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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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Dès les premiers jours du pontificat <strong>de</strong> Grégoire XVI, l’Europe commença à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Saint-Siège les « réformes »<br />

dont la Haute Vente avait fait proclamer la nécessité.<br />

Dirigé par Palmerston, l’un <strong>de</strong>s grands chefs <strong>de</strong> la Maçonnerie, Louis-Philippe entraîna les ministres d’Autriche, <strong>de</strong><br />

Prusse et <strong>de</strong> Russie, dans une campagne diplomatique contre le Saint-Siège. Une conférence fut réunie et rédigea le<br />

Memorandum, sorte <strong>de</strong> mise en <strong>de</strong>meure adressée à la Papauté. « Oh ! s’écria Grégoire XVI, la barque <strong>de</strong> Pierre a subi<br />

<strong>de</strong> plus ru<strong>de</strong>s épreuves, nous braverons certainement la tempête. Le trône du roi Philippe d’Orléans croulera, mais celuici<br />

non ! » Ce fut le commencement <strong>de</strong> la campagne qui se poursuivit sous Pie IX et qui aboutit à la sécularisation <strong>de</strong>s<br />

Etats-Pontificaux et à l’occupation <strong>de</strong> Rome.<br />

Dans l’allocution consistoriale qu’il prononça le 29 avril 1848, Pie IX dénonça la pression exercée par les puissances<br />

européennes sur le gouvernement pontifical dans le but <strong>de</strong> le faire pour ainsi dire abdiquer.<br />

« Vous n’ignorez pas, vénérables frères, que déjà, vers la fin du règne <strong>de</strong> Pie VII, notre prédécesseur, les princes<br />

souverains <strong>de</strong> l’Europe insinuèrent au Siège apostolique le conseil d’adopter, pour le gouvernement <strong>de</strong>s affaires civiles,<br />

in mo<strong>de</strong> d’administration plus facile et plus conforme aux désirs <strong>de</strong>s laïques. Plus tard, en 1831, les conseils et les voeux<br />

<strong>de</strong> ces souverains furent plus solennellement exprimés dans le célèbre Memorandum que les empereurs d’Autriche et <strong>de</strong><br />

Russie, le roi <strong>de</strong>s Français, la reine <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Bretagne et le roi <strong>de</strong> Prusse, crurent <strong>de</strong>voir envoyer à Rome par leurs<br />

ambassa<strong>de</strong>urs. Dans cet écrit, il fut question, entre autres choses, <strong>de</strong> la convocation, à Rome, d’une consulte d’Etat formée<br />

par le concours <strong>de</strong> l’Etal pontifical tout entier, d’une nouvelle et large organisation <strong>de</strong>s municipalités, <strong>de</strong><br />

l’établissement <strong>de</strong>s conseils provinciaux, d’autres institutions également favorables à l a prospérité commune, <strong>de</strong><br />

l’admission <strong>de</strong>s laïques à toutes les fonctions <strong>de</strong> l’administration publique et <strong>de</strong> l’ordre judiciaire. Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers points<br />

étaient présentés comme <strong>de</strong>s principes vitaux <strong>de</strong> g ouvernement. D’autres notes <strong>de</strong>s mêmes ambassa<strong>de</strong>urs faisaient<br />

mention d’un plus ample pardon à accor<strong>de</strong>r à tous ou à presque tous les sujets pontificaux qui avaient trahi la foi due à<br />

leur souverain. »<br />

Les princes étrangers, en intervenant ainsi, blessaient la souveraineté dans son essence qui est <strong>de</strong> ne relever que<br />

d’elle-même, et par là nuisaient à leur propre cause. Mais la secte, plus ou moins directement, commandait ou persuadait.<br />

Pie IX, à son avènement, crut <strong>de</strong>voir tenir compte <strong>de</strong>s conseils exposés dans le Memorandum et l’on sait l’effet qu’ils<br />

eurent : ce fut <strong>de</strong> faire proclamer la république à Rome.<br />

Ce qui n’empêcha point la diplomatie, après la restauration du trône pontifical, <strong>de</strong> rendre <strong>de</strong> jour en jour plus pressant,<br />

ses remontrances, et l’on pourrait dire ses injonctions, <strong>de</strong> mettre fin aux abus. Au congrès tenu à Paris après la guerre <strong>de</strong><br />

Crimée furent dites enfin les paroles qui allaient mettre la France au service du Piémont pour « affranchir l’Italie1. »<br />

En même temps qu’elles recommandaient <strong>de</strong> décrier la Rome papale, les Instructions disaient qu’il était nécessaire <strong>de</strong><br />

rappeler les souvenirs <strong>de</strong> la Renie païenne et d’en faire désirer le retour. « Un siècle ne s’écoulera pas, s’écriait un agent<br />

plus ou moins conscient <strong>de</strong>s sociétés secrètes, l’abbé Gioberti, avant que notre patrie ne re<strong>de</strong>vienne aussi belle qu’elle<br />

l’était au temps <strong>de</strong> Scipion» Rome dira plus tard Mazzini, n’est pas une cité, Rome représente une idée. Rome est le sépulcre<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s religions qui ont donné autrefois la vie au mon<strong>de</strong>, et Rome est le sanctuaire d’une troisième religion<br />

future, <strong>de</strong>stinée à donner la vie au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’avenir. Rome représente la mission <strong>de</strong> l’Italie au milieu <strong>de</strong>s nations, le<br />

Verbe <strong>de</strong> notre peuple, l’Evangile éternel <strong>de</strong> l’union universelle» (le Mon<strong>de</strong> du 31 décembre 1864).<br />

Il y a toujours au fond du coeur <strong>de</strong> l’Italien (les Instructions secrètes reprennent la parole) un regret pour la Rome républicaine.<br />

Excitez, échauffez ces natures si pleine d’incan<strong>de</strong>scence, offrez-leur d’abord, mais toujours en secret (les Instructions<br />

parlent ici <strong>de</strong> ce qu’il y a à faire auprès <strong>de</strong>s jeunes gens dans les familles, les collèges et les séminaires), offrezleur<br />

<strong>de</strong>s livres inoffensifs, <strong>de</strong>s poésies resplendissantes d’emphase nationale; puis, peu à peu, vous amenerez vos disciples<br />

au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> cuisson voulu. Quand, sur tous les points à la fois <strong>de</strong> l’Etat ecclésiastique, ce travail <strong>de</strong> tous les jours<br />

aura répandu vos idées comme la lumière, alors vous pourrez apprécier la sagesse <strong>de</strong>s conseils dont nous prenons<br />

l’initiative. »<br />

On était en 1819. Si les Instructions recommandaient <strong>de</strong> propager les idées, elles ne recommandaient pas moins <strong>de</strong><br />

ne point pousser encore à l’action. « Rien n’est mûr, disent-elles, ni les hommes, ni les choses, et rien ne le sera encore<br />

<strong>de</strong> bien longtemps. Mais <strong>de</strong> ces malheurs (<strong>de</strong> ce qui était déjà arrivé pour avoir voulu trop tôt précipiter le mouvement, et<br />

<strong>de</strong> l’intervention armée <strong>de</strong> l’Autriche que l’on voyait alors menaçante), vous pouvez facilement tirer une nouvelle cor<strong>de</strong> à<br />

faire vibrer au coeur du jeune clergé. Ce sera la haine <strong>de</strong> l’étranger. Faites que l’Allemand (il Te<strong>de</strong>sco) soit ridicule et<br />

odieux avant même son entrée prévue. »<br />

Un document, daté du 20 octobre 1821, traçait la stratégie à suivre dans les divers pays <strong>de</strong> l’Europe pour « la lutte<br />

maintenant engagée entre sacerdotal ou monarchique et le principe <strong>de</strong> liberté. »<br />

Il disait spécialement pour l’Italie : « En Italie, il faut rendre impopulaire le nom <strong>de</strong> l’étranger, <strong>de</strong> sorte que, lorsque<br />

Rome sera sérieusement assiégée par la Révolution, un secours étranger soit tout d’abord un affront, même pour les indigènes<br />

fidèles. »<br />

<strong>La</strong> Haute Vente s’efforçait surtout, on vient <strong>de</strong> l’entendre, <strong>de</strong> gagner le clergé à ces idées d’affranchissement politique;<br />

« 3. <strong>La</strong> Corse, la Sardaigne, la Sicile, les Sept-Îles et toutes les autres îles situées sur les côtes <strong>de</strong> la Méditerranée, formeront une partie<br />

<strong>de</strong> l’Empire romain.<br />

« 4. Rome sera la capitale <strong>de</strong> l’Empire et le siège <strong>de</strong>s Césars » (Samt-Edme, Constitution et organisation <strong>de</strong>s carbonari, 1821).<br />

1 Quand Napoléon III eut manifesté ses intentions secrètes par les paroles adressées en janvier 1859 à l’ambassa<strong>de</strong>ur d’Autriche, <strong>Mgr</strong><br />

Pie, effrayé, lui <strong>de</strong>manda audience. L’empereur dit à l’évêque : « <strong>La</strong> France n’a pas entretenu à Rome une armée d’occupation pour y<br />

consacrer <strong>de</strong>s abus. »<br />

<strong>Mgr</strong> Pie <strong>de</strong>manda la permission <strong>de</strong> s’expliquer sur ce sujet en toute liberté. Il faut lire dans le beau livre <strong>de</strong> <strong>Mgr</strong> Baunard : Histoire du<br />

cardinal Fie, les paroles courageuses qu’il fit entendre.« Il se glisse <strong>de</strong>s abus partout, et quel gouvernement peut se flatter d’y échapper?<br />

Mais j’ose affirmer qu’il n’en existe nulle part <strong>de</strong> moins nombreux que dans la ville et dans. les Etats gouvernés par le Pape. -<br />

Qu’a fait notre glorieuse expédition <strong>de</strong> Crimée ? N’est-ce pas plutôt à Const<strong>anti</strong>nople et en Turquie qu’à Rome que la France serait allée<br />

pour maintenir <strong>de</strong>s abus? »<br />

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