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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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niquée à M. Léon Pagès et publiée par celui-ci. On y lit : « Il y eut à Francfort en 1784, une assemblée <strong>de</strong> francs-maçons,<br />

où furent convoqués <strong>de</strong>ux hommes considérables <strong>de</strong> Besançon, M. <strong>de</strong> Raymond, inspecteur <strong>de</strong>s postes, et M. Marie <strong>de</strong><br />

Bouleguey, prési<strong>de</strong>nt du Parlement. Dans cette réunion, le meurtre du roi <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong> et celui <strong>de</strong> Louis XVI furent résolus.<br />

Le <strong>de</strong>rnier survivant (<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux) l’a dit à M. Bourgon (Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> chambre honoraire à la Cour) qui a laissé une gran<strong>de</strong><br />

réputation <strong>de</strong> probité, <strong>de</strong> droiture et <strong>de</strong> fermeté parmi nous. Je l’ai beaucoup connu et pendant bien longtemps, car je suis<br />

à Besançon <strong>de</strong>puis quarante-<strong>de</strong>ux ans et il est mort assez récemment. Il a raconté souvent le fait à moi et à d’autres. »<br />

<strong>Mgr</strong> Besson, alors vicaire général du cardinal Mathieu et <strong>de</strong>puis évêque <strong>de</strong> Nîmes, compléta cette révélation en ces<br />

termes : « Je puis confirmer la lettre du cardinal par <strong>de</strong>s détails qui ne sont pas sans intérêt et qui m’ont été racontés<br />

souvent à Besançon, non seulement par M. le prési<strong>de</strong>nt Bourgon, mais par M. Weiss, bibliothécaire <strong>de</strong> la ville, membre<br />

<strong>de</strong> l’Institut et le principal auteur <strong>de</strong> la Biographie universelle, publiée sous le nom <strong>de</strong> Michaud.<br />

M. Bourgon et M. Weiss étaient <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> bien dans toute la force du mol... M. <strong>de</strong> Raymond vécut jusqu’en<br />

1839. Ce fut lui qui leur révéla le secret <strong>de</strong>s loges sur la condamnation <strong>de</strong> Louis XVI, à un âge où l ’on ne doit plus au<br />

mon<strong>de</strong> que la vérité. M. Weiss et M. le prési<strong>de</strong>nt Bourgon citaient encore sur ce sujet les aveux du baron Jean Debry,<br />

préfet du Doubs. Franc-maçon, conventionnel et régici<strong>de</strong>, ce personnage, que les événements avaient éclairé, joua, à<br />

Besançon un rôle honorable, dans les douze années qu’il y passa <strong>de</strong> 1801 à 1814. »<br />

Mais voici qui achèvera <strong>de</strong> convaincre. Dans les premiers jours <strong>de</strong> mars 1898, le R. P. Ahel, Jésuite <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> renommée<br />

en Autriche, dans l’une <strong>de</strong> ses conférences pour hommes données à Vienne à l’occasion du Carême, dit « En<br />

1784, il y eut à Francfort une réunion extraordinaire <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> Loge Eclectique. Un <strong>de</strong>s membres mit aux voix la condamnation<br />

à mort <strong>de</strong> Louis XVI, roi <strong>de</strong> France, et <strong>de</strong> Gustave, roi <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong>. Cet homme s’appelait Abel. C’était mon<br />

grand-père. » Un journal juif, <strong>La</strong> nouvelle Presse libre, ayant reproché à l’orateur d’avoir ‘ainsi déconsidéré sa famille, le<br />

P. Abel dit à la conférence suivante « M on père, en mourant, m’a marqué, comme sa <strong>de</strong>rnière volonté, que je<br />

m’appliquerais à réparer le mal que lui et nos parents avaient fait. Si je n’avais pas eu à ex écuter cette prescription du<br />

testament <strong>de</strong> mon père, daté du 31 juillet 1870, je ne parlerais point comme je le fais1. »<br />

M. Gustave Bord croit que la mort du roi ne fut décidée qu’après Varennes. Il ignore sans doute cette déclaration du<br />

P. Abel qui a été publiée dans les journaux autrichiens au moment où elle a été faite, c’est-à-dire à la date ci-<strong>de</strong>ssus<br />

marquée.<br />

<strong>La</strong> mort du roi décidée, il fallait trouver les moyens <strong>de</strong> l ’accomplir et, pour cela, trouver une assemblée composée<br />

d’hommes capables <strong>de</strong> commettre ce forfait.<br />

MM. Augustin Cochin et Charles Charpentier, dans une étu<strong>de</strong> publiée le 1er et le 16 novembre 1904 dans la Revue<br />

l’Action française, ont montré comment la campagne électorale <strong>de</strong> 1789 a été conduite en Bourgogne. De cette étu<strong>de</strong> et<br />

<strong>de</strong> plusieurs autres semblables, ils sont arrivés à cette conclusion, vérifiée par toutes leurs recherches, que dans l’état <strong>de</strong><br />

dissolution où étaient tombés tous les anciens corps indépendants, provinces, ordres ou corporations, il a été facile à un<br />

parti organisé <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> l’opinion et <strong>de</strong> la diriger sans rien <strong>de</strong>voir ni au nombre <strong>de</strong> ses affiliés, ni au talent <strong>de</strong> ses<br />

chefs. Cette organisation ils la montrent existante et agissante par <strong>de</strong>s documents d’archives2.<br />

En les étudiant <strong>de</strong> près, en relevant les noms et les dates, ils arrivent à « filer » les maçons, à trouver leurs traces<br />

dans une série <strong>de</strong> démarches qui, prises à part, n’ont rien <strong>de</strong> frappant, mais qui, vues d’ensemble, révèlent un système<br />

ingénieux et une entente mystérieuse. Quand on compare les résultats <strong>de</strong> ce travail dans <strong>de</strong>ux provinces différentes et<br />

1 Le P. Abel est fils du fameux ministre <strong>de</strong> Bavière dont la carrière mérite d’être rappelée en <strong>de</strong>ux mots.<br />

D’abord libéral, agent du parti prusso-maçonnique, en Bavière, et par conséquent fidèle à la tradition <strong>de</strong> soit père, le franc-maçon <strong>de</strong><br />

1784, le ministre Abel se convertit a la suite <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> sa femme, et <strong>de</strong>vint ce que les Prussiens appellent un clérical, un ultramontain,<br />

car c’est <strong>de</strong> Prusse que sont sortis ces <strong>de</strong>ux mots, immédiatement adoptés par nos loges.<br />

Abel fut renversé en 1847 par... la danseuse Lola Montès. Le roi voulait la créer comtesse, et il fallait pour cela un acte d’indigénat, que<br />

le ministre refusa <strong>de</strong> signer. Il fut congédié et remplacé par Maurer, le premier protestant qui fut ministre en Bavière. Son premier acte<br />

fut la signature <strong>de</strong> l’acte <strong>de</strong>mandé.<br />

2 En 1888, M. Auguste Canon publia à. Lyon (Librairie Vitte) cette brochure <strong>La</strong> Vérité sur l’Ancien régime et la Révolution. Nous y trouvons<br />

ce passage qui entre dans l’ordre d’idées développé par MM. Charpentier et Cochin:<br />

II se trouve dans certains cahiers (<strong>de</strong>s doléances du Tiers-Etat en 1789), écrit M. Canon, <strong>de</strong>s propositions où perce l’esprit révolutionnaire.<br />

M. Taine donne l’explication <strong>de</strong> ce fait. Des avocats, <strong>de</strong>s procureurs, <strong>de</strong>s notaires <strong>de</strong> petites villes avaient écrit <strong>de</strong> leur chef <strong>de</strong>s<br />

doléances et présenté ses cahiers au chef-lieu du bailliage, sans avoir même assemblé la communauté pour lui en donner lecture.<br />

(Voir Taine, l’Ancien Régime, p. 5109.) (<strong>La</strong> Vérité sur l’Anc. Régime, Canon, p. 68.)<br />

M. L. Ricaud dans un livre considérable : <strong>La</strong> Bigorre et les Hautes-Pyrénées pendant la Révolution. (Paris, librairie Honoré Champion,<br />

et Tarbes, librairie Croharé, 1894), fait la même observation pour la région pyrénéenne.<br />

Examinant les 260 cahiers <strong>de</strong> doléances du Tiers-Etat qui sont conservés dans les Archives du département <strong>de</strong>s Hautes-Pyrénées, M.<br />

Ricaud a recherché comment chaque commune avait rédigé le sien, et il trouve que ces cahiers n’ont nullement été rédigés pan les<br />

communes.<br />

Voici d’abord, dit-il, les cahiers d’Argelès-Bagnères et <strong>de</strong> Bonnemazon. Au premier instant, on remarque qui ni l’un ni l’autre n’a été<br />

composé dans le village dont il exprime les doléances. L’un et l’autre, en effet, sont conçus dans les mêmes termes et écrits presqu’entièrement<br />

<strong>de</strong> la même main. Cela indique une commune origine; car il est impossible que ces <strong>de</strong>ux villages, séparés par une distance<br />

assez considérable et sans rapports <strong>de</strong> voisinage, aient eu les mêmes idées, en même temps que <strong>de</strong>ux écrivains, pour les exprimer<br />

dans les mêmes termes et avec la même écriture. De plus, l’auteur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pièces avait laissé <strong>de</strong>s blancs pour qu’on y insérât<br />

le nom du village, celui <strong>de</strong>s députés qui serait nommés, ainsi que la date du jour où la communauté se réunirait pour signer son cahier<br />

et choisir son mandataire… (<strong>La</strong> Bigorrre, p. 12, 13).<br />

Dans les Hautes-Pyrénées, huit ou dix villages voisins déposèrent parfois le même cahier écrit sur le même cahier avec la même écriture,<br />

tandis que pour d’autres groupes <strong>de</strong> localités, les paysans se bornaient à recopier <strong>de</strong>s formules <strong>de</strong>s formules générales qu’on<br />

leur avait données (<strong>La</strong> Bigorre, p.15 à 21).<br />

Il en fut <strong>de</strong> même d’ailleurs, à quarante lieues <strong>de</strong> la Bigorre, dans l’Armagnac, où un rapport du 29 mai 1789, émané du Marquis <strong>de</strong><br />

Fodoas, qui gouvernait cette contrée, nous apprend que « … Sur un seul brouillon, les avocats, procureurs et notaires <strong>de</strong>s petites<br />

villes, faisaient, pour toutes les communes <strong>de</strong>s copies pareilles, qu’ils vendaient bien cher aux conseils <strong>de</strong> chaque paroisse <strong>de</strong> campagne.<br />

(cité par M. Ricaut, <strong>La</strong> Bigorre, P. 21.)<br />

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