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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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Inutile <strong>de</strong> nous étendre longuement sur l’oeuvre entreprise par la Révolution. Le Pape Pie IX l’a caractérisée d’un mot,<br />

dans l’Encyclique du 8 décembre 1849 : « <strong>La</strong> Révolution est inspirée par Satan lui-même; son but est <strong>de</strong> détruire <strong>de</strong> fond<br />

en comble l’édifice du christianisme et <strong>de</strong> reconstruire sur ses ruines l’ordre social du paganisme. » Elle détruisit d’abord<br />

l’ordre ecclésiastique. « Pendant douze cents ans et davantage, suivant l’expression énergique <strong>de</strong> Taine, le clergé avait<br />

travaillé à la construction <strong>de</strong> la société comme architecte et comme manoeuvre, d’abord seul, puis presque seul »; « On<br />

le mit dans l’impossibilité <strong>de</strong> continuer son oeuvre, on voulut le mettre dans l’impossibilité <strong>de</strong> jamais la reprendre. Puis on<br />

supprima la royauté, le lien vivant et perpétuel <strong>de</strong> l’unité nationale, le justicier <strong>de</strong> tout ce qui voulait y porter atteinte. On<br />

se débarrassa le la noblesse, gardienne <strong>de</strong>s traditions, et <strong>de</strong>s corporations ouvrières, elles aussi conservatrices du passé.<br />

Puis, toutes ces sentinelles écartées, on se mit à l’oeuvre, beaucoup pour détruire, ce qui était facile, peu pour réédifier,<br />

ce qui l’était moins.<br />

Nous n’avons point à faire ici le tableau <strong>de</strong> ces ruines et <strong>de</strong> ces constructions. Disons seulement que, pour ce qui est<br />

<strong>de</strong> l’édifice politique, la Révolution s’empressa <strong>de</strong> proclamer la République, que la Renaissance avait rêvée pour Rome<br />

même, que les protestants avaient déjà voulu substituer en France à l a monarchie, et qui aujourd’hui fait si bien les<br />

oeuvres <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie.<br />

Disciples <strong>de</strong> J.-J. Rousseau, les Conventionnels <strong>de</strong> 1792 donnèrent pour fon<strong>de</strong>ment au nouvel édifice ce principe, que<br />

l’homme est bon par nature; là-<strong>de</strong>ssus, ils élevèrent la trilogie maçonnique: liberté, égalité, fraternité. Liberté à tous et<br />

pour tout, puisqu’il n’y en l’homme que <strong>de</strong> bons instincts; égalité, parce que, également bons, les hommes ont <strong>de</strong>s droits<br />

égaux en tout; fraternité, ou rupture <strong>de</strong> toutes les barrières entre individus, familles, nations, pour laisser le genre humain<br />

s’embrasser dans une République universelle.<br />

En fait <strong>de</strong> r eligion, on organisa le culte <strong>de</strong> l a nature. Les humanistes <strong>de</strong> la Renaissance l’avaient appelé <strong>de</strong> l eurs<br />

voeux. Les protestants n’avaient osé pousser la Réforme jusque-là. Nos révolutionnaires le tentèrent.<br />

Ils n’en vinrent point du premier coup à cet excès. Ils commencèrent par appeler le clergé catholique à leurs fêtes.<br />

Talleyrand pontifia le 14 juillet 1790, à la gran<strong>de</strong> Fête <strong>de</strong> la Fédération, entouré <strong>de</strong>s 40 aumôniers <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> nationale,<br />

portant sur leurs aubes <strong>de</strong>s écharpes tricolores, orchestré par 1800 musiciens, en présence <strong>de</strong> 25.000 députés et<br />

<strong>de</strong> 400.000 spectateurs. Mais bientôt il ne voulut plus même <strong>de</strong> ces exhibitions, plus « patriotiques » que religieuses : « Il<br />

ne convient pas, dit-il, que la religion paraisse dans les fêtes publiques, il est plus religieux <strong>de</strong> l’en écarter. »<br />

Le culte national écarté, il fallait en chercher un autre. Mirabeau en proposa un fort abstrait « L’objet <strong>de</strong> nos fêtes nationales,<br />

dit-il, doit être seulement le culte <strong>de</strong> la liberté et le culte <strong>de</strong> la loi. »<br />

Cela parut maigre. Boissy-d’Anglas regretta tout haut le temps où « les institutions politiques et religieuses » se prêtaient<br />

un mutuel secours, où « une r eligion brillante » se présentait avec <strong>de</strong>s dogmes qui promettaient « le plaisir et le<br />

bonheur », ornée <strong>de</strong> toutes les cérémonies qui frappent les sens, <strong>de</strong>s fictions les plus riantes, <strong>de</strong>s illusions les plus<br />

douces.<br />

Ses voeux ne tardèrent pas à être exaucés. Une religion nouvelle fut fondée, ayant ses dogmes, ses prêtres, son dimanche,<br />

ses saints. Dieu fut remplacé par l’Etre suprême et la déesse Raison, le culte catholique par le culte <strong>de</strong> la Nature1<br />

« Le grand but poursuivi par la Révolution, disait Boissy-d’Anglas, c’est <strong>de</strong> ramener l’homme à la pureté, à la simplicité<br />

<strong>de</strong> la nature. » Poètes, orateurs, Conventionnels, ne cessaient <strong>de</strong> faire entendre <strong>de</strong>s invocations à « la Nature ». Et le<br />

dictateur Robespierre marquait en ces mots les tendances, la volonté <strong>de</strong>s novateurs : « Toutes les sectes doivent se confondre<br />

d’elles-mêmes dans la religion universelle <strong>de</strong> la Nature» (Discours du 7 mai 1794). C’est actuellement ce que veut<br />

l’Alliance Israélite Universelle, ce à quoi elle travaille, ce qu’elle a mission d’établir dans le mon<strong>de</strong>, seulement avec moins<br />

<strong>de</strong> précipitation et plus <strong>de</strong> savoir-faire.<br />

Rien ne pouvait mieux répondre aux aspirations <strong>de</strong>s humanistes <strong>de</strong> la Renaissance. Dans la fête du 10 août 1793,<br />

une statue <strong>de</strong> la Nature fut élevée sur la place <strong>de</strong> la Bastille, et le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Convention, Hérault <strong>de</strong> Séchelles, lui<br />

adressa cet hommage au nom <strong>de</strong> la France officielle : « Souveraine <strong>de</strong>s sauvages et <strong>de</strong>s nations éclairées, ô Nature ! Ce<br />

peuple immense, assemblé aux premiers rayons du jour <strong>de</strong>vant ton image, est digne <strong>de</strong> toi. Il est libre; c’est dans ton<br />

sein, c’est dans tes sources sacrées, qu’il a recouvré ses droits, qu’il s’est régénéré. Après avoir traversé tant <strong>de</strong> siècles<br />

d’erreurs et <strong>de</strong> servitu<strong>de</strong>, il fallait rentrer dans la simplicité <strong>de</strong> tes voies pour retrouver la liberté et l’égalité. Nature, reçois<br />

l’expression <strong>de</strong> l’attachement éternel <strong>de</strong>s Français pour tes lois ! »<br />

Le procès-verbal ajoute : « A la suite <strong>de</strong> cette espèce d’hymne, seule prière, <strong>de</strong>puis les premiers siècles du genre humain,<br />

adressée à la Nature par les représentants d’une nation et par ses législateurs, le prési<strong>de</strong>nt a rempli une coupe, <strong>de</strong><br />

forme <strong>anti</strong>que, <strong>de</strong> l’eau qui coulait du sein <strong>de</strong> la Nature : il en a fait <strong>de</strong>s libations autour <strong>de</strong> la Nature, il a bu dans la coupe<br />

et l’a présentée aux envoyés du peuple français. » On le voit, le culte est complet : prière, sacrifice, communion.<br />

Avec le culte, les institutions. « C’est par les institutions, écrivait le ministre <strong>de</strong> police Duval, que se composent<br />

l’opinion et la moralité <strong>de</strong>s peuples» (Moniteur <strong>de</strong>s 9, 10 et 11 pluviôse, an VII). Parmi ces institutions, celle jugée la plus<br />

nécessaire pour faire oublier au peuple ses anciennes habitu<strong>de</strong>s religieuses et lui en faire prendre <strong>de</strong> nouvelles, fut le<br />

Décadi ou dimanche civil. Aussi, est-ce à cette création que la République dépensa le plus <strong>de</strong> décrets et d’efforts. Au Décadi<br />

vinrent s’ajouter <strong>de</strong>s fêtes annuelles : fêtes politiques, fêtes civiles, fêtes morales. Les fêtes politiques avaient pour<br />

but, selon Chénier, <strong>de</strong> « consacrer les époques immortelles où les différentes tyrannies se sont écroulées sous le souffle<br />

national, et les grands pas <strong>de</strong> la raison qui franchissent l’Europe et vont frapper les bornes du mon<strong>de</strong>» (Discours du 5 novembre<br />

1793. Moniteur du 8). <strong>La</strong> fête républicaine par excellence était celle du 21 j anvier, parce qu’on y célébrait «<br />

l’anniversaire <strong>de</strong> la juste punition du <strong>de</strong>rnier roi <strong>de</strong>s Français ». Il y avait aussi la fête <strong>de</strong> la fondation <strong>de</strong> la République,<br />

fixée au 1er vendémiaire. <strong>La</strong> gran<strong>de</strong> fête nationale, ressuscitée <strong>de</strong> nos jours, liait celle <strong>de</strong> la fédération ou du s erment,<br />

fixée au 14 juillet.<br />

Pour la morale, il y avait la fête <strong>de</strong> la jeunesse, celles du mariage, <strong>de</strong> la maternité, <strong>de</strong>s vieillards et surtout celles <strong>de</strong>s<br />

1 A la fête <strong>de</strong> L’Etre suprême, c’est la Nature qui reçut les hommages <strong>de</strong> Robespierre et <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> la nation. Voir A la recherche<br />

d’une religion civile, par l’abbé Sicard, p. 133-144. Nous empruntons à ce livre les faits que nous rapportons ici.<br />

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