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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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etour en France, il illumina Taileyrand et d’autres collègues <strong>de</strong> la loge Les Amis réunis1. Il introduisit aussi les nouveaux<br />

mystères dans la loge appelée <strong>de</strong>s Philalètes. Les chefs <strong>de</strong> la conspiration s’occupaient alors principalement <strong>de</strong><br />

l’Allemagne. Mirabeau leur affirma qu’en France le terrain était admirablement préparé par Voltaire et les Encyclopédistes<br />

et qu’ils pouvaient se mettre à l’oeuvre en toute assurance. Ils donnèrent donc mission à Ro<strong>de</strong>, conseiller intime, à Weymur,<br />

qu’ils surnommaient Aurelius, et à cet autre élève <strong>de</strong> Knigge, nommé Bayard dans la secte, et qui, <strong>de</strong> son vrai nom,<br />

était le baron <strong>de</strong> Busche, Hanovrien au service <strong>de</strong> la Hollan<strong>de</strong>.<br />

Les circonstances étaient en effet, on ne peut plus favorables pour leur propagan<strong>de</strong>. Comme le dit Barruel, « les disciples<br />

<strong>de</strong> Voltaire et <strong>de</strong> Jean-Jacques avaient préparé dans les loges le règne <strong>de</strong> cette égalité et <strong>de</strong> cette liberté dont les<br />

<strong>de</strong>rniers mystères <strong>de</strong>venaient par Weishaupt ceux <strong>de</strong> l’impiété et <strong>de</strong> l’anarchie la plus absolue.<br />

« L’égalité et la liberté, disait celui-ci, sont les droits essentiels que l’homme, dans sa perfection originaire et primitive,<br />

reçoit <strong>de</strong> la nature; la première atteinte à cette égalité fut portée par la propriété; la première atteinte à la liberté fut portée<br />

par les sociétés politiques ou les gouvernements; les seuls appuis <strong>de</strong> la propriété et <strong>de</strong>s gouvernements sont les lois religieuses<br />

et civiles : donc, pour rétablir l’homme dans ses droits primitifs d’égalité et <strong>de</strong> liberté, il faut commencer par détruire<br />

toute religion, toute société civile et finir par l’abolition <strong>de</strong> toute propriété (Barruel, III, 24).<br />

Dans ces mêmes discours, Weishaupt traçait aux initiés cette ligne <strong>de</strong> conduite pour arriver à l’ané<strong>anti</strong>ssement <strong>de</strong> la<br />

propriété, <strong>de</strong> la société civile et <strong>de</strong> la religion, but <strong>de</strong> son institution.<br />

« Le grand art <strong>de</strong> rendre infaillible une Révolution quelconque, c’est d’éclairer les peuples. Les éclairer, c’est insensiblement<br />

amener l’opinion publique au voeu <strong>de</strong>s changements qui sont l’objet <strong>de</strong> la Révolution méditée.<br />

« Quand l’objet <strong>de</strong> c e voeu ne s aurait éclater, sans exposer celui qui l’a conçu à l a vindicte publique, c’est dans<br />

l’intimité <strong>de</strong>s sociétés secrètes qu’il faut savoir propager l’opinion.<br />

« Quand l’objet <strong>de</strong> ce voeu est une Révolution universelle, tous les membres <strong>de</strong> ces sociétés tendant au même but,<br />

s’appuyant les uns les autres, doivent chercher à dominer invisiblement et sans apparence <strong>de</strong> moyens violents, non pas<br />

sur la partie la plus éminente ou la moins distinguée d’un seul peuple, mais sur les hommes <strong>de</strong> tout état, <strong>de</strong> toute nation,<br />

<strong>de</strong> toute religion. Souffler partout un même esprit, dans le plus grand silence et avec toute l’activité possible, diriger tous<br />

les hommes épars sur la surface <strong>de</strong> la terre vers le même objet.<br />

« Voilà ce sur quoi s’établit le domaine <strong>de</strong>s sociétés secrètes, ce sur quoi doit porter l’empire <strong>de</strong> l’Illuminisme.<br />

« Cet empire, une fois établi par l’union et la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes, que la force succè<strong>de</strong> à l’empire invisible; liez les<br />

mains à t ous ceux qui résistent, subjuguez, étouffez la méchanceté dans son germe, c’est-à-dire tout ce qui reste<br />

d’hommes que vous n’aurez pas pu convaincre2 ».<br />

Ainsi instruites par les délégués <strong>de</strong> l ’Illuminisme, les loges, ou du m oins les arrière-loges, se mirent à l’oeuvre et<br />

commencèrent par s’organiser plus fortement.<br />

Un « Rapport lu à l a Tenue plénière <strong>de</strong>s Respectables Loges Paix et Union et la Libre Conscience à l’Orient <strong>de</strong><br />

Nantes, le lundi 23 avril 1883 » a été imprimé en brochure sous ce titre : Du Rôle <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie au XVIIIe<br />

siècle.<br />

A la page 8, nous lisons que la fondation (en 1772) du Grand Orient <strong>de</strong> France, qui fut une concentration <strong>de</strong>s troupes<br />

maçonniques françaises jusque-là dispersée donna « une force considérable à la Franc-maçonnerie. »<br />

« Elle prit tout son développement (continue le Rapport), si bien qu’en 1789 elle ne comptait pas moins <strong>de</strong> 700 Loges<br />

en France et dans ses colonies, sans compter un grand nombre <strong>de</strong> Chapitres et d’Aréopages.<br />

Ce fut <strong>de</strong> 1772 à 1789 qu’elle élabora la gran<strong>de</strong> Révolution qui <strong>de</strong>vait changer la face du mon<strong>de</strong>...<br />

« C’est alors que les Francs-Maçons vulgarisèrent les idées qu’ils avaient puisées dans leurs Loges...<br />

« Quels hommes sortirent <strong>de</strong> ces Loges où bouillonnait la pensée humaine! Sieyès (L. :.N°22), les <strong>de</strong>ux <strong>La</strong>meth, <strong>La</strong>fayette<br />

(L.:. <strong>La</strong> Can<strong>de</strong>ur), Bailly, Brissot, Camille Desmoulins, Condorcet, Danton, (L.: Les <strong>de</strong>ux Soeurs)... Hébert, Robespierre<br />

et tant d’autres !... (Rapp..., p. 8).<br />

Le Grand Orient fut dès lors ce qu’il est aujourd’hui le grand Parlement maçonnique <strong>de</strong> toutes les loges du royaume<br />

qui y envoyaient leurs députés. Le tableau <strong>de</strong> sa correspondance nous montre, en l’année 1787, pas moins <strong>de</strong> 282 villes<br />

ayant chacune <strong>de</strong>s loges régulières sous sa direction. Dans Paris seulement, il en comptait dès lors 81; il y en avait 16 à<br />

Lyon, 7 à Bor<strong>de</strong>aux, 5 à Nantes, 6 à Marseille, 10 à Montpellier, 10 à Toulouse, et presque dans chaque ville un nombre<br />

proportionné à la population3.<br />

Les loges <strong>de</strong> la Savoie, <strong>de</strong> la Suisse, <strong>de</strong> la Belgique, <strong>de</strong> la Prusse, <strong>de</strong> la Russie, <strong>de</strong> l’Espagne, recevaient du même<br />

centre les instructions nécessaires à leur coopération. En cette même année 1787, on comptait, dit Deschamps, d’après<br />

1 En 1776, écrit Henri Martin, le jeune Mirabeau avait rédigé un plan <strong>de</strong> réformes, où il proposait à l’ordre maçonnique <strong>de</strong> travailler<br />

avec modération, mais arec résolution et activité soutenue, à transformer progressivement le mon<strong>de</strong>, à miner le <strong>de</strong>spotisme, à poursuivre<br />

l’émancipation civile, économique, religieuse, la pleine conquête <strong>de</strong> la liberté individuelle. (Histoire <strong>de</strong> Fronce, t. XVI, p. 435.)<br />

2 Instructions données à celui qui reçoit le gra<strong>de</strong> d’Epopte ou prêtre illuminé pour la direction <strong>de</strong>s Illuminés d’ordre inférieur.<br />

« C’est à pratiquer nos travaux que tu es appelé aujourd’hui. Observer les autres jour et nuit; les former, les secourir, les surveiller; ranimer<br />

le courage <strong>de</strong>s pusillanimes, l’activité et <strong>de</strong> zèle <strong>de</strong>s tiè<strong>de</strong>s; prêcher et enseigner les ignorants; relever ceux qui tombent, fortifier<br />

ceux qui chancellent, réprimer l’ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s téméraires, prévenir la désunion, cacher les fautes et les faiblesses, prévenir l’impru<strong>de</strong>nce<br />

et la trahison, maintenir enfin la subordination envers les supérieurs, l’amour <strong>de</strong>s Frères entre eux, tels et plus grands encore sont les<br />

<strong>de</strong>voirs que nous t’imposons... Ai<strong>de</strong>z-vous, appuyez-vous mutuellement; augmentez votre nombre. Etes-vous <strong>de</strong>venus nombreux à un<br />

certain point ? Vous êtes-vous fortifiés par votre union ? N’hésitez plus; commencez à vous rendre puissants et formidables aux méchants<br />

(c’est-à-dire à ceux qui résistent à nos projets). Par cela seul que vous êtes assez nombreux pour parler <strong>de</strong> force et que vous<br />

en parlez, par cela seul, les méchants, les profanes commencent à trembler. Pour ne pas succomber au nombre, plusieurs <strong>de</strong>viennent<br />

bons (comme nous) d’eux-mêmes et se rangent sous nos drapeaux. Bientôt vous êtes assez forts pour lier les mains aux autres, pour<br />

les subjuguer. » Barruel, III, p- 171, 199.<br />

3 M. Gustave Bord a pu retrouver 154 loges parisiennes, 322 loges provinciales et 21 loges <strong>de</strong> régiment. On sait que la Révolution ne<br />

fut possible que grâce à la soudaine dissolution <strong>de</strong> l’armée royale : or, à lire attentivement la composition <strong>de</strong>s 21 Loges <strong>de</strong> régiment,<br />

on se persua<strong>de</strong> facilement que rien n’était- en 1771 - plus probable que cette dissolution. <strong>La</strong> Maçonnerie était installée dans l’armée<br />

dès l’origine par les régiments irlandais; elle envahit les troupes nationales; elle y jeta forcément l’indiscipline.<br />

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