Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...
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mortification, et en vertu <strong>de</strong> la communion <strong>de</strong>s saints, toute mortification, tout sacrifice a sa répercussion dans le corps <strong>de</strong><br />
l’Eglise, pour l’expiation du péché, et aussi pour enlever aux tentations leur force <strong>de</strong> séduction.<br />
Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la vie simplemént <strong>chrétienne</strong>, il y a un état mystique, dans lequel il ne faut point vouloir s’introduire <strong>de</strong><br />
soi-même, mais seulement sur l’appel <strong>de</strong> Dieu contrôlé et reconnu par un sage directeur.<br />
Cette recommandation est importante. Il n’est pas rare <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s âmes adresser au divin Maître la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
soufffrance dans un élan enthousiaste <strong>de</strong> ferveur. Dieu n’y répond pas toujours. Il sait, dans sa prescience que; malgré<br />
peut-être la sincérité <strong>de</strong> leur requête, ces âmes ne sont pas <strong>de</strong> taille à convertir leurs souhaits en actes. De plus, ces<br />
souhaits peuvent donner à l’âme l’illusion d’être arrivée à la perfection.<br />
Dans l’état mystique qui vient <strong>de</strong> la pré<strong>de</strong>stination divine, l’âme est étroitement unie au divin Agneau immolé pour le<br />
salut du mon<strong>de</strong>; elle souffre avec Lui, soit en infligeant à son corps les tortures qui lui sont inspirées par Dieu, soit en acceptant,<br />
on souffrant d’un coeur aimant celles que Dieu lui inflige directement. Les vies <strong>de</strong>s saints sont pleines <strong>de</strong> faits se<br />
rapportant à l’un ou à l’autre <strong>de</strong> ces cas.<br />
Pour ce qui est du premier, prenons cet exemple entre mille, sainte Colette, que Notre Saint-Père le Pape Pie X vient<br />
<strong>de</strong> placer au calendrier <strong>de</strong>s fêtes à célébrer par l’Eglise universelle. Appelée à réformer l’Ordre <strong>de</strong>s Franciscains, elle se<br />
livra à <strong>de</strong>s expiations dont le souvenir fait frémir. Son lit se composait <strong>de</strong> quelques sarments; son oreiller était un bloc <strong>de</strong><br />
bois. « Elle se revêtait, dit le manuscrit <strong>de</strong> Thonon, d’une haire dure et inhumaine; elle ceignait son débile corps <strong>de</strong> trois<br />
cruelles chaînes <strong>de</strong> fer qui navraient douloureusement son innocente chair. »<br />
<strong>La</strong> V. Catherine Emmerich, qui vécut <strong>de</strong> 1774 à 1824 1 , nous fournit un exomple récent <strong>de</strong> l’expiation passive. Nous<br />
nous y arrêterons parce que cette extatique a eu pour mission particulière, comme nous le verrons, <strong>de</strong> combattre la<br />
Franc-Maçonnerie et ses oeuvres.<br />
Au jour <strong>de</strong> sa première communion, Jésus lui inspira la pensée <strong>de</strong> s’offrir en victime pour l’Eglise. Recevant le sacrement<br />
<strong>de</strong> confirmation, elle fut instruite que la grâce du Saint-Esprit venait lui apporter le don <strong>de</strong> force pour être fidèle à la<br />
résolution qu’elle avait prise d’après cette inspiration, <strong>de</strong> souffrir tout ce que Dieu lui donnerait à souffrir pour expier les<br />
crimes dont se ren<strong>de</strong>nt coupables les peuples chrétiens. Elle se mit dès lors à offrir à Dieu ses actions et ses souffrances<br />
pour telle ou telle fin intéressant la catholicité. Ainsi par exemple, quand elle arrachait les mauvaises herbes dans le<br />
champ <strong>de</strong> son père, elle conjurait le Seigneur d’extirper la mauvaise herbe que l’homme ennemi a semée dans le champ<br />
<strong>de</strong> l’Eglise. Quand les orties qu’elle cueillait lui mettaient aux mains une âpre cuisson, elle suppliait le Seigneur <strong>de</strong> ne pas<br />
permettre que les pasteurs <strong>de</strong>s âmes se laissassent rebuter par les fatigues et les souffrances qu’ils rencontraient en cultivant<br />
la vigne du Seigneur.<br />
Mais ce n’était là que <strong>de</strong>s essais d’apprentissage. Peu après, elle conjura le Seigneur <strong>de</strong> la charger <strong>de</strong>s expiations<br />
que réclamait la Justice divine. Son sacrifice accepté, elle subit, tout le cours <strong>de</strong> sa vie, avec une patience incroyable, <strong>de</strong>s<br />
souffrances indicibles et <strong>de</strong> toute nature. Lorsqu’elle eut vingt-quatre ans, Jésus lui fit partager le supplice <strong>de</strong> la couronne<br />
d’épines. C’était en 1798, à l’heure où Bonaparte fit emprisonner le pape Pie VI et s’empara <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> l’Eglise. - Elle<br />
reçut ensuite et porta toute sa vie les autres stigmates <strong>de</strong> la Passion.<br />
Cette petite villageoise du hameau <strong>de</strong> Flamske a complété la pensée <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux génies Origène et <strong>de</strong> Maistre que<br />
nous avons rapportée ci-<strong>de</strong>ssus, et cela dans un style non moins noble que le leur « Je vis, dit-elle un jour, la grâce du<br />
Saint-Esprit passant dans les opérations <strong>de</strong>s Apôtres, <strong>de</strong>s disciples, <strong>de</strong>s martyrs, <strong>de</strong> tous les saints j’ai vu comment ils<br />
souffraient pour l’amour <strong>de</strong> Jésus, comment ils souffraient en Jésus et dans l’Eglise qui est son corps; j’ai vu conunent ils<br />
<strong>de</strong>venaient par là <strong>de</strong>s canaux vivants du fleuve <strong>de</strong> grâce <strong>de</strong> sa Passion réconciliatrice. Bien plus, comme ils souffraient<br />
en Jésus, Jésus souffrait en eux et <strong>de</strong> Jésus venaient leurs mérites, qu’ils transmettaient à l’Eglise. Je vis quelle qu<strong>anti</strong>té<br />
<strong>de</strong> conversions furent opérées par les martyrs ils étaient comme <strong>de</strong>s canaux creusés par la souffrance pour porter à <strong>de</strong>s<br />
milliers <strong>de</strong> coeurs le sang vivant du Ré<strong>de</strong>mpteur. » Dans ces paroles, elle résumait tout le mystère <strong>de</strong> sa propre vie et <strong>de</strong><br />
celles <strong>de</strong> tant d’autres épouses du Christ.<br />
A l’époque où elle vivait, c’est-à-dire au commencement du siècle <strong>de</strong>rnier, pour ne parler que <strong>de</strong> notre temps, d’autres<br />
avaient reçu la même vocation. Elle-même nous dit « <strong>La</strong> Mère <strong>de</strong> Dieu a réparti ce travail (<strong>de</strong> lutte contre les suppôts <strong>de</strong><br />
Satan et d’expiation <strong>de</strong> leurs crimes), entre sept personnes, la plupart du sexe féminin. J’ai vu parmi elles la stigmatisée<br />
<strong>de</strong> Cagliari, ainsi que Rose-Marie Serra, et d’autres que je ne puis nommer, un franciscain du Tyrol et un prêtre habitant<br />
une maison religieuse située au milieu <strong>de</strong>s montagnes, lequel souffre au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> toute expression à cause du mal qui se<br />
fait dans l’Eglise. » Et ailleurs : « Je vis travailler avec moi pour l’Eglise, <strong>de</strong> la même façon que je travaille moi-même six<br />
personnes, trois hommes et trois femmes. C’était la stigmatisée <strong>de</strong> Cagliari, Rose-Marie Serra et une personne très mala<strong>de</strong>,<br />
affligée <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s infirmités corporelles; le franciscain du Tyrol, que j’ai vu très souvent uni d’intention avec moi;<br />
puis un jeune ecclésiastique habitant une maison où rési<strong>de</strong>nt plusieurs autres prêtres, dans un pays <strong>de</strong> montagnes. Ce<br />
doit être une âme d’élite; il est dans une affliction inexprimable à cause <strong>de</strong> l’état actuel <strong>de</strong> l’Eglise, et il a à endurer <strong>de</strong>s<br />
douleurs extraordinaires dont Dieu le favorise. Tous les soirs, il lui adresse une fervente prière, afin qu’il daigne le faire<br />
souffrir pour tout ce qui se fait <strong>de</strong> mal ce jour-là dans l’Eglise. Le troisième est un homme d’un rang élevé, marié, ayant<br />
beaucoup d’enfants, une femme méchante et extravagante et un grand état <strong>de</strong> maison. Il habite une gran<strong>de</strong> ville où il y a<br />
1 Catherine Emmerich était fille <strong>de</strong> pauvres et pieux paysans du hameau <strong>de</strong> Flarnske, près <strong>de</strong> Coesfeld, ville du diocèse <strong>de</strong> Munster.<br />
Elle a eu plusieurs historiens, tous allemands. Leurs ouvrages ont tous été traduits en français : le Dr Krobbe, doyen <strong>de</strong> la cathédrale<br />
<strong>de</strong> Munster; le R. P. Thomas Wégéner, postulateur dans le procès <strong>de</strong> sa béatification, le R. P. Schmoeger, Ré<strong>de</strong>mptoriste; l’ouvrage<br />
<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier compte trois volumes in 8°.<br />
Dom Guéranger a rendu à cette servante <strong>de</strong> Dieu et à la mission dont elle fut chargée ce témoignage « En lisant ces visions dont<br />
l’ensemble est d’une gran<strong>de</strong> beauté, et qui portent fréquemment la trace d’une lumière surhumalne, on ne peut s’empêcher <strong>de</strong> reconnaître<br />
une action provi<strong>de</strong>ntielle qui s’est exercée d’abord sur les contrées <strong>de</strong> l’Europe où le naturalisme a fait le plus <strong>de</strong> ravages,<br />
pour arriver ensuite à nous et nous ai<strong>de</strong>r puissamment à raviver cette foi pieuse qui languissait <strong>de</strong>puis longtemps ».<br />
Le 9 mars 1909, il y a eu au Vatican réunion <strong>de</strong> la S. Congrégation <strong>de</strong>s Rites pour l’examen <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> la V. Anne-Catherine Emmerich,<br />
en vue <strong>de</strong> sa Béatification.<br />
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