place. Cette intervention extraordinaire <strong>de</strong> la<br />

Provi<strong>de</strong>nce, par quels moyens espèrent-ils l’obtenir ? Est-ce par la pratique <strong>de</strong> la pénitence ? Est-ce par un retour sincère<br />

et complet à la sainteté <strong>de</strong> leur vocation <strong>chrétienne</strong> et sacerdotale ? Nous avons lieu <strong>de</strong> craindre que telles ne soient pas<br />

les dispositions d’âme du grand uombre. On veut faire violence à Dieu, c’est l’expression la plus ordinairement employée,<br />

mais par <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong> religion, ou nouveaux comme appellation et comme forme, ou recevant un éclat inaccoutumé.<br />

Il n’est peut-être pas <strong>de</strong> mois, <strong>de</strong>puis trois ou quatre ans (et encore <strong>de</strong>puis), où les évêques ne reçoivent une invitation<br />

pressante, et dans le ton assez voisin du comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> répandre dans leur diocèse cette dévotion, qui doit fléchir la<br />

justice divine et triompher définitivemnent <strong>de</strong> l’ennemi; Dieu attendait, nous dit-on, en un langage assez singulier, Dieu attendait<br />

que la prière lui fùt adressée en cette manière et sous cette appellation nouvelle. Souvent même le salut doit venir<br />

d’un acte auquel les fidèles ne prendront aucune part directe.<br />

« Nons attendons un coup <strong>de</strong> sa grâce, sans introduire la moindre réforme, sans apporter la moindre correction dans<br />

la vie <strong>de</strong> simple honnêteté moraIe, <strong>de</strong> vertu incertaine et chancelante qu’il nous a plus d’adopter. En considérant <strong>de</strong> près<br />

ces illusions <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s âmes, on sent monter aux lèvres la parole <strong>de</strong> Notre-Seigneur : Hœc opportuit facere illa non<br />

omittere. Oui, ce sont <strong>de</strong> belles et bonnes choses que les honneurs rendus aux serviteurs <strong>de</strong> Dieu, que les consécrations<br />

solennelles <strong>de</strong> la Patrie au Sacré-Coeur ou à la Très Sainte Vierge, que les pèlerinages à tous les sanctuaires; mais ces<br />

actes <strong>de</strong> religion doivent, ou accompagner les efforts vers une conversion généreuse <strong>de</strong>s âmes, ou manifester <strong>de</strong>s progrès<br />

<strong>de</strong> conversion déjà obtenus : prenons bien gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> nous persua<strong>de</strong>r qu’ils peuvent en tenir place. »<br />

Avant <strong>Mgr</strong> Isoard, Joseph <strong>de</strong> Maistre avait dit à qui lui <strong>de</strong>mandait : « Quand verrons-nous la fin du mal ? » «Nous verrons<br />

la fin du mal, quand les hommes pleureront le mal 1 », pleureront d’avoir perdu <strong>de</strong> vue leurs <strong>de</strong>stinées éternelles; ou<br />

<strong>de</strong> ne point se donner le courage <strong>de</strong> faire ce que ces <strong>de</strong>stinées exigent.<br />

Un étranger, un A nglais, protestant, lord Montagne, dans une lettre adressée à M . Le Play après le châtiment <strong>de</strong><br />

1870-1871, a tenu à peu près le même langage.<br />

« Lorsque je vins à Paris, en décembre <strong>de</strong>rnier, dit-il, quelqu’un me <strong>de</strong>manda si j’y étais venu pour assister à <strong>de</strong>s fêtes<br />

ou pour aller au théâtre. Je répondis : « Je suis venu pour savoir si les Prussiens reviendront. » Alors mon interlocuteur<br />

me débita une longue tira<strong>de</strong> sur l’armement, les soldats et la résolution <strong>de</strong> chaque Français d’avoir une revanche. Quand<br />

il s’arrêta enfin, je lui dis « Je pense qu’il vous serait possible <strong>de</strong> l’avoir, cette revanche. - Comment donc ? - En <strong>de</strong>venant<br />

meilleurs chrétiens que vos vainqueurs.<br />

« En disant meilleurs chrétiens, je n’entends pas seulement parler <strong>de</strong> ceux qui assistent au service divin ou accomplissent<br />

certains actes. Je rappelle que pour être chrétien, il faut observer la loi <strong>de</strong> Dieu, pratiquer la justice et la charité.<br />

Vous attribuez les malheurs <strong>de</strong> la France aux défaillances <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> guerre, à la division <strong>de</strong>s partis, aux préjugés<br />

<strong>de</strong> la nation, et aux sophismes <strong>de</strong>s lettrés. Je le concè<strong>de</strong>. Mais alors le problème consiste à découvrir le remè<strong>de</strong> à ces<br />

maux. Or il ne peut se trouver que dans la loi <strong>de</strong> Dieu, qui réprimant les erreurs et les passions, rappelle les hommes à<br />

leur <strong>de</strong>voir et rétablit parmi eux l’harmonie. Au milieu du XVIIe siècle, les Français apprécièrent plus sainement qu’ils ne<br />

le font aujourd’hui la vraie cause <strong>de</strong> la prospérité et <strong>de</strong> la déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s nations. L’anecdote suivante m’en fournit la<br />

preuve. A la prise <strong>de</strong> Dunkerque, quand les Français entraient dans la forteresse, tandis que les nôtres se retiraient, un<br />

officier anglais dit : « Nous reviendrons bientôt. - Vous reviendrez, répondit un officier français, si nos péchés surpassent<br />

un jour les vôtres. »<br />

Dans l’Instruction pastorale qu’il publia à l’occasion du Jubilé <strong>de</strong> 1886, <strong>Mgr</strong> Isoard dit encore : « Lorsque les maux<br />

dont souffre l’Eglise, à Rome en France, et en d’autres contrées encore, nous causent une juste douleur, ne perdons pas<br />

notre temps à accuser nos adversaires. C’est nous-mêmes qu’il faut accuser; ils ne sont point forts, c’est nous qui<br />

sommes faibles, et faibles par notre faute. Ne nous tenons pas à la piste <strong>de</strong>s dévotions nouvelles, <strong>de</strong>s Unions qui nous<br />

sont données par leurs promoteurs comme <strong>de</strong>vant opérer d’elles-mêmes, et à jour fixe, le salut <strong>de</strong> l’Eglise et <strong>de</strong> la société<br />

! Ce qui doit être fait chez une nation pervertie pour qu’elle se tourne vers Dieu, pour qu’elle vive <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong> sa parole<br />

et <strong>de</strong> sa grâce, saint Pierre d’Alcantara nous l’apprend.<br />

« Un gentilhomme se lamentait auprès du Saint <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s choses en Espagne et le consultait sur ce qu’il avait à<br />

faire contre le désordre <strong>de</strong> la société. Saint Pierre, après un jour <strong>de</strong> réflexion, répondit simplement : « Mettez <strong>de</strong> l’ordre<br />

dans votre propre maison, dans vos propres affaires; traitez comme il convient à un chrétien ceux qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> vous,<br />

et vous aurez fait ainsi votre <strong>de</strong>voir. Si tous les chrétiens faisaient ainsi, il en résulterait un bien immense pour la société.<br />

»<br />

Jean III, roi <strong>de</strong> Portugal, parlant un jour à ses courtisans a dit quels sont ceux qui doivent s’appliquer les premiers à<br />

cette réforme personnelle : « Si les gens <strong>de</strong> condition étaient une fois gens <strong>de</strong> bien, le peuple qui se forme toujours sur<br />

eux, ne manquerait pas <strong>de</strong> réformer ses moeurs. <strong>La</strong> réformation <strong>de</strong> tous les ordres <strong>de</strong> l’Etat consiste principalement clans<br />

une bonne éducation <strong>de</strong> la noblesse. » On dirait aujourd’hui <strong>de</strong>s classes dirigeantes.<br />

C’est en effet par l’éducation et principalement l’éducation <strong>de</strong> ceux qui sont appelés à diriger les autres que toute réforme<br />

doit commencer. Ce serait s’illusionner que <strong>de</strong> c roire que les classes dirigeantes ne c hangeront jamais leurs<br />

moeurs, s’engageront dans une vie vraiment <strong>chrétienne</strong> si leur esprit n’est profondément pénétré <strong>de</strong> la doctrine du Christ.<br />

L’espril comman<strong>de</strong> au coeur et le coeur dirige la vie.<br />

1 Oeuvres complètes, XIV, p. 1426.<br />

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