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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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L’action <strong>de</strong> la littérature sur l’esprit public, quoique s’exerçant tous les jours sur la multitu<strong>de</strong>, ne fut point jugée assez<br />

prompte par les conjurés, ni assez décisive, et c’est pourquoi l’école neutre fut instituée. Grâce à elle, a écrit M. Payot<br />

dans son Cours <strong>de</strong> morale (p. 199), « toute idée surnaturelle aura bientôt disparu ». L’image qu’il emploie pour exprimer<br />

sa pensée est bien faite pour inspirer à l’instituteur et par lui à l’enfant le plus profond mépris <strong>de</strong> tout l’objet <strong>de</strong> la foi <strong>chrétienne</strong><br />

:<br />

« C’est dans la mer seulement, où le fleuve mêle ses eaux à celles <strong>de</strong>s autres fleuves, que la boue qu’il charrie tombera<br />

au fond. Il en est ainsi <strong>de</strong>s civilisations, <strong>de</strong>s philosophies et <strong>de</strong>s religions qui ne perdront leurs croyances troubles et<br />

ne se décanteront que dans la religion universelle qui réunira les consciences supérieures libérées <strong>de</strong>s étroitesses <strong>de</strong>s<br />

hypothèses et <strong>de</strong>s dogmes qui divisent. »<br />

Et ailleurs dans la préface <strong>de</strong> ce même livre :<br />

« Quant à la croyance au surnaturel elle porte atteinte à l’éducation du sens <strong>de</strong> la causalité, déjà lent à s’éveiller; or le<br />

sens <strong>de</strong> la causalité est la caractéristique <strong>de</strong>s esprits sains et vigoureux. Si chacun observait les causes réelles <strong>de</strong> ses<br />

échecs, <strong>de</strong> ses souffrances, quels progrès dans l’art <strong>de</strong> vivre ! Aussi la croyance au surnaturel, qui théoriquement, est<br />

une doctrine <strong>de</strong> néant est-elle dangereuse en éducation, car elle risque <strong>de</strong> faire perdre à l’esprit son contact avec la réalité,<br />

c’est-à-dire avec le réseau serré <strong>de</strong>s lois dont la connaissance assure notre liberté. Elle donne <strong>de</strong> l’essor et <strong>de</strong><br />

l’autorité à l’imagination décevante, maîtresse d’erreur et <strong>de</strong> fausseté, puissance ennemie <strong>de</strong> la Raison 1 .<br />

« L’école, avait dit M. Spuller lors <strong>de</strong> l’institution <strong>de</strong> l’école neutre et alors qu’il était lui-même ministre <strong>de</strong> l’instruction<br />

publique 2 , l’école, voilà désormais le temple <strong>de</strong> la foi <strong>de</strong>s temps nouveaux », <strong>de</strong>s temps où toute pensée surnaturelle sera<br />

absente <strong>de</strong>s esprits, où il n’y aura plus d’autre foi que celle accordée aux dires <strong>de</strong>s savants, <strong>de</strong> ces savants qui font <strong>de</strong><br />

la nature le seul Dieu connaissable.<br />

Inutile d’insister. <strong>La</strong> question <strong>de</strong> la neutralité scolaire, <strong>de</strong> son but et <strong>de</strong> ses suites, a été trop abondamment traitée, lors<br />

<strong>de</strong> la discussion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières lois scolaires pour qu’elle ne soit point présente à l’esprit <strong>de</strong> nos lecteurs. Observons cependant<br />

que si l’enseignement actuellement donné à l’enfance va jusqu’à ruiner les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la religion naturelle<br />

elle-même, jusqu’à nier l’existence <strong>de</strong> Dieu, la spiritualité <strong>de</strong> l’âme; etc., celui qui inspire nos législateurs sait qu’un jour<br />

ou l’autre une réaction se fera infailliblement, parce que l’homme est fait <strong>de</strong> telle - sorte qu’il ne peut être sans religion.<br />

Mais il espère que la notion même <strong>de</strong> l’état surnaturel auquel nous avons été appélés étant entièrement extirpée <strong>de</strong><br />

l’esprit humain, les hommes n’y reviendront pas, n’y pourrulit revenir, et que dans la détresse où l’athéisme les aura plongés,<br />

ils n’auront plus d’autres aspirations que celles qui appartiennent à la nature, à l’intelligence et au coeur renfermés<br />

dans leurs bornes naturelles. Ils auront alors amené l’humanité au point où le tentateur la veut, pour qu’il puisse <strong>de</strong> nouveau<br />

régner sur elle, et cela désormais à toujours, la Ré<strong>de</strong>mption ayant été méprisée et le Ré<strong>de</strong>mpteur, rejeté.<br />

Lorsque J. <strong>de</strong> Maistre, - aux débuts <strong>de</strong> la Révolution qui fut le point culminant <strong>de</strong> la première phase <strong>de</strong> la tentation naturaliste,<br />

disait d’elle « Elle est satanique », il ne voyait point le pourquoi <strong>de</strong> cette invasion <strong>de</strong> Satan dans notre mon<strong>de</strong>; il<br />

constatait le fait, il voyait les Jacobins mus par les esprits infernaux, il n’avait point le mot <strong>de</strong> leur intervention, il ne savait<br />

pas la pensée <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> Lucifer rejeter la France et, par elle la chrétienté, dans le naturalisme pour ressaisir ainsi<br />

l’empire sur l’humanihé une secon<strong>de</strong> fois déchue.<br />

L’oeuvre avance, l’oeuvre <strong>de</strong> la suprême iniquité et <strong>de</strong> la radicale infidélité. L’apôtre saint Paul nous a mis en gar<strong>de</strong><br />

contre « le mystère d’iniquité ». Ce mot mystère ne désignait-il pas une trame secrète ? Nous la faisons remonter au<br />

XIVe siècle, parce qu’alors elle a commencé <strong>de</strong> se manifester; mais l’apôtre saint Paul la voyait déjà se former sous ses<br />

yeux divinement éclairés. Ce mystère d’iniquité, il l’appelait aussi la gran<strong>de</strong> apostasie. Elle se consomme sous nos yeux.<br />

M. Ferdinand Buisson l’a constaté en ces termes « L’Etat sans Dieu, l’école sans Dieu, la mairie sans Dieu, le tribunal<br />

sans Dieu, comme aussi la science et la morale sans Dieu, c’est tout simplement la conception d’une société humaine qui<br />

veut se fon<strong>de</strong>r exclusivement sur la notion humaine, sur ses phénomènes et sur ses lois. Détacher <strong>de</strong> l’Eglise la nation, la<br />

famille, les individus, - la démocratie, poussée par un merveilleux instinct <strong>de</strong> ses besoins et <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>voirs prochains s’y<br />

prépare ».<br />

Nous assistons à la sécularisation absolue du gouvernement et <strong>de</strong>s lois, du régime administratif et <strong>de</strong> l’économie sociale,<br />

<strong>de</strong> la politique interne et <strong>de</strong>s relations internationales. Tout cela s’est affranchi <strong>de</strong> l’Eglise, du Ré<strong>de</strong>mpteur et <strong>de</strong><br />

Dieu. C’est le fait dominant <strong>de</strong> la société nouvelle.<br />

Et à ce fait, nombre <strong>de</strong> catholiques se rallient. Ils disent que les sociétés, jusque-là <strong>chrétienne</strong>s, peuvent éliminer <strong>de</strong> la<br />

vie publique tout élément surnaturel et se replacer dans les conditions <strong>de</strong> ce qu’ils croient être le droit <strong>de</strong> la nature. Ils<br />

voient même en cela un progrès. Ils l’appellent « Le progrès », la bonification par excellence !<br />

Et ce à quoi ils applaudissent en <strong>de</strong>hors d’eux, ils y ten<strong>de</strong>nt eux-mêmes, pour leur propre compte.<br />

Peut-il en être autrement ? « Les citoyens <strong>de</strong>meureront toujours gran<strong>de</strong>ment exposés à cette maladie du naturalisme<br />

dans les pays où le naturalisme sera admis comme l’état normal et légitime <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s sociétés publiques 3 ».<br />

Le cardinal Pie a recueilli sur les lèvres d’une <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> cet état social ces paroles qui veulent être une justification<br />

du naturalisme individuel<br />

« A Dieu ne plaise que je m’attache jamais, <strong>de</strong> propos délibéré du moins, à cette vie grossière <strong>de</strong>s sens qui assimile<br />

l’être intelligent à l’animal sans raison ! Cette vie ignoble est indigne d’un esprit cultivé, d’un coeur noble et bien fait je repousse<br />

le matérialisme comme une honte pour l’esprit humain. Je professe hautement les doctrines spiritualistes; je<br />

veux, <strong>de</strong> toute l’énergie <strong>de</strong> ma volonté, vivre <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l’esprit et observer les lois exactes du <strong>de</strong>voir. Mais vous me parlez<br />

d’une vie supérieure et surnaturelle vous développez tout un ordre surhumain, basé principalement sur le fait <strong>de</strong><br />

l’incarnation d’une personne divine; vous me promettez, pour l’éternité, une gloire infinie, la vue <strong>de</strong> Dieu face à face, la<br />

connaissance et la possession <strong>de</strong> Dieu, tel qu’il se connaît et qu’il se possè<strong>de</strong> lui-même; comme moyens proportionnés à<br />

cette fin, vous m’indiquez les éléments divers qui forment, en quelque sorte, l’appareil <strong>de</strong> la vie surnaturelle : foi en Jé-<br />

1 .2e édition, page XI.<br />

2 Discours prononcé à Lille eu 1889.<br />

3 Cardinal Pie, t. II, p. 402.<br />

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