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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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Nous voyons bien quels personnages <strong>Mgr</strong> Dupanloup avait en vue dans ses reproches, sur qui il voulait faire retomber<br />

la lour<strong>de</strong> responsabilité d’avoir refusé son concours au s alut <strong>de</strong> la France, et d’avoir ainsi mérité les malédictions <strong>de</strong><br />

l’avenir; mais nous doutons que l’histoire s’associe à. la pensée qui a inspiré ces paroles et se montre d’accord avec le<br />

prélat sur les personnes à qui elle attribuera cette responsabilité. Quoi qu’il en soit, la prophétie <strong>de</strong>vait se réaliser : nous<br />

fûmes, dès ce moment, précipités sur la pente fatale; et maintenant, nous roulons vers l’abîme.<br />

L’Assemblée nationale fit d’excellentes lois et permit la fondation d’excellentes institutions mais bientôt les républicains<br />

abolirent ces lois, détruisirent ces institutions, forgèrent <strong>de</strong>s lois et établirent <strong>de</strong>s institutions en sens contraire.<br />

L’assemblée donnait avec raison, dans son estime, la première importance aux questions religieuses et morales, puis<br />

aux questions sociales. Elle se trompait en pl açant au <strong>de</strong> rnier rang, dans l’ordre <strong>de</strong> succession, la question politique.<br />

Dans l’oeuvre du labour, la charrue importe bien plus que les boeufs qui la traînent; cependant la charme n’est point placée<br />

avant les boeufs. Il fallait d’abord restaurer le pouvoir, ce n’était point à l’assemblée qu il appartenait <strong>de</strong> faire ce dont<br />

elle ne pouvait assurer ni la défense ni la durée. Son unique <strong>de</strong>voir était <strong>de</strong> reconstituer l’autorité, <strong>de</strong> laisser son auguste<br />

représentant venir reprendre sa place à notre tête.<br />

Elle ne le fit point, parce que beaucoup <strong>de</strong> ses membres étaient plus ou moins atteints <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisme, c’est-à-dire<br />

imbus <strong>de</strong>s idées mo<strong>de</strong>rnes.<br />

« L’essence du mo<strong>de</strong>rnisme, dit M. Charles Perrin, c’est la prétention d’éliminer Dieu <strong>de</strong> la vie sociale. L’homme, suivant<br />

l’idée mo<strong>de</strong>rne, étant à lui-même son Dieu et le maître souverain, du mon<strong>de</strong>, il faut que dans la société tout se fasse<br />

par lui et par la seule autorité <strong>de</strong> la loi qu’il porte. Ceci est le mo<strong>de</strong>rnisme absolu, donnant la contradiction radicale à.<br />

l’ordre social qu’avait fondé l’Eglise, à cet ordre suivant lequel la vie publique et la vie privée se rapportaient à la même<br />

fin, et où tout se faisait directement en vue <strong>de</strong> Dieu, et sous la suprême autorité du pouvoir institué <strong>de</strong> Dieu pour régir<br />

l’ordre spirituel.<br />

« Il y a un mo<strong>de</strong>rnisme tempéré qui ne fait pas ouvertement la guerre à Dieu, et qui, en quelque sorte compose avec<br />

lui. Sans le nier, ni le combattre, il lui mesure, en le mettant dans le droit commun, la place qu’il peut occuper parmi les<br />

hommes. Par cette <strong>La</strong>ctique, toit en conservant les apparences d’un certain respect, il met Dieu sous la domination et<br />

sous la tutelle <strong>de</strong> l’Etat, Ce mo<strong>de</strong>rnisme tempéré et circonspect, c’est le libéralisme <strong>de</strong> tout <strong>de</strong>gré et <strong>de</strong> toute nuance.»<br />

On peut dire avec autant <strong>de</strong> vérité : c’est le maçonnisme, comme nous le verrons plus loin.<br />

« Suivant les circonstances, continue M. Charles Perrin, la révolution incline d’un côté ou <strong>de</strong> l’autre, mais elle reste<br />

toujours la même quant à sa prétention fondamentale : la sécularisation <strong>de</strong> la vie sociale à tous ses <strong>de</strong>grés et sous toutes<br />

ses formes.<br />

« Quelle étrange illusion! Quelle contradiction singulière que <strong>de</strong> s e flatter <strong>de</strong> rendre à notre temps quelque stabilité,<br />

tout en acceptant, à un <strong>de</strong>gré quelconque, d’une façon ou d’une autre, si atténuée qu’elle puisse être, l’idée du mo<strong>de</strong>rnisme»<br />

(Le Mo<strong>de</strong>rnisme dans l’Eglise, d’après <strong>de</strong>s lettres inédites <strong>de</strong> <strong>La</strong>mennais).<br />

Dans le recueillement <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rnières années, M. Guizot, l’homme <strong>de</strong> 1830, avait pourtant fait cette confession et<br />

adressé à ceux <strong>de</strong> son parti cette exhortation: « Nous nous sommes crus les sages, les pru<strong>de</strong>nts, les politiques: nous<br />

avons méconnu non seulement les limites <strong>de</strong> notre puissance, mais les droits <strong>de</strong> la Puissance souveraine qui gouverne le<br />

mon<strong>de</strong> et nous-mêmes; nous n’avons pas tenu compte <strong>de</strong>s lois éternelles que Dieu nous a faites, et nous avons formellement<br />

prétendu mettre à leur place, et partout, nos propres lois. Hâtons-nous <strong>de</strong> sortir dos ornières où l’esprit révolutionnaire<br />

nous a jetés; elles nous mèneraient toujours aux mêmes abîmes. » Il ne fut point écouté par ceux mêmes qui procédaient<br />

<strong>de</strong> lui.<br />

Henri V avait montré sa ferme résolution <strong>de</strong> régler toutes les questions politiques et sociales du temps, non suivant le<br />

mo<strong>de</strong>rnisme, mais suivant le christianisme. Il avait ainsi formulé sa pensée souterraine : Faire rentrer Dieu en maître<br />

dans la société, afin que lui-même pût y régner en roi1.<br />

Cette parole choqua les catholiques libéraux; et pour ceux qui n’étaient pas infectés <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisme, ou ne l’étaient<br />

qu’à faible dose, ils ne savaient pas ce qu’est la Franc-maçonnerie et le rôle qu’elle joue <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux siècles. C’est l’aveu<br />

que M. <strong>de</strong> Marcère a fait loyalement. Cette ignorance les rendit hésitants, incertains <strong>de</strong> ce qu’ils <strong>de</strong>vaient faire, et <strong>de</strong>vant<br />

ces hésitations, la Révolution s’enhardit et finit par emporter la place.<br />

Il y eut cependant quelques hommes qui eurent l’intuition <strong>de</strong>s mesures qu’il eût été nécessaire <strong>de</strong> prendre contre les<br />

sociétés secrètes internationales. On en trouve la preuve dans le Rapport <strong>de</strong> la Commission d’Enquête parlementaire sur<br />

l’insurrection du 18 mars.<br />

Voici en effet ce qu’on peut lire dans H. Ameline, fin du tome III <strong>de</strong>s dépositions2.<br />

« M. le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission. - Des mesures spéciales doivent être prises contre les sociétés secrètes affiliées<br />

à <strong>de</strong>s factions étrangères. On dit qu’on rendrait un grand service à la France en détruisant l’Internationale; mais quel est<br />

le moyen d’y arriver ? Ce n’est pas en déportant quelques individus. Il faut que ceux qui font partie <strong>de</strong>s sociétés secrètes<br />

affiliées à. <strong>de</strong>s sociétés secrètes étrangères, cessent d’être <strong>de</strong>s citoyens français et, par cela même, puissent, à toute<br />

heure, être expulsés du territoire. »<br />

Pourquoi les mesures proposées par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission lors <strong>de</strong> l’insurrection <strong>de</strong> 1871, n’ont-elles pas été<br />

appliquées à la Franc-maçonnerie ?<br />

On ne savait pas, on n’osait pas.<br />

CHAPITRE XXI - SOUS LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE<br />

En octobre 1872 avait eu lieu dans la province <strong>de</strong> Novare, à Lucano, un conciliabule <strong>de</strong>s principaux chefs <strong>de</strong> la ma-<br />

1 A ceux qui lui reprochaient d’avoir fait <strong>de</strong> son gouvernement l’allié <strong>de</strong> l’Eglise, Garcia Moreno répondait avec Henri V : « Ce pays est<br />

incontestablement le royaume <strong>de</strong> Dieu; il lui appartient en propre et il n’a fait autre chose que le confier à ma sollicitu<strong>de</strong>. Je dois donc<br />

faire tous les efforts possibles pour que Dieu règne dans ce royaume, pour que mes comman<strong>de</strong>ments soient subordonnés aux siens,<br />

pour que mes lois fassent respecter ses lois. »<br />

2 Enquête sur l’insurrection du 18 mars 1871, p. 253. (Paris, Dentu, 1872.)<br />

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