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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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teindre; et en toutes choses elle crée le droit, sans égard à qui ou à quoi que ce soit, pas même à Dieu, pas même aux<br />

exigences <strong>de</strong> la nature humaine.<br />

Déjà, il y a un siècle, pour construire ce Temple, les constituants, dit Taine, firent trois mille décrets; et pour les mettre<br />

en vigueur, ils substituèrent le gouvernement <strong>de</strong> la force au gouvernement <strong>de</strong> la loi. L’échafaud présida à la réédification<br />

<strong>de</strong> la société, à ce qui avait été appelé le « renouvellement du principe <strong>de</strong> l’existence humaine. »<br />

Les choses ne se pas seront point autrement si l’expérience nouvelle, à laquelle nous assistons, est poussée à bout.<br />

L’Allemand qui fut le d’acteur <strong>de</strong>s Jacobins et qui est resté le docteur <strong>de</strong> nos maçons, a parfaitement tracé la voie que<br />

ceux-là suivirent et dans laquelle -ceux-ci se sont engagés.<br />

Dans le rituel que Weishaupt composa pour les cérémonies <strong>de</strong> l’initiation aux divers gra<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’llluminisme, il fait dire<br />

par l’Hiérophante à l’Initié :<br />

« O Frères, ô mon fils, quand, assemblés ici, loin <strong>de</strong>s profanes, nous considérons à quel point le mon<strong>de</strong> est livré aux<br />

méchants (aux souverains et aux prêtres), pourrions-nous donc nous contenter <strong>de</strong> soupirer ? - Non, Frère, reposez-vousen<br />

sur nous. Cherchez <strong>de</strong>s coopérateurs fidèles; ils sont dans les ténèbres, (dans les sociétés secrètes), c’est là que, solitaires,<br />

silencieux, ou rassemblés en cercles peu nombreux, enfants dociles, ils poursuivent LE GRAND OEUVRE sous<br />

la conduite <strong>de</strong> leurs chefs...<br />

« Dans ce grand projet, les prêtres et les princes nous résistent; nous avons contre nous les constitutions politiques<br />

<strong>de</strong>s peuples. Que faire eu cet état <strong>de</strong> choses ?... Il faut insensiblement lier les mains aux protecteurs du désordre (aux<br />

rois et aux prêtres) et 1es gouverner sans paraître les dominer. En un mot, il faut établir un régime dominateur universel,<br />

sous forme <strong>de</strong> gouvernement, qui s’éten<strong>de</strong> sur tout le mon<strong>de</strong>... Il faut donc que tous nos Frères, élevés sur le même ton,<br />

étroitement unis les uns aux autres, n’aient tous qu’un même but. Autour <strong>de</strong>s Puissances <strong>de</strong> la terre, il faut rassembler<br />

une légion d’hommes infatigables, et dirigeant partout leurs travaux, suivant le plan <strong>de</strong> l’ordre pour le bonheur <strong>de</strong><br />

l’humanité1 »<br />

Et ailleurs « Comme l’objet <strong>de</strong> notre voeu est une révolution universelle, tous les membres <strong>de</strong> ces sociétés (secrètes)<br />

tendant au même but, s’appuyant les uns sur 1ess autres, doivent chercher à dominer invisiblement et sans apparence<br />

<strong>de</strong> moyens violents, non pas sur la partie la plus éminente ou la moins distinguée d’un seul peuple, mais sur les hommes<br />

<strong>de</strong> tout état, <strong>de</strong> toute nation, <strong>de</strong> toute religion. Souffler partout un même esprit; dans le plus grand silence et avec toute<br />

l’activité possible, dirige tous les hommes épars sur toute la surface <strong>de</strong> la terre vers le même objet. Cet empire une fois<br />

établi par l’union et la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes, que la force succè<strong>de</strong> à l’empire invisible; liez les mains à tous ceux qui résistent,<br />

subjuguez, étouffez la méchanceté dans son germe, écrasez tout ce qui reste d’hommes que vous n’aurez plu<br />

convaincre» (Barruel, t. III, ch. II et IX).<br />

C’est bien ainsi que l’entendirent les hommes <strong>de</strong> 93. Jean-Bon-Saint-André disait que, « pour établir soli<strong>de</strong>ment la<br />

République, il fallait réduire la population <strong>de</strong> moitié. Geoffroy jugeait que c’était insuffisant il voulait ne laisser en France<br />

que cinq millions <strong>de</strong> citoyens. « Nous ferons <strong>de</strong> la France un cimetière, plutôt que <strong>de</strong> n e pas la régénérer à notre manière<br />

», disait Carrier. Ils en ont fait un cimetière, et n’ont pu la régénérer à leur mo<strong>de</strong>. L’insuccès n’a point découragé<br />

leurs successeurs. «<strong>La</strong> France régénérée, dit le F. Bazot, n’a point encore atteint le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perfection que comman<strong>de</strong>nt<br />

les doctrines <strong>de</strong> la franc-maçonnerie- et le génie <strong>de</strong>s philosophes. Mais le mouvement est donné, ENTRAINANT, IRRÉ-<br />

SISTIBLE; LE GRAND ŒUVRE S’ACCOMPLIRA» (Tableau philosophique, historique et moral <strong>de</strong> la franc-maçonnerie).<br />

Ils préten<strong>de</strong>nt l’accomplir non seulement en France, mais dans le mon<strong>de</strong> entier. « Il faut, leur a dit Weishaupt, établir<br />

un dominateur universel, une forme <strong>de</strong> gouvernement qui s’éten<strong>de</strong> sur tout le mon<strong>de</strong> ». Ils y travaillent, nous le verrons.<br />

Ce régime dominateur universel dont ils pouruivent l’établissement, ils l’appellent le régime <strong>de</strong> la démocratie, ou la république<br />

universelle.<br />

<strong>La</strong> théorie <strong>de</strong> J.-J. Rousseau sur les origines <strong>de</strong> la société, sur sa constitution rationnelle, sur ce qu’elle sera lorsque<br />

le contrat social aura produit toutes ses coniséquences, n’est point restée à l’état spéculatif. Depuis un siècle, nous approchons<br />

<strong>de</strong> jour en jour du terme qu’il nous a marqué, où il n’y aura plus ni propriété, ni famille, ni Etat indépendant, ni<br />

Eglise autonome, Sur l’emplacement que les ruines faites par la Révolution laissaient libre, Napoléon Ier bâtit « à sable et<br />

à. chaux, dit Taine, la société nouvelle, d’après le plan tracé par J.J. Rousseau. Toutes les masses du gros oeuvre, co<strong>de</strong><br />

civil, université, concordat, administration préfectorale et centralisée, tous les détails <strong>de</strong> l’aménagement et <strong>de</strong> la distribution<br />

concourent à un ef fet d’ensemble qui est l’omnipotence <strong>de</strong> l’Etat, l’omniprésence du gouvernement, l’abolition <strong>de</strong><br />

l’initiative locale et privée, la suppression <strong>de</strong> l’association volontaire et libre, la dispersion graduelle <strong>de</strong>s petits groupes<br />

spontanés, l’interdiction préventive <strong>de</strong>s longues œuvres héréditaires l’extinction <strong>de</strong>s sentiments par lesquels l’homme vit<br />

au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> lui-même, dans le passé et dans l’avenir. Dans cette caserne philosophique, dans ce TEMPLE, disent les maçons<br />

- nous vivons <strong>de</strong>puis quatre-vingts ans» (<strong>La</strong> Révolution, III, p. 635). Le grand oeuvre avance, il s’accomplira d’autant<br />

mieux que sa continuation est aux mains <strong>de</strong> la foule et <strong>de</strong> ses mandataires, c’est-à-dire <strong>de</strong>s aveugles et <strong>de</strong>s irresponsables.<br />

Un individu recule <strong>de</strong>vant les conséquences <strong>de</strong>rnières <strong>de</strong> ses erreurs lorsqu’il voit où elles le conduisent. Un peuple livré<br />

à lui-même, comme l’est tout peuple soumis au régime républicain, ne peut le faire. Ce sont les plus logiques qui se<br />

font entendre <strong>de</strong>s foules, surtout lorsque cette logique est d’accord avec les passions et promet à la masse l’entrée en<br />

possession <strong>de</strong>s biens qu’elle convoite ce sont ceux-là que le suffrage universel porte au pouvoir. Et si les premiers arrivés<br />

s’épouvantent et n’osent réaliser le programme, ils sont supplantés par d’autres, et par d’autres encore, jusqu’à ce<br />

que-viennent ceux qui mettent résolument la main aux hautes oeuvres que les principes comman<strong>de</strong>nt. Déjà nous avons<br />

vu les opportunistes balayés par les radicaux; ceux-ci déménagent <strong>de</strong>vant les socialistes, et du sein du socialisme<br />

s’élèvent les anarchistes, les nihilistes et les catastrophards2.<br />

M. Winterer, dans son livre Le Socialisme contemporain, fait une observation dont personne ne peut nier le bien fon-<br />

1 Le bonheur, auquel l’Illuminisme doit faire parvenir Ihumanité, est ainsi exposé dans ce même discours : « <strong>La</strong> s ource <strong>de</strong>s passions<br />

est pure; il faut que chacun puisse satisfaire les siennes dans les bornes <strong>de</strong> la vertu et que notre ordre en fournisse les moyens ». <strong>La</strong><br />

vertu! Le bonheur <strong>de</strong> l’humanité! <strong>La</strong> secte ne peut ouvrir la bouche qut n’en sortent aussitôt l’hypocrisie et le mensonge.<br />

2 Catastrophards, c’est le nom que se sont donné, <strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> la Seine, ceux qui ont fait l’émeute du 2 mars 1901.<br />

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