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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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En France, il n’y avait pas d’électeurs ecclésiastiques à dépouiller, mais il y avait <strong>de</strong>s Ordres à supprimer. Les premiers<br />

attaqués furent les Jésuites. Choiseul donna la raison <strong>de</strong> ce choix : « L’éducation qu’ils donnent étant détruite, tous<br />

les autres corps religieux tomberont d’eux-mêmes. » On sait comment ils arrivèrent à leur suppression.<br />

Le troisième moyen fut le colportage. <strong>La</strong> correspondance <strong>de</strong>s conjurés, les montre attentifs à se rendre compte mutuellement<br />

<strong>de</strong>s ouvrages qu’ils préparent contre le christianisme, du f ruit qu’ils en atten<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong> l’art avec lequel ils<br />

s’emploient à en assurer le succès. Ils les faisaient imprimer pour la plupart en Hollan<strong>de</strong>, et il en paraissait <strong>de</strong> nouveaux<br />

chaque mois.<br />

Pour obtenir la faculté <strong>de</strong> les répandre, ils avaient à la cour <strong>de</strong>s hommes puissants, même <strong>de</strong>s ministres qui savaient<br />

faire taire la loi et favoriser ce commerce d’impiété. C’est en reconnaissance <strong>de</strong> cet étrange usage <strong>de</strong> l’autorité qui leur<br />

était confiée, que Voltaire s’écriait : « Vive le ministère <strong>de</strong> France ! Vive Choiseul ! » (Lettre à Marmontel, 1767). Malesherbes,<br />

qui avait la surintendance <strong>de</strong> la librairie, était, pour cette propagan<strong>de</strong>, d’intelligence avec d’Alembert. Il montrait<br />

dans ses fonctions, une partialité odieuse en faveur <strong>de</strong>s Encyclopédistes. Il rayait <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> Fréron tout ce qui aurait<br />

pu gêner leur oeuvre. Cet homme guillotiné à 70 ans avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour propager les idées<br />

dont il <strong>de</strong>vait mourir et combattre celles qui auraient pu sauver la société.<br />

Dans leur correspondance, les conjurés se félicitent sur les succès qu’ils obtiennent en S uisse, en A llemagne, en<br />

Russie, en Espagne, en Italie. Ce qui montre que dans leur pensée, le complot avoué d’ané<strong>anti</strong>r le christianisme n’était<br />

point limité à la France. M. Brunetière l’a fait remarquer: « l’Encyclopédie était une oeuvre internationale. » Relativement<br />

à l’Angleterre, ils n’ont aucune sollicitu<strong>de</strong>; elle regorge, disent-ils, <strong>de</strong> Sociniens. Pour ce qui est <strong>de</strong> la France Voltaire et<br />

d’Alembert se plaignent <strong>de</strong>s obstacles qu’ils y rencontrent, malgré ce que nous venons <strong>de</strong> dire <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> qu’ils trouvaient<br />

dans les hautes régions. Là où ils ne pouvaient répandre les écrits ouvertement impies ou licencieux, ils en publiaient<br />

d’autres ayant pour but <strong>de</strong> mettre en vogue les grands mots <strong>de</strong> tolérance, raison, humanité, dont la secte n’a point cessé<br />

<strong>de</strong> faire usage, fidèle à la recommandation <strong>de</strong> Condorcet qui lui disait d’en faire son cri <strong>de</strong> guerre (Esquisse du tableau<br />

historique <strong>de</strong>s progrès. Epoque 9).<br />

Bertin, chargé <strong>de</strong> l’administration «le la cassette du roi, comprit le danger <strong>de</strong> cette propagan<strong>de</strong> et porta son attention<br />

sur les colporteurs. Il vit quels livres ils répandaient dans les campagnes. Interrogés par lui, ils dirent que ces livres ne<br />

leur coûtaient rien, qu’ils en recevaient <strong>de</strong>s ballots sans savoir d’où cela leur venait, avertis seulement <strong>de</strong> les placer dans<br />

leurs courses au prix le plus modique. Les instituteurs en étaient également gratifiés. A <strong>de</strong>s jours et heures marqués, ils<br />

réunissaient les ouvriers et les paysans, et l’un d’eux faisait à haute voix lecture du livre qui avait servi à le corrompre luimême.<br />

C’est ainsi que les voies à. la Révolution étaient préparées jusque dans les classes infimes <strong>de</strong> la société.<br />

Les recherches que fit Bertin pour remonter à l a source <strong>de</strong> cette propagan<strong>de</strong>, le conduisirent à un bur eau<br />

d’instituteurs, créé et dirigé par d’Alembert.<br />

Ce bureau s’occupait aussi <strong>de</strong> procurer <strong>de</strong>s instituteurs aux villages et <strong>de</strong> placer <strong>de</strong>s professeurs dans les collèges.<br />

Les a<strong>de</strong>ptes, répandus <strong>de</strong> côté et d’autre, s’informaient <strong>de</strong>s places vacantes, en instruisaient d’Alembert et ses coadjuteurs<br />

et donnaient en même temps <strong>de</strong>s renseignements sur ceux qui se présentaient pour les remplir. Avant <strong>de</strong> les y envoyer,<br />

on leur traçait la règle <strong>de</strong> conduite à suivre et les précautions à prendre suivant les lieux, les personnes et les circonstances.<br />

Déjà alors la Franc-maçonnerie avait compris que nul ne pouvait mieux répandre ses idées, mieux servir ses<br />

<strong>de</strong>sseins que l’instituteur.<br />

Pour s’emparer du peuple, on eut recours à d’autres moyens encore. Barruel signale particulièrement celui employé<br />

par ceux qui se faisaient appeler « Economistes », parce qu’ils se donnaient comme amis du peuple, soucieux <strong>de</strong> ses intérêts,<br />

désireux <strong>de</strong> soulager sa misère et <strong>de</strong> faire observer plus d’ordre et d’économie dans l’administration. <strong>La</strong> race n’en<br />

est point perdue. « Leurs ouvrages, dit Barruel, sont remplis <strong>de</strong> ces traits qui annoncent la résolution <strong>de</strong> faire succé<strong>de</strong>r<br />

une religion purement naturelle à la Religion révélée. » En preuve il apporte l’analyse qu’il fait <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> M. le Gros, prévôt<br />

<strong>de</strong> Saint-Louis du Louvre.<br />

Ces « économistes e avaient persuadé Louis XV que le peuple <strong>de</strong>s campagnes et les artisans <strong>de</strong>s villes croupissaient<br />

dans une ignorance fatale à eux-mêmes et à l’Etat, et qu’il était nécessaire <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s Ecoles professionnelles. Louis<br />

XV, qui aimait le peuple, saisit ce projet avec empressement, et se montra disposé à prendre sur ses revenus propres<br />

pour fon<strong>de</strong>r ces écoles. Bertin l’en détourna. « Il y avait longtemps, dit-il, que j’observais les diverses sectes <strong>de</strong> nos philosophes.<br />

Je compris qu’il s’agissait bien moins <strong>de</strong> donner aux enfants du laboureur et <strong>de</strong> l’artisan <strong>de</strong>s leçons d’agriculture<br />

que <strong>de</strong> les empêcher <strong>de</strong> recevoir les leçons habituelles <strong>de</strong> leur catéchisme ou <strong>de</strong> la religion. Je n’hésitai pas à déclarer<br />

au Roi que les intentions <strong>de</strong>s philosophes étaient bien différentes <strong>de</strong>s siennes. »<br />

Bertin ne se trompait point. Barruel rapporte les aveux et les remords qu’exprima, trois mois avant sa mort, un grand<br />

seigneur qui avait rempli les fonctions <strong>de</strong> secrétaire <strong>de</strong> ce club <strong>de</strong>s « Economistes » : « Nous n’admettions dans notre<br />

société que ceux dont nous étions bien sûrs. Nos assemblées se tenaient régulièrement à l’hôtel du baron d’Holbach. De<br />

peur que l’on en soupçonnât l’objet, nous nous donnions le nom d’économistes. Nous eûmes Voltaire pour prési<strong>de</strong>nt honoraire<br />

et perpétuel. Nos principaux membres étaient d’Alembert, Turgot, Condorcet, Di<strong>de</strong>rot, <strong>La</strong> H arpe, <strong>La</strong>moignon,<br />

gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux, et Damilaville, à qui Voltaire donne pour caractère spécial la haine die Dieu. » Pour achever d’éclairer<br />

le Roi, Bertin lui dévoila le sens <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>mi-mots « Ecr. l’inf. », par lesquels Voltaire terminait un si grand nombre <strong>de</strong> ses<br />

lettres. Il ajouta que tous ceux qui recevaient <strong>de</strong> Voltaire <strong>de</strong>s lettres terminées par l’horrible formule étaient ou membres<br />

du comité secret ou initiés à ses mystères.<br />

Ce club avait été fondé entre les années 1763 et 1766. Au moment où la Révolution éclata, il travaillait donc <strong>de</strong>puis<br />

vingt-trois ans au moins à séduire le peuple, sous le spécieux prétexte <strong>de</strong> lui venir en ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong> soulager ses maux.<br />

Pour arriver au grand but <strong>de</strong> leur conjuration, les sectaires crurent qu’il ne suffisait point d’employer les moyens généraux<br />

que nous venons <strong>de</strong> dire et auxquels tous <strong>de</strong>vaient concourir d’un commun effort. Ils s’attribuèrent chacun une besogne<br />

particulière à laquelle ils se consacrèrent plus spécialement.<br />

Voltaire s’était chargé <strong>de</strong>s ministres, <strong>de</strong>s ducs, <strong>de</strong>s princes et <strong>de</strong>s rois1. Quand il ne pouvait approcher le prince lui-<br />

1 E. J. F. Barbier, avocat au Parlement <strong>de</strong> Paris, a tenu un « Journal historique et anecdotique du règne <strong>de</strong> Louis XV, publié par la so-<br />

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