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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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et vraiment elles avaient un côté bien séduisant pour qui ne s avait point les secrets <strong>de</strong>sseins <strong>de</strong> ceux qui les propageaient.<br />

« Ren<strong>de</strong>z le prêtre patriote », écrivait Vindice. Ils ne réussirent que trop, non auprès <strong>de</strong> tous, ni même auprès du<br />

plus grand nombre, mais auprès <strong>de</strong> religieux et <strong>de</strong> prêtres séculiers influents qui entraînèrent à leur suite trop <strong>de</strong> naïfs. Le<br />

P. Gavazzi, l’abbé Gioberti, le P. Ventura, l’abbé Spola, allèrent jusqu’à se faire les acolytes <strong>de</strong> Mazzini, lorsque la Révolution<br />

eut chassé Pie IX <strong>de</strong> Rome; et ils eurent l’impiété et l’audace <strong>de</strong> chanter le jour <strong>de</strong> Pâques l’Alleluia <strong>de</strong>s sociétés<br />

secrètes sur la tombe <strong>de</strong>s Apôtres.Non satisfaits <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s auxiliaires dans le clergé, les conjurés avaient visé<br />

plus haut. Ils espéraient rencontrer Un Pape qui servirait leurs <strong>de</strong>sseins. Après la mort <strong>de</strong> Grégoire XVI, ils crurent l’avoir<br />

trouvé en Pie IX1.<br />

Appelé à l’improviste au gouvernail <strong>de</strong> l’Eglise, Pie IX n’avait point été en position <strong>de</strong> découvrir les écueils qui menaçaient<br />

la barque <strong>de</strong> Pierre, et il cherchait instinctivement le moyen <strong>de</strong> les éviter. Il crut <strong>de</strong>voir d’abord accor<strong>de</strong>r à l’opinion<br />

publique et aux instances <strong>de</strong>s souverains, l’amnistie en faveur <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s Carbonari frappés par la justice. Elle avait été<br />

réclamée à cors et à cri sous le règne <strong>de</strong> Grégoire XVI. « Nous nous servirons <strong>de</strong>s larmes réelles <strong>de</strong> la famille et <strong>de</strong>s<br />

douleurs présumées <strong>de</strong> l’exil, écrivait Nubius à Vindice, dès 1832, pour nous fabriquer <strong>de</strong> l’amnistie une arme populaire.<br />

Nous la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rons toujours, heureux <strong>de</strong> ne l ’obtenir que le plus tard possible, mais nous la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rons à grands<br />

cris. »<br />

Quelles paroles pourraient mettre dans un pl us grand jour le fond du coeur <strong>de</strong>s révolutionnaires! Ils feignent <strong>de</strong><br />

prendre intérêt aux misères et aux souffrances populaires; en réalité, ils les font naître ou ils les exaspèrent afin d’en tirer<br />

profit pour eux.<br />

Pie IX ne s’en tint point là. Ne sachant pas encore qu’il ne faut, comme le dit Crétineau-Joly, toucher à la Révolution<br />

que pour lui abattre la tête (ce qu’il fit plus tard par le Syllabus), il crut pouvoir concé<strong>de</strong>r quelque chose <strong>de</strong> ce qu’elle <strong>de</strong>mandait<br />

par <strong>de</strong>s améliorations sagement progressives. « Courage, Saint-Père ! » lui criait M. Thiers, du haut <strong>de</strong> la tribune<br />

française, faisant écho aux ovations <strong>de</strong>s révolutionnaires italiens. Cependant Pierre resta Pierre, refusant ce qui ne pouvait<br />

être accordé : - Non posso, non <strong>de</strong>bbo, non voglio.- et par la grâce <strong>de</strong> Dieu et moyennant le bras <strong>de</strong> la France, il sortit,<br />

en vainqueur, <strong>de</strong> l’épreuve.<br />

Cette déconvenue ne porta nullement la secte à abandonner ses <strong>de</strong>sseins. Elle continua d’une part à. ruiner le trône<br />

pontifical, d’autre part à répandre les idées que préparaient les révolutions <strong>de</strong>stinées à. renverser les trônes et à mettre la<br />

souveraineté dans le peuple. Cette <strong>de</strong>uxième oeuvre n’était point à nos yeux la plus importante.<br />

« Cette victoire (la chute <strong>de</strong>s trônes, écrivait Tigrotto, le 5 janvier 1846, <strong>de</strong>ux ans avant la Révolution <strong>de</strong> 48 qui <strong>de</strong>vait<br />

les ébranler tous), cette victoire qui sera si facile, n’est cependant pas celle qui a provoqué jusqu’ici tant <strong>de</strong> sacrifices <strong>de</strong><br />

notre part.<br />

« Il y a une victoire plus précieuse, plus durable, et que nous poursuivons <strong>de</strong>puis si longtemps... Pour tuer avec sécurité<br />

le vieux mon<strong>de</strong> (et sur ses ruines établir u ne civilisation nouvelle), nous avons vu qu’il était nécessaire d’étouffer le<br />

germe catholique et chrétien », en d’autres termes, ané<strong>anti</strong>r le christianisme dans les âmes.<br />

CHAPITRE XXV - PRUDENCE MAÇONNIQUE<br />

« <strong>La</strong> haine <strong>de</strong>s conjurés <strong>de</strong> la Haute Vente contre l’Eglise, dit Crétineau-Joly, ne s’évapore ni en turbulences impies, ni<br />

en provocations insensées; ils eurent le calme du sauvage et l’impassibilité du diplomate anglais ». C’est bien cela. En<br />

rapports constants avec les chefs <strong>de</strong> la franc-maçonnerie <strong>de</strong>s différents rites et avec les Juifs <strong>de</strong> tous les pays, ayant <strong>de</strong>s<br />

affidés placés près <strong>de</strong>s souverains ou <strong>de</strong> leurs ministres, les Quarante avaient une puissance d’action aussi étendue que<br />

sûre d’elle-même. Elle n’en était pas pour cela moins avisée.<br />

<strong>La</strong> plus pressante <strong>de</strong>s recommandations faite aux Quarante était <strong>de</strong> n’agir qu’avec pru<strong>de</strong>nce et circonspection.<br />

Un document émané du comité directeur, à l a date du 20 o ctobre 1821, dit « N ous ne pouvons plus marcher à<br />

l’ennemi, avec l’audace <strong>de</strong> nos pères <strong>de</strong> 1793. Nous sommes gênés par les lois et plus encore par les moeurs; mais,<br />

avec le temps, il nous sera permis peut-être d’atteindre le but qu’ils ont manqué. Nos pères mirent trop <strong>de</strong> précipitation en<br />

tout, et ils ont perdu la partie. Nous la gagnerons si, en contenant les témérités, nous parvenons à fortifier les faiblesses.<br />

» Ce mot d’ordre, nous l’avons entendu répéter publiquement, le jour où la Maçonnerie s’empara du pouvoir. Et, <strong>de</strong>puis,<br />

ne l’avons-nous pas vue contenir toujours les témérités, et, en se fortifiant sans cesse, marcher au but, lentement, mais<br />

sûrement ? Les Instructions secrètes disaient <strong>de</strong> leur côté : « Pour atteindre plus sûrement notre but, et ne pas nous préparer,<br />

<strong>de</strong> gaîté <strong>de</strong> coeur, <strong>de</strong>s revers qui ajournent indéfiniment ou compromettent pour <strong>de</strong>s siècles le succès d’une bonne<br />

cause, il ne faut pas prêter l’oreille à ces vantards <strong>de</strong> Français2… à ces nébuleux Allemands…, à ces tristes Anglais…Le<br />

catholicisme a la vie plus dure que cela ; il a vu <strong>de</strong> plus implacables, <strong>de</strong> plus terribles adversaires, et il s’est souvent donné<br />

le malin plaisir <strong>de</strong> jeter <strong>de</strong> l’eau bénite sur la tombe <strong>de</strong>s plus enragés. <strong>La</strong>issons donc nos frères <strong>de</strong> ces contrées se livrer<br />

aux intempérances stériles <strong>de</strong> leur zèle <strong>anti</strong>catholique; permettons-leur <strong>de</strong> se moquer <strong>de</strong> nos madones et <strong>de</strong> notre<br />

1 Adam Mickiewicz en a donné un témoignage curieux « Un ami, M. Armand Lévy, m’a raconté l’impression singulière que le commencement<br />

du règne <strong>de</strong> Pie IX fit sur <strong>La</strong>mennais, <strong>de</strong>puis douze ans séparé <strong>de</strong> R ome, et qui, huit ans plus tard, <strong>de</strong>vait mourir hors <strong>de</strong><br />

l’Eglise en laissant comme testament politique cette préface à la traduction <strong>de</strong> Dante, où il insiste sur l’incompatibilité entre le catholicisme<br />

et la liberté. Un jour du mois <strong>de</strong> novembre 1846, dit-il, le fougueux Breton, parlant du nouveau pape, se mit tout à coup à arpenter<br />

sa chambrette <strong>de</strong> la rue Byron, le geste rapi<strong>de</strong> et l’oeil en feu, en disant ce que Pie IX pouvait faire, ce qu’il ferait sans doute, ce<br />

que lui même ferait certainement, s’il était à sa place « Je prendrais la croix en main, je marcherais contre les Autrichiens... » Et ce<br />

monologue, qui n’avait que <strong>de</strong>ux témoins, se poursuivit ainsi toute une <strong>de</strong>mi-heure, sur le thème d’une croisa<strong>de</strong> pour l’indépendance<br />

<strong>de</strong> l’Italie et la liberté <strong>de</strong>s nations. Jamais peut-être <strong>La</strong>mennais ne fut plus éloquent. Son âme s’épanouissait sous ce rêve <strong>de</strong> délivrance<br />

universelle, opérée par l’initiative papale. Ce qui avait été le songe caressé <strong>de</strong> sa jeunesse allait-il donc s’accomplir ? (Mémorial<br />

<strong>de</strong> la Légion polonaise <strong>de</strong> 1848, créé en Italie par Adam Mickiewicz, publication faite d’après les papiers <strong>de</strong> son père avec préface et<br />

notes par <strong>La</strong>dislas Miekiewicz. Paris, 1877, t. I, p. 30).<br />

2 On sait que la Haute Vente avait son siège à Rome et était principalement composée d’Italiens.<br />

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