23.06.2013 Views

Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

M. Loubet, le premier, a déclaré, par sa démarche, qu’à ses yeux le vrai et seul Souverain <strong>de</strong> Rome est le petit-fils <strong>de</strong><br />

Victor-Emmanuel; il ratifia le grand forfait politique et religieux commis en 1870. C’est au nom <strong>de</strong> la France qu’il prétendit<br />

commettre cet acte, le plus opposé qui soit à toute son histoire, au rôle qu’elle a joué dans le mon<strong>de</strong>, à la vocation que<br />

Dieu lui a donnée. Et cela, dans le temps où l’empereur d’Allemagne se pose en gonfalonier <strong>de</strong> l’Eglise 1 !<br />

Il y avait à la Chambre <strong>de</strong>ux prêtres; et ils ont laissé à un laïque, M. Boni <strong>de</strong> Casteliane 2 , le soin <strong>de</strong> revendiquer les<br />

droits imprescriptibles <strong>de</strong> la Papauté et <strong>de</strong> défendre les droits et l’honneur <strong>de</strong> la France, Que dis-je ? L’un d’eux, M. Gayraud,<br />

par son abstention, s’est déclaré indifférent à la question; et l’autre, M. Lemire, a dit, par son vote, à M. Loubet : Je<br />

suis bien aise que vous alliez donner à l’usurpation piémontaise la sanction qu’elle n’a point encore reçue, et, usant <strong>de</strong><br />

mes pouvoirs <strong>de</strong> député, je vous en donne les moyens 3 .<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> ce vote, au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> cette mission donnée à M. Loubet par les députés et par les sénateurs,<br />

Henri Rochefort écrivait dans l’Intransigeant « <strong>La</strong> journée d’hier a été, on peut le dire, excellente pour les sans-patrie... <strong>La</strong><br />

France se meurt, c’est incontestable, mais ils ne seront réellement satisfaits que quand ils pourront s’écrier : « <strong>La</strong> France<br />

est morte ! » Déjà, après la séance du 22 j anvier sur la question Delsor, le même avait écrit : « O n peut dire que la<br />

France a vécu. Elle est encore pour quelque temps une expression géographique. »<br />

Est-ce la réponse définitive à la question que J. <strong>de</strong> Maistre posait à M. <strong>de</strong> Bonald : « <strong>La</strong> France est-elle morte ? »<br />

En 1878, le cardinal Pitra, dans une lettre adressée à M. le Baron Ban<strong>de</strong>, ambassa<strong>de</strong>ur à Const<strong>anti</strong>nople, <strong>de</strong>mandait:<br />

« Demain, où sera la France ? Vous me parlez d’effondrements menaçants sur tous les points <strong>de</strong> l’Europe. Qu’est-ce<br />

donc qu’une situation pareille, et comment en sommes-nous à ce point extrême, qu’il faille, à chaque len<strong>de</strong>main, craindre<br />

un ébranlement universel ? »<br />

En avril 1903, Ed. Drumont disait aussi : « Il n’est point douteux que la France ne soit en ce moment en pleine dépression,<br />

prête à tout, acceptant tout, assistant indifférente aux plus monstrueux attentats. De cet état d’esprit les causes<br />

sont multiples... il semble bien que ce qui a touché la France au coeur, c’est qu’elle a entrevu, pour la première fois peutêtre,<br />

dans son existence <strong>de</strong> nation, la possibilité <strong>de</strong> mourir. Et si le coeur défaille, c’est que le cerveau vacille au milieu <strong>de</strong><br />

la plus effroyable débâcle intellectuelle et morale à laquelle le mon<strong>de</strong> n’ait jamais assisté. »<br />

Le 4 février 1904, au tribunal <strong>de</strong> la Seine, on plaidait, après divorce, un procès <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfant. A qui le confier ?<br />

Les juges se consultaient. Et le prési<strong>de</strong>nt, embarrassé, impuissant, laissa tomber cette parole <strong>de</strong> découragement et <strong>de</strong><br />

tristesse : « Nous vivons dans une société qui s’écroule ! »<br />

Les hommes vraiment intelligents ne se trompent point sur la cause première <strong>de</strong> notre déca<strong>de</strong>nce en tout sens qui<br />

permet <strong>de</strong> poser cette sinistre question: la France meurt-elle? <strong>La</strong> France est-elle morte?<br />

M. <strong>de</strong> Beugny d’Hagerne publia en 1890 dans la Revue du Mon<strong>de</strong> catholique ses notes <strong>de</strong> voyages <strong>de</strong> Paris en Transylvanie.<br />

Il y raconte une entrevue qu’il eut à Fured avec M. Lonkay, directeur du Magyar Ailain (l’Etat hongrois), le grand<br />

journal catholique <strong>de</strong> la Hongrie. « J’aime beaucoup la France, me dit-il, et au milieu <strong>de</strong>s événements politiques <strong>de</strong> notre<br />

époque, que mon métier <strong>de</strong> publiciste me force à étudier tous les jours, il y a <strong>de</strong>ux points que je ne perds jamais <strong>de</strong> vue :<br />

la Papauté et la France. <strong>La</strong> France m’a toujours paru le peuple choisi <strong>de</strong> Dieu pour défendre les droits <strong>de</strong> son Eglise; je<br />

vois toutes les nations <strong>chrétienne</strong>s compter sur elle et attendre d’elle le salut. Malheureusement, il y a bien <strong>de</strong>s choses<br />

qui me font trembler pour vous. Je ne parle pas <strong>de</strong>s folies actuelles <strong>de</strong> vos gouvernants, c’est une maladie, un accès <strong>de</strong><br />

fièvre chau<strong>de</strong>, qui ne peut être que momentanée. <strong>La</strong> guerre entre l’empire allemand et la France est inévitable... Ce sera<br />

un duel à mort. Si la France était encore la fille aînée <strong>de</strong> l’Eglise, si elle avait un chef se disant comme saint Louis le sergent<br />

<strong>de</strong> Jésus-Christ, je ne craindrais rien. Mais, parmi les fautes et les folies <strong>de</strong> votre première révolution, il en est une<br />

qui doit vous attirer <strong>de</strong> terribles châtiments. A cette époque néfaste la France a chassé Dieu <strong>de</strong> ses lois : ce fut un crime<br />

<strong>de</strong> reniement national. Ce crime, tous les gouvernements qui ont suivi la Révolution n’ont pas su, ou n’ont pas pu, ou<br />

n’ont pas osé le réparer. Ce crime a été plus tard imité par d’autres nations catholiques, et je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> souvent si<br />

Dieu ne finira pas, lui aussi, par renier ceux qui l’ont renié. »<br />

Plus récemment, la même crainte était exprimée à Amsterdam, ou plutôt l’affirmative était prononcée par un protestant,<br />

membre <strong>de</strong> l a Chambre-Haute <strong>de</strong>s Etats généraux. Parlant à un r eligieux chassé <strong>de</strong> France par la loi Wal<strong>de</strong>ck-<br />

Rousseau, il <strong>de</strong>mandait :<br />

- Serait-ce vous offenser que d’affirmer la France perdue ?<br />

- Je voudrais, du moins, savoir à quoi vous le jugez, répondit le religieux.<br />

- Aux signes qui annoncent toute décomposition, répliqua le sénateur 4 »<br />

Voyant les signes, il avait cherché la cause <strong>de</strong> cette mort, et il la mettait dans l’abandon du catholicisme. « J’ai mal dit<br />

: « la France perdue », c’est le catholicisme que j’estime perdu en France. Et c’est en cette atrophie du catholicisme que<br />

moi, protestant, je vois le symptôme <strong>de</strong> mort pour la France. »<br />

Au cours <strong>de</strong>s débats soulevés en Belgique par l’émigration en ce pays <strong>de</strong>s religieux qu’un gouvernement, aussi traître<br />

à la patrie qu’impie et inhumain, chasse <strong>de</strong> France, l’un <strong>de</strong>s membres les plus éminents <strong>de</strong> la Chambre belge disait aussi<br />

: « <strong>La</strong> politique <strong>anti</strong>cléricale sera pour la France un suici<strong>de</strong> national. »<br />

Les journaux étrangers ne parlent pas autrement que c es personnages. Qu’il nous suffise <strong>de</strong> c iter le Vaterland <strong>de</strong><br />

Vienne. Dans un article intitulé: L’instigateur du Kulturkampf français, publié le 8 octobre 1904, ii disait aussi : « <strong>La</strong> politique<br />

<strong>anti</strong>religieuse française est une véritable politique <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>. »<br />

1<br />

<strong>La</strong> Prusse a-t-elle cessé d’être ce que l’Opinion nationale disait d’elle au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> Sadowa ? « <strong>La</strong> mission<br />

<strong>de</strong> la Prusse est <strong>de</strong> protest<strong>anti</strong>ser l’Europe, comme la mission <strong>de</strong> l’Italie est <strong>de</strong> détruire le pontificat romain.<br />

» Qui peut le croire ?<br />

2<br />

M. Baudry-d’Asson a appuyé M. Boni <strong>de</strong> Castellane. Au Sénat, M. Dominique Delahaye s’est fait le même honneur. Le projet <strong>de</strong> loi<br />

n’a rencontré à la Chambre que douze opposants !<br />

3<br />

Il est vrai que ce même prêtre, un peu plus tard monta à la tribune pour formuler cette hérésie « <strong>La</strong> constitution <strong>de</strong> l’Eglise n’est pas<br />

une monarchie, l’Eglise n’est pas à proprement parler une hiérarchie. Elle est gouvernée par une série d’autorités locales, contrôlées<br />

par une autorité centrale et supérienre ». Chambre <strong>de</strong>s députés, séance du 15 janvier 1907.<br />

4<br />

Etu<strong>de</strong>s, Numéro du 5 octobre 1902.<br />

228

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!