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pour des professionnelles de la petite-bourgeoisie , c'est de se laisser interpeller, de
relativiser le sentiment de supériorité culturelle et professionnelle qui a été intériorisé
par une éducation bancaire à travers des années de formation.
Concernant les conditions de vie et travail, les intervenantes démontrent plus de
réalisme. Leur analyse de la réalité se situe beaucoup plus au niveau des
phénomènes que des causes, aussi bien pour elles-mêmes que pour les femmes de
milieux populaires.
Si nous faisons un parallèle entre le portrait des intervenantes de la petite-bourgeoisie
tracé par les militantes populaires 4 et celui fait par les intervenantes elles-mêmes,
nous constatons que, dans l'ensemble, les deux portraits convergent. C'est le cas au
niveau du savoir intellectuel, des sources d'information, des conditions de travail et de
vie et de la confiance en soi. Là où il y a divergences, c'est au niveau des attitudes et
des qualités. Les militantes populaires voient les intervenantes comme réservées,
distantes, individualistes, compliquées, peu à l'écoute, et convaincues de posséder la
vérité.
Par ailleurs, les intervenantes se perçoivent comme empathiques, généreuses et
ouvertes aux autres. La disproportion entre leur vision idéaliste de la santé et d'ellesmêmes
et leur perception très négative des femmes de milieux populaires constitue le
coeur des barrières culturelles qui séparent les deux classes. Ce qui nous donne une
clé d'analyse par rapport à la question que les participantes se posent tout au long de
la session: comment rejoindre les femmes de milieux populaires? D'où l'importance
de travailler au niveau des contradictions de classe et des aliénations culturelles. Il ne
suffit pas de vouloir les rejoindre, mais la question fondamentale dans une approche
de conscientisation, c'est de se demander : pourquoi nous voulons les rejoindre?