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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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C’est dans ce but que l’on s’efforça d’abaisser le catholicisme en France au rang d’une religion quelconque, <strong>de</strong> diminuer<br />

son prestige et sa force, d’humilier le clergé et <strong>de</strong> le paralyser. Il rentre en France, mais il ne forme plus un Ordre<br />

dans l’Etat, il n’a plus aucun droit en tant que corps, il n’est plus qu’une collection d’individus qui bientôt ne seront distingués<br />

<strong>de</strong>s autres que pour subir plus d’avanies et plus d’outrages. Il n’est même plus propriétaire. L’on sait à quel point la<br />

propriété est nécessaire à l’indépendance; le clergé n’en aura plus. Ses biens, les plus légitimes qui fussent, ne lui seront<br />

point rendus; il sera réduit à la condition <strong>de</strong> salarié, et l’on ne se fera point faute <strong>de</strong> lui couper les vivres pour lui rappeler<br />

sa sujétion. Il est vrai que l’article XV du Concordat dit : « Le gouvernement aura soin <strong>de</strong> laisser aux catholiques la liberté<br />

<strong>de</strong> faire, s’ils le veulent, <strong>de</strong> nouvelles fondations en faveur <strong>de</strong>s églises », et <strong>de</strong> reconstituer ainsi l’ancien patrimoine <strong>de</strong><br />

l’Eglise <strong>de</strong> France. Mais on sait par quelle savante tactique cette liberté a été restreinte <strong>de</strong> jour en jour, puis comment les<br />

fondations pieuses durent être toujours constituées en rentes sur l’Etat, afin qu’il fût plus facile <strong>de</strong> s’en emparer au jour <strong>de</strong><br />

la séparation, et enfin comment l’in<strong>de</strong>mnité concordataire fut elle-même supprimée.<br />

Au gouvernement, déjà chargé <strong>de</strong> fournir au clergé le vivre et le couvert, le Concordat accorda encore le choix <strong>de</strong>s<br />

personnes à élever aux dignités ecclésiastiques : « Le premier Consul nommera, dans les trois mois qui suivront la publication<br />

<strong>de</strong> la Constitution apostolique, les archevêques et évêques qui doivent gouverner les diocèses <strong>de</strong>s nouvelles circonscriptions.<br />

- De même, le premier Consul nommera les nouveaux évêques aux sièges épiscopaux qui vaqueront par<br />

la suite. Le Siège apostolique leur donnera l’institution canonique. Les évêques nommeront aux paroisses, et ils ne choisiront<br />

que <strong>de</strong>s personnes agréées par le gouvernement. »<br />

A diverses époques, les gouvernants se firent un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> religion ou d’honnêteté publique <strong>de</strong> choisir les plus dignes;<br />

mais, en d’autres moments, ils allèrent prendre, <strong>de</strong> parti-pris, <strong>de</strong>s incapables et même <strong>de</strong>s indignes. Napoléon en donna<br />

l’exemple. Il imposa au cardinal Caprara quinze évêques constitutionnels. Plus tard, il chercha les moyens <strong>de</strong> se passer<br />

<strong>de</strong> l’institution canonique. Il convoqua pour cela un Concile national; mais il ne put en obtenir ce qu’il voulait. Ce n’eût<br />

plus été pour le clergé la dépendance ni même l’asservissement, c’à été le schisme.<br />

A côté du clergé séculier, il y a dans l’Eglise le clergé régulier. Celui-ci pouvait trouver dans sa constitution même <strong>de</strong>s<br />

conditions d’indépendance refusées au premier. Aussi Bonaparte se garda bien <strong>de</strong> laisser les Ordres religieux se reconstituer.<br />

Le décret du 22 juin 1804 prononça la dissolution <strong>de</strong> l’association <strong>de</strong>s Pères <strong>de</strong> la Foi, et « <strong>de</strong> toutes autres congrégations<br />

ou associations formées sous prétexte <strong>de</strong> religion et non autorisées, ». En outre, il statua que « Aucune congrégation<br />

ou association d’hommes on <strong>de</strong> femmes ne pourra se former à l’avenir sous prétexte <strong>de</strong> r eligion, à moins<br />

qu’elle n’ait été formellement autorisée par un décret impérial. » Bonaparte disait d’ailleurs et répétait qu’il ne voulait point<br />

<strong>de</strong> congrégations, que cela est inutile, qu’il n’y a pas à craindre qu’il rétablisse les moines (Correspondance, X, 127).<br />

Cependant il autorisa les <strong>La</strong>zaristes et les prêtres <strong>de</strong>s Missions étrangères. « Ces religieux, dit-il, au Conseil d’Etat,<br />

me seront très utiles en Asie, en Afrique et en Amérique. Je les enverrai prendre <strong>de</strong>s renseignements sur l’état du pays,<br />

ce seront <strong>de</strong>s agents secrets <strong>de</strong> diplomatie ». Il autorisa aussi les Frères <strong>de</strong>s écoles <strong>chrétienne</strong>s à titre <strong>de</strong> rouage <strong>de</strong> la<br />

machine universitaire. « Le Grand-Maître <strong>de</strong> l’Université visera leurs statuts intérieurs, les admettra au serment, leur procurera<br />

un habit particulier et fera surveiller leurs écoles. » (Décret du 17 mars 1808, art. 109). L’autorisation accordée aux<br />

Soeurs <strong>de</strong> charité rentre dans le même plan. « <strong>La</strong> supérieure générale rési<strong>de</strong>ra à Paris et sera ainsi sous la main du gouvernement.<br />

« Il imposa comme générale sa propre mère, Mme <strong>La</strong>etitia Bonaparte. M. Hanon fit observer respectueusement<br />

que la règle ne le permettait pas. Il fut enfermé dans la prison <strong>de</strong> Fénestrelle.<br />

Pour en revenir au clergé séculier, Bonaparte veille à ce que son recrutement ne se fasse point facilement; il ne faut<br />

pas que les prêtres soient en nombre. Trente-sept mille quatre cents curés sont institués au len<strong>de</strong>main du Concordat.<br />

Bonaparte déclare n’être obligé par ce traité <strong>de</strong> rétribuer que les curés doyens, an nombre <strong>de</strong> trois mille quatre cents. Il<br />

accor<strong>de</strong> néanmoins cinq cents francs à vingt-quatre mille curés <strong>de</strong>sservants. Les dix mille autres, ainsi que tous les vicaires,<br />

resteront à l a charge <strong>de</strong>s communes, qui généralement sont trop pauvres ou trop imposées pour pouvoir leur<br />

donner les moyens <strong>de</strong> vivre1.<br />

Aussi Roe<strong>de</strong>rer, l’un <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>nts du Conseil d’Etat, dit : « Les <strong>de</strong>sservants n’ont encore pu obtenir <strong>de</strong> traitement<br />

fixe dans aucune commune. Les paysans ont voulu avec ar<strong>de</strong>ur leur messe et leur service du dimanche comme par le<br />

passé, mais payer est autre chose» (Oeuvres, III, 481). Ce n’était guère encourageant pour les vocations. Elles ne suffisent<br />

point à remplir les vi<strong>de</strong>s que la mort multiplie parmi ces vieillards revenus <strong>de</strong> l’exil; néanmoins, les évêques sont<br />

obligés, avant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une or dination, d’envoyer à Paris la liste <strong>de</strong> ceux auxquels ils veulent ‘conférer les saints<br />

Ordres2. Napoléon l’écoutait selon son bon plaisir. <strong>Mgr</strong> Montault, évêque d’Angers, et <strong>Mgr</strong> Simon, évêque <strong>de</strong> Grenoble,<br />

ne purent, le premier en sept ans, le second en huit, ordonner chacun que dix-huit prêtres.<br />

Mais il y a plus. Napoléon veut surveiller et diriger l’enseignement <strong>de</strong>s séminaires. « Il ne faut pas, dit-il, abandonner à<br />

l’ignorance et au fanatisme le soin <strong>de</strong> former les jeunes prêtres... On a trois ou quatre mille curés ou vicaires, enfants <strong>de</strong><br />

l’ignorance, et dangereux par leur fanatisme et leurs passions. Il faut leur préparer <strong>de</strong>s successeurs plus éclairés, en instituant,<br />

sous le nom <strong>de</strong> séminaires, <strong>de</strong>s écoles spéciales qui seront sous la main <strong>de</strong> l’autorité. On placera à leur tête <strong>de</strong>s<br />

professeurs instruits, dévoués au gouvernement et amis <strong>de</strong> la tolérance (Ce mot révèle l’inspiration maçonnique).<br />

Ils ne se borneront pas à enseigner la théologie ils y joindront une sorte <strong>de</strong> philosophie et une honnête mondanité»<br />

(Thibau<strong>de</strong>au, II. 485). Le décret du 5 février condamne comme trop ultramontaine la théologie <strong>de</strong> Bailly Nous verrons reparaître<br />

plus tard ces idées d’enseigner dans les séminaires une certaine philosophie, d’y faire prendre une certaine<br />

mondanité et <strong>de</strong> préparer, les jeunes prêtres à être <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> la tolérance.<br />

Napoléon voulait avoir en même temps la main sur le culte. Dans les négociations qui précédèrent la signature du<br />

Concordat, le Pape y réclamait la reconnaissance <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> la religion et <strong>de</strong> l’exercice public <strong>de</strong> son culte. Cet exercice<br />

avait été proscrit par la Révolution; il importait qu’il fût reconnu formellement dans le Concordat que ces lois tyranniques<br />

étaient abrogées. Ce point donna lieu aux plus pénibles discussions. « A force d’indicibles fatigues, <strong>de</strong> souf-<br />

1 Le budget du culte catholique en 1802 fut <strong>de</strong> 1.258.197 fr. Celui <strong>de</strong> 1803 s’éleva à 4 millions. Le <strong>de</strong>rnier budget régulier du culte catholique<br />

sous le premier empire (1813) dépassa <strong>de</strong> très peu 17 millions.<br />

2 Articles organiques, 25. Cette disposition ne fut apportée qu’en 1810.<br />

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