Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
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hiérarchie est <strong>de</strong>structive <strong>de</strong> toute idée sociale. Elle conduit les sociétés aux pires cataclysmes. »<br />
Et plus loin : « Les idées d’égalité sociale imprégnèrent leurs mentalités (<strong>de</strong>s Francs-Maçons), à tel point qu’elles se<br />
manifestèrent avant leurs idées <strong>anti</strong>religieuses, qui triomphèrent à leur tour, non pas comme unique but <strong>de</strong> la maçonnerie,<br />
mais comme conséquence <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> leurs théories <strong>de</strong> l’égalité à l’au <strong>de</strong>là, après les avoir appliquées à. la<br />
vie sociale et politique; non seulement ils s’en imprégnèrent, mais encore ils feront adopter à la France et à l’Europe entière<br />
leurs doctrines <strong>de</strong>venues la raison d’être <strong>de</strong>s sociétés nouvelles. »<br />
Ce fut le 12 août 1792 que la maçonnerie crut que le temps du mystère était passé, que le secret était désormais inutile.<br />
« Jusque-là les Jacobins n’avaient daté les fastes <strong>de</strong> leur Révolution que par les années <strong>de</strong> leur prétendue liberté. En<br />
ce jour, Louis XVI, <strong>de</strong>puis quarante-huit heures déclaré par les rebelles déchu <strong>de</strong> tous les droits au trône, fut emmené<br />
captif aux tours du Temple. En ce même jour, l’ensemble <strong>de</strong>s rebelles, prononça qu’à la date <strong>de</strong> la liberté, on ajouterait<br />
désormais dans les actes publics la date <strong>de</strong> l’égalité. Ce décret lui-même fut daté <strong>de</strong> la quatrième année <strong>de</strong> la liberté; la<br />
première année, le premier jour <strong>de</strong> l’égalité1.<br />
« En ce même jour, pour la première fois, éclata enfin publiquement ce secret si cher aux francs-maçons, et prescrit<br />
dans leurs Loges avec toute la religion du serment le plus inviolable. A la lecture <strong>de</strong> ce fameux décret ils s’écrièrent : «<br />
Enfin nous y voilà; la France entière n’est plus qu’une gran<strong>de</strong> Loge; les Français sont tous francs-maçons et l’univers entier<br />
le sera bientôt comme nous. J’ai été témoin <strong>de</strong> ces transports; j’ai entendu les questions et les réponses auxquelles<br />
ils donnèrent lieu. J’ai vu les maçons jusqu’alors les plus réservés répondre désormais sans le moindre déguisement : «<br />
Oui, enfin, voilà le grand objet <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie rempli. Egalité et Liberté; tous les hommes sont égaux et frères,<br />
tous les hommes sont libres; c’était là l’essence <strong>de</strong> notre co<strong>de</strong>, tout l’objet <strong>de</strong> nos voeux, tout notre grand secret. » J’ai<br />
entendu plus spécialement ces paroles sortir <strong>de</strong> la bouche <strong>de</strong>s francs-maçons les plus zélés, <strong>de</strong> ceux que j’avais vus décorés<br />
<strong>de</strong> tous les ordres <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie et revêtus <strong>de</strong> tous les droits pour prési<strong>de</strong>r aux loges2 » .<br />
Chose curieuse : il était strictement défendu aux francs-maçons <strong>de</strong> jamais présenter aux profanes ces <strong>de</strong>ux mots juxtaposés<br />
: Egalité, Liberté (c’est l’ordre dans lequel ils se trouvaient alors). « Cette loi, dit Barruel, était si bien observée<br />
par les écrivains maçonniques, que je ne sache pas l’avoir jamais vue violée dans leurs livres quoique j’en aie lu un bien<br />
grand nombre et <strong>de</strong>s plus secrets, Mirabeau lui-même, lorsqu’il faisait semblant <strong>de</strong> t rahir le secret <strong>de</strong> l a maçonnerie,<br />
n’osait en révéler qu’une partie, liberté, ici, égalité <strong>de</strong>s conditions, là. Il savait que le temps n’était pas encore venu où ses<br />
F… pourraient lui pardonner d’avoir, par la juxtaposition <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux mots, éveillé l’attention sur le sens qu’ils pouvaient<br />
prendre, éclairés l’un par l’autre. »<br />
Le mot liberté, considéré seul et en lui-même, présente à l’esprit non une chose mystérieuse et secrète, mais une<br />
chose connue et éminemment bonne. C’est même le don le plus précieux qui ait été fait par Dieu à la nature humaine,<br />
celui qui la place dans un règne si supérieur à celui occupé par les animaux : le don <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s actes qui ne soient pas<br />
nécessités, qui, par conséquent, emportent avec eux la responsabilité et le mérite, et permettent par là à chacun <strong>de</strong> nous<br />
<strong>de</strong> grandir indéfiniment.<br />
Le mot égalité appliqué au genre humain mai-que, que dans la diversité <strong>de</strong>s conditions, la communauté d’origine et <strong>de</strong><br />
fin <strong>de</strong>rnière donne à toutes les personnes qui le composent une même dignité.<br />
Aussi la Franc-maçonnerie ne voyait-elle aucun inconvénient, loin <strong>de</strong> là, à ce qu’on la présentât à ceux-ci comme glorifiant<br />
la liberté, à ceux-là comme glorifiant l’égalité. Ce qu’elle ne voulait point en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ses loges, ce qu’elle voulait<br />
au contraire dans leur intérieur, c’est que ces mots fussent présentés ensemble et unis. L’intelligence <strong>de</strong> ce qu’elle avait<br />
eu l’intention <strong>de</strong> mettre dans leur union, voilà ce qu’elle voulait être saisi par ses a<strong>de</strong>ptes et caché au vulgaire. C’était là<br />
son mystère. Et ce mystère, il importe encore aujourd’hui <strong>de</strong> le percer à jour, car la Franc-maçonnerie n’a point cessé <strong>de</strong><br />
mystifier le public par ces mots, qu’elle et les siens prennent dans un sens et les honnêtes gens dans un autre.<br />
Remarquons d’abord quel genre d’égalité la Franc-maçonnerie exaltait dans ses loges. Tous les maçons, fussent-ils<br />
princes, étaient « Frères ». L’égalité qu’elle établissait entre eux marquait que ce qu’elle s’était donné la mission d’établir<br />
dans le mon<strong>de</strong>, ce n’était point l’égalité que nous tenons <strong>de</strong> notre commune origine et <strong>de</strong> nos communes <strong>de</strong>stinées, mais<br />
l’égalité sociale, celle qui doit abolir toute hiérarchie et par conséquent toute autorité, faire régner l’anarchie. Le mot liberté<br />
accolé à celui d’égalité venait accentuer au <strong>de</strong>rnier point cette signification. Il disait que l’égalité voulue ne se trouverait<br />
que dans la liberté, c’est-à-dire dans l’indépendance <strong>de</strong> tous à l’égard <strong>de</strong> tous, après la rupture <strong>de</strong> tous les liens qui rattachent<br />
les hommes les uns aux autres. Donc, plus <strong>de</strong> maîtres ni <strong>de</strong> magistrats, plus <strong>de</strong> prêtres ni <strong>de</strong> souverains, et par<br />
suite <strong>de</strong> subordonnés à quelque titre que ce soit: tous égaux sous le niveau maçonnique, tous libres <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong>s<br />
animaux, pouvant suivre leurs instincts.<br />
C’est à cela que la Franc-maçonnerie voulait dès lors arriver, c’est là qu’elle voulait mener le genre humain; mais<br />
c’était un secret à gar<strong>de</strong>r. Répandons dans le public les mots <strong>de</strong> liberté et d’égalité; mais gardons en pour nous la, signification<br />
<strong>de</strong>rnière.<br />
Déjà Voltaire avait déclaré vouloir rendre la liberté à la raison opprimée par le dogme, et rétablir entre les hommes<br />
l’égalité que le sacerdoce armé <strong>de</strong> la révélation avait rompue. Il n’y a rien <strong>de</strong> si pauvre et <strong>de</strong> si misérable, disait Voltaire,<br />
qu’un homme recourant à un autre homme pour savoir ce qu’il doit croire (Lettre au duc d’Usez, 19 novembre 1760).<br />
1 Il est à remarquer que les <strong>de</strong>ux mots dont est composé le nom que les francs-maçons se sont donné marquent, le premier, ce qu’ils<br />
sont, ou du moins ce qu’ils veulent être et tout le genre humain avec eux, c’est-à-dire libres ou francs, au sens marqué<br />
d’indépendance; et le second, ce qu’ils veulent faire : maçonner construire LE TEMPLE. Nous dirons plus loin ce qu’un ce temple veut<br />
être. Le mot fraternité n’a complété la trilogie que plus tard. Il servit <strong>de</strong> masque à la société pour la faire paraître comme une institution<br />
<strong>de</strong> bienfaisance.<br />
Observons que la formule sacrée <strong>de</strong>s mystères maçonniques était si précieuse à Voltaire que Franklin ayant eu la bassesse <strong>de</strong> lui présenter<br />
ses enfants à bénir, il ne prononça sur eux que ces paroles: Egalité, Liberté. (Condorcet, Vie <strong>de</strong> Voltaire.)<br />
2 « Il existe, dit Barruel, un livre imprimé il y a cinquante ans (par conséquent vers 1750) sous ce titre : De l’origine <strong>de</strong>s francs-maçons<br />
et <strong>de</strong> leur doctrine. Cet ouvrage m’eût été bien utile, si je l’avais connu plus tôt. Qu’on ne m’accuse pas d’avoir été le premier à dévoiler<br />
qu’une égalité et une liberté impies et désorganisatrices étaient le grand secret <strong>de</strong>s arrière-loges. L’auteur le disait aussi positivement<br />
que moi et le démontrait clairement en suivant pas à pas les gra<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la maçonnerie écossaise, tels qu’ils existaient alors. »<br />
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