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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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prets yeux.<br />

Impuissantes à s’opposer à la marche <strong>de</strong>s événements, les sociétés secrètes s’efforcèrent donc, lors <strong>de</strong> la Restauration,<br />

<strong>de</strong> l es diriger à l eur profit pour empêcher l’ordre social fondé sur la foi <strong>de</strong> s e rasseoir en E urope, et surtout en<br />

France. Ce qu’elles avaient obtenu par la « Sainte-Alliance » <strong>de</strong> l’empereur <strong>de</strong> Russie, <strong>de</strong> l’empereur d’Autriche et du roi<br />

<strong>de</strong> Prusse, elles s’efforcèrent <strong>de</strong> l’obtenir du roi <strong>de</strong> France. Sans doute, Louis XVIII, personnellement, n’était point un catholique<br />

<strong>de</strong> première trempe, il avait bu à la coupe <strong>de</strong> son siècle; mais il avait le sens royal, et s’il n’eût été circonvenu, s’il<br />

eût eu les mains libres, il eût, sans aucun doute, donné à la France une Restauration plus parfaite et plus soli<strong>de</strong>.<br />

Entre toutes les conquêtes <strong>de</strong> la Révolution, celle qui était la plus importante aux yeux <strong>de</strong> la secte, la plus utile à ses<br />

<strong>de</strong>sseins, la plus nécessaire a gar<strong>de</strong>r, c’était l’indifférence du pouvoir à l’égard <strong>de</strong> la religion. Aussi, ce qu’elle craignait le<br />

plus dans la restauration royaliste qui, en 17 99, s’annonçait comme imminente, c’était le rétablissement <strong>de</strong> l a religion<br />

d’Etat; et ce qu’elle s’efforça par-<strong>de</strong>ssus tout d’obtenir lorsque la Restauration se fit, ce fut le maintien <strong>de</strong> l’égale protection<br />

<strong>de</strong> tous les cultes que Napoléon avait mise en vigueur1.<br />

Une autre question qu’elle avait également à coeur, c’était celle <strong>de</strong> la souveraineté. Elle voulait bien que le roi régnât,<br />

elle ne pouvait consentir à ce qu’il gouvernât, à ce qu’il eût en mains l’autorité efficace et réelle. <strong>La</strong> Charte déclara bien<br />

que l’autorité résidait tout entière dans la personne du roi, et que la religion catholique était la religion <strong>de</strong> l’Etat : l’article 6<br />

témoignait <strong>de</strong>s intentions du roi, ruais ce n’était que <strong>de</strong>s mots contredits par l’article 5 et par l’article 7. Et <strong>de</strong> même que,<br />

la Constitution accordait la liberté <strong>de</strong>s cultes et la liberté <strong>de</strong> la presse, elle restaurait la liberté <strong>de</strong> la tribune, silencieuse<br />

<strong>de</strong>puis dix ans. Deux maîtres illuminés, Talleyrand et Dallery, usèrent près <strong>de</strong> Louis XVIII <strong>de</strong>s influences dont vient <strong>de</strong><br />

parler J. <strong>de</strong> Maistre pour obtenir que le roi apportât avec lui ces pestes, comme tes appelle Grégoire XVI. D’autres agirent<br />

près d’Alexandre, et c’est sur son invitation péremptoire que Louis XVIII fit la déclaration <strong>de</strong> Saint-Ouen, qui donna à la<br />

secte le gage <strong>de</strong>s libertés constitutionnelles. C’est à ce moment-là même que fut créé le mot libéral, <strong>de</strong>stiné à servir <strong>de</strong><br />

voile aux idées et aux oeuvres <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie.<br />

Cependant, l’élan d’amour avec lequel la France accueillit son roi, et la joie avec laquelle elle se porta vers les autels,<br />

fit craindre que les précautions prises <strong>de</strong>vinssent inutiles. Le retour <strong>de</strong> Napoléon fu résolu, préparé, accompli.<br />

Dans les premiers jours <strong>de</strong> janvier 1910, l’historien <strong>de</strong> Napoléon, M. Frédéric Masson, publia les papiers inédits <strong>de</strong><br />

Camille Gautier et <strong>de</strong> Dumonin. Ils apportèrent la preuve que le retour <strong>de</strong> l’île d’Elbe fut une machination maçonnique. A<br />

Grenoble et en Dauphiné, le nombre <strong>de</strong>s maçons étaient considérable en 1789. En 1814, il s’accrut <strong>de</strong> tous les officiers<br />

renvoyés, qui se groupèrent sous la direction <strong>de</strong> Gautier2.<br />

Ce fut avec la certitu<strong>de</strong> d’une base d’opérations en pleine montagne que Napoléon répondit à l’appel qui lui était fait3.<br />

C’est donc bien à la Franc-maçonnerie que nous <strong>de</strong>vons la secon<strong>de</strong> invasion. <strong>La</strong> première fut la conclusion <strong>de</strong> la Révolution<br />

que la secte avait préparée, organisée, perpétrée, et la troisième fut le fruit <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> Napoléon III fidèle<br />

1 <strong>La</strong> Charte <strong>de</strong> 1814 s’exprimait en ces termes<br />

Art. 5.- Chacun professe sa religion avec une égale liberté, et obtient pour son culte la même protection.<br />

Art. 6. - Cependant la religion catholique, apostolique et romaine est la religion <strong>de</strong> l’Etat.<br />

Art. 7. - Les ministres <strong>de</strong> la religion catholique et romaine et ceux <strong>de</strong>s autres cultes chrétiens reçoivent seuls <strong>de</strong>s traitements du trésor<br />

royal.<br />

Le Souverain Pontife dans un bref daté <strong>de</strong> Césène s’en plaignit à l’évêque <strong>de</strong> Troyes : « Alors que nous espérions, disait Pie VII,<br />

qu’après un si heureux retour politique la religion catholique serait non seulement débarrassée <strong>de</strong> tous les obstacles qu’elle rencontrait<br />

en France et centre lesquels nous n’avions cessé <strong>de</strong> réclamer, mais encore rendre à sa splen<strong>de</strong>ur et à sa dignité d’autre fois, nous<br />

avons vu que la constitution gar<strong>de</strong> à ce sujet un profond silence et qu’elle ne fait pas même mention du Dieu tout-puissant par qui les<br />

rois règnent et les princes comman<strong>de</strong>nt. Vous comprendrez facilement combien il nous est douloureux <strong>de</strong> voir.., que cette religion, qui<br />

est celle <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s français, ne soit pas proclamée celle que les lois et le gouvernement protègent <strong>de</strong> leur autorité. Notre douleur<br />

s’accroît à la lecture <strong>de</strong> l’article 22, (du plan <strong>de</strong> constitution arrêté par le Sénat dans sa séance du 6 avril. Le Sénat, créé par Bonaparte,<br />

était composé <strong>de</strong> francs-maçons), qui non seulement permet la liberté <strong>de</strong>s cultes et <strong>de</strong> la conscience, mais promet protection<br />

à cette liberté et aux ministres <strong>de</strong>s divers cultes. Il ne faut pas vous démontrer quelle blessure mortelle cet article porte à la religion catholique<br />

en France. Car dès que l’on affirme la liberté <strong>de</strong> tous les cultes sans distinction, l’on confond la vérité avec l’erreur et l’on met<br />

sur la même ligne que les sectes hérétiques et la perfidie juive la sainte et immaculée épouse du Christ, l’Eglise en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> laquelle<br />

il n’y a point <strong>de</strong> salut. D’autre part, dès qu’on promet faveur et protections aux sectes hérétiques et à leurs ministres, non seulement on<br />

tolère, on protège les personnes, mais encore les erreurs; or c’est en cela que consiste cette hérésie funeste et trop déplorable, qui,<br />

selon l’expression <strong>de</strong> S. Augustin, affirme que tous les hérétiques suivent le bon chemin et tiennent la vérité : affirmation si absur<strong>de</strong><br />

qu’elle semble incroyable. Nous avons été également surpris et affligé <strong>de</strong> l’article 23, qui accor<strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> la presse; c’est un grand<br />

péril, la perte certaine <strong>de</strong>s moeurs et <strong>de</strong> la foi : si l’on pouvait en douter, l’expérience <strong>de</strong>s temps passés la démontrerait; car c’est par<br />

ce moyen-là surtout, c’est certain, que l’on a perverti d’abord les moeurs <strong>de</strong>s peuples, ensuite corrompu et détruit leur foi, et enfin excité<br />

les séditions, les troubles et les révolutions. Parmi la gran<strong>de</strong> corruption qui règne, ces mêmes maux seraient à craindre, si l’on accordait<br />

à chacun ce qu’à Dieu ne plaise, la faculté d’imprimer ce qu’il lui plaît ».<br />

2 Gautier, initié à la loge « <strong>La</strong> Concor<strong>de</strong> », Orient <strong>de</strong> Livourne, y passa maître en 1802; il reçut, <strong>de</strong>ux ans plus tard, <strong>de</strong> la loge « Les<br />

Amis <strong>de</strong> l’Honneur français », Orient <strong>de</strong> Porto-Ferrajo, <strong>de</strong> considérables dignités, que compléta, à l’Orient <strong>de</strong> l’Ile-Rousse, le chevalier<br />

prince <strong>de</strong> l’Aigle et du Pélican, parfait maçon libre d’Hérédon; le 26 janvier 1805 ou 1807, à l’Orient <strong>de</strong> Bastia, il fut élevé, par le « Souverain<br />

chapitre <strong>de</strong> Rose croix », à la dignité <strong>de</strong> prince et chevalier maçon parfait libre d’Hérédon, sous le titre <strong>de</strong> souverain prince chevalier<br />

<strong>de</strong> Rose Croix, avec tous pouvoirs <strong>de</strong> convoquer loge, tenir le siège <strong>de</strong>s loges assemblées, faire et parfaire <strong>de</strong>s maçons jusqu’au<br />

gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> chevalier <strong>de</strong> l’Epée dit <strong>de</strong> l’Orient. Enfin, le 8 août 1808, il reçut du Grand-Orient <strong>de</strong> France <strong>de</strong> suprêmes pouvoirs que confirmèrent,<br />

avec le représentant du grand-maître, les délégués <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Loge Symbolique, <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Loge d’administration et du<br />

Grand Chapitre général. Il ne pouvait, dans les gra<strong>de</strong>s capitulaires, monter plus haut. A coup sûr, ces honneurs maçonniques ne pouvaient<br />

manquer <strong>de</strong> lui assurer, sur tous les régiments et sur toutes les villes où fonctionnait une loge régulière, une suprématie incontestée.<br />

3 « Que les amateurs d’aventures extraordinaires, dit M. Frédéric Masson, aient conçu d’autre façon et aient autrement raconté le retour<br />

<strong>de</strong> l’ile d’Elbe; qu’ils aient trouvé l’Empereur plus poétique s’il arrivait en France sans avoir prévenu personne ni rien préparé pour<br />

soa retour; qu’ils aient trouvé la nation plus émouvante, si elle était uniquement conquise par l’apparition <strong>de</strong> Napoléon, cela se peut;<br />

niais la version que, pour la première fois, m’ont permis te donner les papiers inédits <strong>de</strong> Camille Gaulier et <strong>de</strong> Dumoulin paraîtra, à quiconque<br />

réfléchit, à la fois plus probable et plus digne <strong>de</strong> la sagesse <strong>de</strong> l’Empereur ».<br />

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