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Mgr Delassus – La Conjuration anti-chrétienne - Bibliothèque de ...

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Cette vérité, l’une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s plus importantes <strong>de</strong> l’ordre spirituel et aussi <strong>de</strong> l’ordre social, a été mise en<br />

lumière par un gentilhomme anglais, mort en 1789, dans un ouvrage très court, mais tout à fait subst<strong>anti</strong>el, intitulé : Examen<br />

<strong>de</strong> l’évi<strong>de</strong>nce intrinsèque du christianisme.<br />

Joseph <strong>de</strong> Maistre a donné dans ses Soirées <strong>de</strong> Haint-Pétersbourg la traduction du passage <strong>de</strong> ce livre qui traite la<br />

question que nous avons vue en action dans plusieurs chapitres <strong>de</strong> ce livre.<br />

« Notre raison ne peut nous assurer que quelques souffrances <strong>de</strong>s individus ne soient pas nécessaires au bonheur <strong>de</strong><br />

tous; elle ne peut nous démontrer que ce ne soit pas <strong>de</strong> nécessité que le crime est suivi du châtiment; que celui-ci ne<br />

puisse être imposé sur nous et levé comme une taxe sur le bien général, ou que cette taxe ne puisse pas être payée par<br />

un être aussi bien que par un autre, et que, par conséquent, si elle est volontairement offerte, elle ne puisse pas être volontairement<br />

acceptée <strong>de</strong> l’innocent à la place du coupable... Dès que nous ne connaissons pas la source du mal, nous<br />

ne pouvons pas juger ce qui est ou n’est pas le remè<strong>de</strong> efficace convenable. Il est à remarquer que, malgré l’espèce<br />

d’absurdjté apparente que présente cette doctrine, elle a cependant été universellement adoptée par tous les âges. Aussi,<br />

lorsque l’histoire peut faire rétrogra<strong>de</strong>r nos recherches dans les temps les plus reculés, nous voyons toutes les nations,<br />

tant civilisées que barbares, malgré la vaste différence qui les sépare dans toutes leurs opinions religieuses, se<br />

réunir dans ce point et croire l’avantage du moyen d’apaiser leurs dieux offensés par <strong>de</strong>s sacrifices, c’est-à-dire par la<br />

substitution <strong>de</strong>s souffrances <strong>de</strong>s autres hommes. Jamais cette notion n’a pu dériver <strong>de</strong> la raison, puisqu’elle la contredit;<br />

ni <strong>de</strong> l’ignorance qui n’a jamais pu inventer un expédient aussi inexplicable; ni <strong>de</strong> l’artifice <strong>de</strong>s rois et <strong>de</strong>s prêtres, dans la<br />

vue <strong>de</strong> dominer sur le peuple. Cette doctrine n’a aucun rapport avec cette fin. Nous la trouvons plantée dans l’esprit <strong>de</strong>s<br />

sauvages les plus éloignés qu’on découvre <strong>de</strong> nos jours et qui n’ont ni rois ni prêtres. Elle doit donc dériver d’un instinct<br />

naturel ou d’une révélation surnaturelle; et l’un et l’autre sont également <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> la puissance divine... Le christianisme<br />

nous a dévoilé plusieurs vérités importantes dont nous n’avions précé<strong>de</strong>mment aucune connaissance, et parmi<br />

ces vérités celle-ci... que Dieu veut bien accepter les souffrances du Christ comme une expiation <strong>de</strong>s péchés du genre<br />

humain…<br />

Cette vérité n’est pas moins intelligible que celle-ci... Un homme acquitte les <strong>de</strong>ttes d’un autre homme. Mais... pourquoi<br />

donc accepter ces punitions ou àquelles fins elles peuvent servir, c’est sur quoi le christianisme gar<strong>de</strong> le silence; et<br />

ce silence est sage.<br />

Mille instructions n’auraient pu nous mettre en état <strong>de</strong> comprendre ces mystères, et par conséquent il n’exige point<br />

que noirs sachions ou que nous croyions rien sur la forme <strong>de</strong> ces mystères. »<br />

Joseph <strong>de</strong> Maistre dans ses Considérations sur la France, outre ce que nous avons déjà rapporté <strong>de</strong> lui, dit encore :<br />

Ce fut <strong>de</strong> ce dogme, la réversibilité <strong>de</strong>s douleurs <strong>de</strong> l’innocence au profit <strong>de</strong>s coupables, que les anciens firent dériver<br />

l’usage <strong>de</strong>s sacrifices qu’ils pratiquèrent dans tout l’univers et qu’ils jugeaient utiles non seulement aux vivants, mais encore<br />

aux morts, usage typique que l’habitu<strong>de</strong> nous fait envisager sans étonnement, mais dont il n’est pas moins difficile<br />

datteindre la racine.<br />

Les dévouements, si fameux dans l’<strong>anti</strong>quité, tenaient encore, au même dogme. Decius avait la foi que le sacrifice <strong>de</strong><br />

sa vie serait accepté par la divinité, et qu’il pouvait faire équilibre à tous les maux qui menaçaient sa patrie.<br />

Le christianisme est venu consacrer ce dogme qui est infiniment naturel à l’homme, quoiqu’il paraisse difficile d’y arriver<br />

par le raisonnement.<br />

Ainsi il peut y avoir eu dans le coeur <strong>de</strong> Louis XVI 1 , dans celui <strong>de</strong> la céleste Elisabeth, tel mouvement, telle acceptation,<br />

capable <strong>de</strong> sauver la France.<br />

On <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelquefois à quoi servent ces austérités terribles exercées par certains ordres religieux et qui sont aussi<br />

4es dévouements: autant vaudrait précisément <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à quoi sert le christianisme, puisqu’il repose tout entier sur<br />

ce même dogme agrandi <strong>de</strong> l’innocence payant pour le crime.<br />

L’autorité qui approuve ces ordres choisit quelques hommes et les isole pour en faire <strong>de</strong>s conducteurs.<br />

Il n’y a que v iolence dans l’univers; mais nous sommes gâtés par la philosophie mo<strong>de</strong>rne qui nous dit que tout est<br />

bien, tandis que le mal a tout souillé, et que, dans un sens vrai, tout est mal puisque rien n’est à sa place. <strong>La</strong> note tonique<br />

du système <strong>de</strong> not re création ayant baissé, toutes les autres ont baissé proportionnellement, suivant les règles <strong>de</strong><br />

l’harmonie. Tous les êtres gémissent 2 et ten<strong>de</strong>nt avec effort et douleur vers un autre ordre <strong>de</strong> choses. »<br />

************************************************************<br />

II. - RELIGION HUMANITAIRE<br />

Les <strong>de</strong>rnières feuilles <strong>de</strong> cet appendice étaient sous-presse, lorsque parut la lettre <strong>de</strong> S. S. Pie X aux évêques français<br />

sur le Sillon.<br />

Nous croyons <strong>de</strong>voir en détacher ces pages qui viennent avec l’autorité qui leur appartient, confirmer ce qui a été dit<br />

dans cet ouvrage.<br />

Voici fondée par <strong>de</strong>s catholiques une association interconfessionnelle, pour travailler à la réforme <strong>de</strong> la civilisation,<br />

oeuvre religieuse au premier chef; car pas <strong>de</strong> vraie civilisation sans civilisation morale et pas <strong>de</strong> vraie civilisation morale<br />

sans la vraie religion c’est une vérité démontrée, c’est un fait d’histoire. Et les nouveaux Siflonistes ne pourront pas prétexter<br />

qu’ils ne travailleront que « sur le terrain <strong>de</strong>s réalités pratiques » où la diversité <strong>de</strong>s croyances n’importe pas. Leur<br />

chef, sent si bien cette influence <strong>de</strong>s convictions <strong>de</strong> l’esprit sur le résultat <strong>de</strong> l’action, qu’il les invite, à quelque religion<br />

qu’ils appartiennent, à « faire sur le terrain <strong>de</strong>s réalités pratiques<br />

<strong>La</strong> preuve <strong>de</strong> l’excellence <strong>de</strong> leurs convictions personnelles ». Et avec raison, car les réalisations pratiques revêtent le<br />

caractère <strong>de</strong>s convictions religieuses, comme les membres d’un corps jusqu’à leurs <strong>de</strong>rnières extrémités reçoivent leur<br />

forme du principe vital qui l’anime.<br />

Ceci dit, que faut-il penser <strong>de</strong> la promiscuité où se trouveront engagés les jeunes catholiques avec <strong>de</strong>s hétérodoxes et<br />

<strong>de</strong>s incroyants <strong>de</strong> toute sorte dans une oeuvre <strong>de</strong> cette nature? N’est-elle pas mille fois plus dangereuse pour eux qu’une<br />

1 Ceci était écrit en 1794.<br />

2 Ad. Rom. VIII. 19.<br />

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