Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Herman <strong>de</strong> Viec Archevêque-électeur <strong>de</strong> Cologne, qui dut être mis au ban <strong>de</strong> l’empire pour sa connivence avec les protestants,<br />
Jacobus d’Anvers, prévôt <strong>de</strong>s Augustins <strong>de</strong> cette ville, et Nicolas Van Noot, qui encoururent l’un et l’autre les<br />
mêmes reproches, mais aussi Coligny, le chef du parti calviniste en France.<br />
Douze ans auparavant, quatre ans après la constitution <strong>de</strong> la Loge d’Amsterdam, Franz <strong>de</strong> Seckongen, dont la révolte<br />
avait manqué <strong>de</strong> m ettre toute l’Allemagne en guerre civile, mourait <strong>de</strong> ses blessures dans son château-fort <strong>de</strong><br />
<strong>La</strong>ndstuchl, assiégé par les princes alliés <strong>de</strong> Trêves, <strong>de</strong> la Hesse et du Palatinat. « Où sont, s’écriait-il, tous nos amis ?<br />
Où sont les seigneurs d’Arnberg, <strong>de</strong> Furstenberg, <strong>de</strong> Zollern, les Suisses, mes amis, alliés <strong>de</strong> Strasbourg, et tous les<br />
amis <strong>de</strong> la fraternité qui m’avaient tant promis et qui m’ont si mal tenu parole ? » M . Z. Janssen, dans son ouvrage :<br />
L’Allemagne et la Réforme, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : « De quels éléments était composée cette FRATERNITÉ dont parle le mourant ?<br />
» Il n’est pas impossible que la réponse se trouve dans ce qui précè<strong>de</strong>.- Il est en effet à remarquer que les villes où,<br />
d’après la Charte <strong>de</strong> Cologne, <strong>de</strong>s Loges étaient établies, sont celles où le protest<strong>anti</strong>sme trouva ses premiers adhérents.<br />
De ces faits, nous voyons sortir une probabilité sérieuse, que la Franc-maçonnerie eut une part très gran<strong>de</strong> dans le<br />
mouvement d’idées qui se manifesta à la Renaissance, et qui voulut s’imposer à la société <strong>chrétienne</strong> par la Réforme,<br />
soit qu’elle existât auparavant, soit qu’elle doive son existence aux humanistes, qui l’auraient créée précisément pour incarner<br />
en quelque sorte en elle leur conception <strong>de</strong> la vie et leur conception <strong>de</strong> la société.<br />
A ses origines, la Franc-maçonnerie <strong>de</strong>vait s’envelopper d’un secret bien plus impénétrable qu’elle ne le peut <strong>de</strong> nos<br />
jours, après une action continuée durant plusieurs siècles; <strong>de</strong> là, la difficulté d’y retrouver ses traces. Mais la part qu’elle<br />
prit à l a Révolution donne aux indices que nou s venons <strong>de</strong> r ecueillir une valeur probante qu’ils n’auraient point aussi<br />
gran<strong>de</strong> par eux-mêmes; car c’est bien la pensée <strong>de</strong>s humanistes, telle que nous l’avons vue, que la Révolution a voulu<br />
réaliser dans la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> l’Eglise catholique et dans l’établissement du culte <strong>de</strong> la nature.<br />
Louis Blanc reconnaît que c’est bien là, le but que poursuit la Franc-maçonnerie : « Dans le gra<strong>de</strong> du chevalier du soleil,<br />
lorsqu’une réception avait lieu, le Très Vénérable commençait par <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au premier surveillant : « Quelle heure<br />
est-il ? » Et celui-ci <strong>de</strong>vait répondre « L’heure <strong>de</strong> l’obscurité parmi les hommes ». Interrogé à son tour sur les motifs qui<br />
l’amenaient, le récipiendaire répondait : « Je viens chercher la lumière, car mes compagnons et moi nous sommes égarés<br />
à travers la nuit qui couvre le mon<strong>de</strong>. Des nuages obscurcissent Hesperus, l’étoile <strong>de</strong> l’Europe; ils sont formés par<br />
l’encens que la superstition offre aux <strong>de</strong>spotes. » O n ne pe ut dire plus clairement que l a civilisation catholique a jeté<br />
l’Europe dans les ténèbres, que le genre humain a perdu <strong>de</strong> vue la fin naturelle <strong>de</strong> l’homme, et que la Franc-maçonnerie<br />
s’est donné la mission <strong>de</strong> lui ouvrir les yeux.<br />
Longtemps les historiens ont écarté délibérément la Franc-maçonnerie <strong>de</strong> l’histoire; et par là ils ont présenté la Révolution<br />
sous un jour faux et trompeur.<br />
M. Wallon, en publiant les procès-verbaux qui furent dressés sur l’heure, nous a enfin exposé les faits tels qu’ils se<br />
sont produits; mais il ne remonte, pas aux causes et aux agents premiers qui ont amené ce cataclysme, aux, idées dont<br />
la propagan<strong>de</strong> l’a rendu possible. Tocqueville et Taine, qui ont apporté dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Révolution une critique si éclairée,<br />
n’ont point porté leurs investigations sur le domaine <strong>de</strong>s sociétés secrètes.<br />
Les agissements <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie en ces <strong>de</strong>rniers temps ont donné l’éveil. Ou la voit nous préparer <strong>de</strong> nouveau<br />
bouleversements et <strong>de</strong> nouvelles ruines. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si les malheurs et les crimes qui ont marqué la fin du<br />
XVIIIe siècle ne lui sont pas imputables. M. Maurice Talmeyr a fait récemment une conférence qu’il a ensuite publiée en<br />
brochure, sous ce titre : <strong>La</strong> F ranc-maçonnerie et la Révolution française. M. Copin-Albancelli, M. Prache et d’autres<br />
s’appliquèrent, dans différentes publications, à faire sortir <strong>de</strong>s ténèbres soigneusement entretenues, la part prise par les<br />
sociétés secrètes dans la Révolution. Pour leur démonstration, ils purent puiser dans l’ouvrage publié, il y a trente ans,<br />
par N. Deschamps, sous ce titre : Les sociétés secrètes et la société, complétée en 1880 par Claudio Jaunet. Et ceux-ci<br />
avaient mis largement à contribution un ouvrage antérieur, publié en pleine Révolution, en 1798, par Barruel : Mémoires<br />
pour servir à l’histoire du jacobinisme.<br />
Ces Mémoires ne donnent point, comme le titre pourrait le faire croire, <strong>de</strong>s documents à mettre en oeuvre pour faire<br />
l’histoire <strong>de</strong>s crimes commis par les Jacobins; ce que Barruel, dans ses cinq volumes, s’appliqua à fournir aux futurs historiens<br />
<strong>de</strong> la Terreur, ce sont les renseignements qui leur permettraient d’établir le point <strong>de</strong> départ, les agents premiers et<br />
les causes cachées <strong>de</strong> la Révolution. « Dans la Révolution Française, dit-il, tout, jusqu’à ses forfaits les plus épouvantables,<br />
tout a été prévu, médité, combiné, résolu, statué; tout a été l’effet <strong>de</strong> la plus profon<strong>de</strong> scélératesse, puisque tout a<br />
été amené par <strong>de</strong>s hommes qui avaient seuls le fil <strong>de</strong>s conspirations ourdies dans <strong>de</strong>s sociétés secrètes, et qui ont su<br />
choisir et hâter le moment propice aux complots. »<br />
<strong>La</strong> conviction <strong>de</strong> cette préméditation et <strong>de</strong> ces conspirations résulte <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong> ses cinq volumes. En tête du quatrième,<br />
dans le « Discours préliminaire », il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: « C omment les a<strong>de</strong>ptes secrets du mo<strong>de</strong>rne Spartacus (Weishaupt)<br />
ont-ils présidé à tous les forfaits, à tous les désastres <strong>de</strong> ce fléau <strong>de</strong> brigandage et <strong>de</strong> férocité appelé la « Révolution<br />
»? Comment prési<strong>de</strong>nt-ils encore à tous ceux que la secte médite pour consommer la dissolution <strong>de</strong>s sociétés humaines1<br />
?<br />
En consacrant ces <strong>de</strong>rniers volumes à éclairer ces questions, je ne me flatte pas <strong>de</strong> les résoudre avec toute la précision<br />
et les détails <strong>de</strong>s hommes qui auraient la faculté <strong>de</strong> suivre la secte « Illuminée » dans ses souterrains, sans perdre<br />
un instant <strong>de</strong> vue les chefs ou les a<strong>de</strong>ptes... En recueillant les traits qui me sont dévoilés, je n’en aurai pas moins assez<br />
pour signaler la secte partout où les forfaits signalent sa fatale influence.<br />
On comprend le puissant, le poignant intérêt que présente la lecture <strong>de</strong> cet ouvrage à l’heure actuelle2. Ce qui se<br />
passe, ce à quoi nous assistons, est le second acte du drame commencé il y a un siècle, pour réaliser l’idée <strong>de</strong> la Renaissance<br />
substituer une civilisation dite mo<strong>de</strong>rne à la civilisation <strong>chrétienne</strong>. C’est la même Révolution, ravivée à son<br />
foyer, avec l’intention, que Barruel avait déjà pu constater, d’en étendre l’incendie au mon<strong>de</strong> entier. Il nous montre ce<br />
1<br />
Ce qu’elle méditait <strong>de</strong> reprendre au len<strong>de</strong>main même <strong>de</strong> la Révolution, elle l’exécute aujourd’hui sous nos yeux. Ce sont bien encore<br />
les francs-maçons qui prési<strong>de</strong>nt à tout ce que nous voyons.<br />
2<br />
II était <strong>de</strong>venu introuvable, il est édité <strong>de</strong> nouveau avec notes explicatives par la direction du journal <strong>La</strong> Bastille.<br />
24