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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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Le projet <strong>de</strong> la Franc-maçonnerie ne se bornait point à jacobiniser la France, mais l’univers entier: aussi avons-nous<br />

vu l’Illuminisme porté simultanément dans tous les pays.<br />

<strong>La</strong> loge établie rue Coq-Héron, présidée par le duc <strong>de</strong> la Rochefoucauld, était <strong>de</strong>venue spécialement celle <strong>de</strong>s grands<br />

maçons et s’occupait <strong>de</strong> l a propagan<strong>de</strong> européenne; c’est là que se tenaient les plus grands conseils. Celui qui a l e<br />

mieux connu cet établissement est M. Girtaner. Dans ses Mémoires sur la Révolution française, il dit : « Le c lub <strong>de</strong> la<br />

Propagan<strong>de</strong> est très différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s Jacobins, quoique tous les <strong>de</strong>ux se mêlent souvent ensemble. Celui <strong>de</strong>s Jacobins<br />

est le grand moteur <strong>de</strong> l’Assemblée nationale. Celui <strong>de</strong> la Propagan<strong>de</strong> veut être le moteur du genre humain. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

existait déjà en 1786; les chefs en sont le duc <strong>de</strong> la Rochefoucauld, Condorcet et Sireyrès. Le grand objet du club<br />

propagandiste est d’établir un ordre philosophique, dominant sur l’opinion du genre humain. Il y a dans cette société <strong>de</strong>ux<br />

sortes <strong>de</strong> membres, les contribuables et les non-payants. Le nombre <strong>de</strong>s payants est d’environ cinq mille; tous les autres<br />

s’engagent à propager partout les principes <strong>de</strong> la société et à tendre toujours à son objet.<br />

Leurs efforts ne furent pas stériles. « De tous les phénomènes <strong>de</strong> la Révolution, dit Barruel, le plus étonnant sans<br />

doute, et malheureusement aussi le plus incontestable, c’est la rapidité <strong>de</strong>s conquêtes qui ont déjà fait la révolution d’une<br />

si gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’Europe, et qui menacent d’en faire la révolution <strong>de</strong> l’univers; c’est la facilité avec laquelle ses armées<br />

ont arboré son drapeau tricolore et planté l’arbre <strong>de</strong> son égalité et <strong>de</strong> sa liberté désorganisatrices dans la Savoie et la<br />

Belgique, en Hollan<strong>de</strong> et aux rives du Rhin, en Suisse et au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s Alpes, du Piémont, du Milanais et jusqu’à Rome<br />

même. » Puis, après avoir accordé à la valeur <strong>de</strong>s troupes françaises et à l’habileté <strong>de</strong> ses chefs la part qui leur est due<br />

dans ces conquêtes, il ajoute : « <strong>La</strong> secte et ses complots, ses légions d’émissaires secrets <strong>de</strong>vancèrent partout ses armées.<br />

Les traîtres étaient dans les forteresses pour en ouvrir les portes, ils étaient jusque dans les armées <strong>de</strong> l’ennemi,<br />

dans les conseils <strong>de</strong>s princes pour en faire avorter les plans. Ses clubs, ses journaux, ses apôtres avaient disposé la populace<br />

et préparé les voies. »<br />

Barruel donne <strong>de</strong> nombreuses preuves <strong>de</strong> cette affirmation. L’histoire sincère <strong>de</strong>s conquêtes <strong>de</strong> la République et <strong>de</strong><br />

l’Empire l’a confirmée.<br />

AGENT DE LA CIVILISATION MODERNE - HISTORIQUE. IIe PÉRIODE : DE LA RÉVOLUTION A NOS JOURS<br />

CHAPITRE XV - LA FRANC MAÇONNERIE SOUS LE PREMIER EMPIRE<br />

Le renversement <strong>de</strong> la civilisation <strong>chrétienne</strong> projeté vers la fin du XIVe siècle, nous l’avons vu poursuivi par une société<br />

secrète qui, <strong>de</strong> génération en génération, s’est transmis le plan indiqué par les Humanistes, développé par les Encyclopédistes,<br />

définitivement arrêté par lies Illuminés et mis à exécution par les Jacobins.<br />

Etouffée dans le sang <strong>de</strong> la Terreur et dans la boue du Directoire, la Franc-maçonnerie ne put élever le Temple <strong>de</strong><br />

l’Humanité sur les ruines <strong>de</strong> l’Eglise <strong>de</strong> France qu’elle avait renversée.<br />

L’Eglise se releva. <strong>La</strong> Franc-maçonnerie ne renonça point à s on projet. Elle s’y remit dès les premiers jours <strong>de</strong><br />

l’empire. Elle agrandit d’année en année le cercle <strong>de</strong> son action; et à l’heure présente, elle se tient assurée d’aboutir cette<br />

Lois, d’autant plus sûrement qu’elle connaît ce qui l’a fait échouer au XVIIIe siècle.<br />

Lentement et sûrement, tel est le mot d’ordre qu’elle a imposé à ses agents et à elle-même, qui a été tenu et qui va,<br />

pense t’elle, lui procurer enfin ce qu’elle poursuit <strong>de</strong>puis cinq cents ans.<br />

Elle veut ané<strong>anti</strong>r tout l’ordre <strong>de</strong> choses existant, religion, société et propriété, pour lui substituer l’état <strong>de</strong> pure nature.<br />

Elle ne le put. L’Empire fut une réaction que la Restauration accentua. Nous la verrons sous les gouvernements qui vont<br />

se succé<strong>de</strong>r, travailler à traverser leurs bonnes intentions et à. paralyser leurs efforts dans le bien, à les inspirer et à les<br />

secon<strong>de</strong>r dans le mal; puis enfin à s’emparer elle-même du pouvoir, et alors poursuivre ouvertement la réalisation <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>sseins que les encyclopédistes, les francs-maçons et les illuminés avaient conçus.<br />

<strong>La</strong> réaction se fit d’abord dans l’ordre religieux.<br />

Le catholicisme n’avait pu être entièrement étouffé. Sa doctrine et sa morale n’avaient cessé <strong>de</strong> vivre dans une multitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> coeurs, et son culte même d’être pratiqué au péril <strong>de</strong> la vie. Lorsque celui qui avait conçu la pensée et qui s’était<br />

donné le pouvoir <strong>de</strong> rétablir un certain ordre dans la société, voulut se mettre à l’oeuvre, il comprit que, pour relever la<br />

France <strong>de</strong> ses ruines, il fallait nécessairement commencer par la restauration du culte. Fortalis l’avait parfaitement montré<br />

dans le discours qu’il prononça au Corps législatif, dans la séance du 15 germinal an X. Mais quel culte ? Nul autre que le<br />

culte catholique n’eût été accepté, nul autre n’eût été viable. Tout le mon<strong>de</strong> le sentait bien, et Napoléon mieux que tout<br />

autre. Or, le culte catholique ne pouvait être restauré que par le Pape : <strong>de</strong> là, la nécessité <strong>de</strong> s’entendre avec lui. Napoléon<br />

le vit, et aussitôt ii entama les négociations qui <strong>de</strong>vaient aboutir au Concordat <strong>de</strong> 1801. Cependant, la Francmaçonnerie<br />

était toujours là et elle ne renonçait nullement à son projet d’ané<strong>anti</strong>r le catholicisme et avec lui la civilisation<br />

<strong>chrétienne</strong>. Nous allons donc la revoir à l’oeuvre, non plus a.vec l’impétuosité <strong>de</strong> 93, mais discrètement, lentement et,<br />

pensait-elle, plus sûrement1.<br />

Dès le jour même <strong>de</strong> la conclusion du Concordat - fût-ce sous l’inspiration maçonnique ? Il est difficile <strong>de</strong> le dire2<br />

commencèrent les réserves, et bientôt les reprises <strong>de</strong> l’esprit <strong>anti</strong>chrétien. Après un siècle <strong>de</strong> travail incessant, cet esprit<br />

est arrivé <strong>de</strong> nos jours à consoli<strong>de</strong>r presque toutes les conquêtes que la Révolution avait faites, et qu’elle avait été contrainte<br />

d’abandonner SOUS la pression <strong>de</strong> l’esprit catholique.<br />

<strong>La</strong> religion catholique restaurée eût dû être comme autrefois la religion <strong>de</strong> l’Etat3. Il semble bien que la chose se pré-<br />

1<br />

Voir pour l’histoire <strong>de</strong> l’Eglise <strong>de</strong> France au XIXe siècle (1802-1900), les conférences faites aux catholiques par M. L. Bourguin. Deux<br />

volumes in-12. P. Téqui, éditeur, rue <strong>de</strong> Toumon, 29, Paris.<br />

2<br />

Ce qui est certain, c’est que Talleyrand, Grégoire, Fouché, les constitutionnels, les vieux jansénistes rentres dans les conseils du<br />

gouvernement, les révolutionnaires <strong>de</strong> la cour <strong>de</strong> Bonaparte, les sceptiques et les impies qui assiégeaient la Malmaison, désespérant<br />

d’empêcher le consul <strong>de</strong> traiter, concertèrent leurs efforts pour fausser l’esprit et la lettre du Concordat.<br />

3<br />

<strong>La</strong> religion: <strong>de</strong> l’Etat est la religion que l’Etat n’impose à personne, mais qu’il pratique pour son propre compte. <strong>La</strong> République a une<br />

religion, l’athéisme, et elle l’impose à ses sujets.<br />

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