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organisateurs et organisatrices communautaires de C.L.S.C). Il s'en trouve enfin qui
sont directement rémunéré-e-s par les syndicats ou les groupes populaires pour
exercer des fonctions intellectuelles à l'intérieur même de ces organisations.
C'est moins le titre professionnel, le diplôme ou le niveau de revenu qui importent ici
que la fonction exercée dans l'organisation et la différence culturelle découlant de la
formation requise pour cette fonction. Peu importe que les agent-e-s en question
aient terminé ou non leur diplôme d'études collégiales ou leur baccalauréat
universitaire, qu'ils-elles aient pris leur formation au collège, à l'université, dans les
sessions de leur syndicat ou de leur mouvement d'action catholique, qu'ils-elles
soient bien salarié-e-s et syndiqué-e-s dans un C.L.S.C. ou mal rémunéré-e-s sur un
poste à la merci des subventions de Centraide.
Au-delà des différences réelles qu'implique cette diversité de statuts, leur activité
dans l'organisation a en commun de s'appuyer sur des connaissances et des habiletés
qui les placent objectivement dans une situation de domination culturelle des bases
populaires avec qui ils-elles travaillent ou militent. Et cette situation a de bonnes
chances d'être assumée subjectivement du fait que les intellectuel-le-s ainsi défini-es,
ont acquis leurs connaissances et leurs habiletés dans une société de classes, où
elles sont associées à l'intériorisation d'un sentiment de supériorité et au culte d'un
langage et d'un code de procédures fermés, qui constituent autant d'obstacles à
franchir pour une authentique alliance avec les classes populaires.
C'est au coeur de cette contradiction que se situe la conscientisation. Le problème
de l'alliance culturelle à bâtir entre intellectuel-le-s et classes populaires est la trame de
fond de la réflexion de Paulo Freire dans Pédagogie des opprimés, écrit en 1969,
aussi bien que dans Conscientisation et révolution, écrit en 1973. C'est sous le
thème du dialogue, de la "relation dialogique" entre les "leaders révolutionnaires" et
les "masses", ou encore entre "l'éducateur humaniste, révolutionnaire", "l'éducateur
conscientisant" et les "opprimés" que cette question est abordée.