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et le néant, mais entre l'être et le plus-être." Ici, certainement pointe
l'idéalisme de Paulo.
En tant que chrétien - ce qu'il ne cesse de revendiquer - il dira "Etre
chrétien, c'est être révolutionaire. L'Evangile est révolutionnaire: puisque la
Pâque nous demande de mourir à un esprit élitiste et dominateur pour
renaître à un esprit populaire. Je suis un homme qui essaie de devenir
chrétien." En tant qu'éducateur populaire, il verra dans l'éducation une
pratique de la liberté. "L'éducation critique considère les hommes comme des
êtres en devenir, des êtres inachevés, incomplets dans et avec une réalité
également inachevée. Le caractère inachevé des hommes et le caractère
évolutif de la réalité exigent que l'éducation soit une activité continue.
L'éducation est constamment remise en cause et se refait dans la praxis: pour
être, elle doit devenir".
Sa durée - au sens bergsonien du mot - (Freire a aussi fréquenté Bergson!) se
trouve dans le jeu des contraires : stabilité et changement. L'éducation
accumulative met l'accent sur la stabilité et devient réactionnaire,
"l'éducation problématisante" n'accepte ni un présent comme donnée
définitive, ni un avenir pré-déterminé, elle s'enracine dans un présent
dynamique; c'est alors qu'elle devient prophétique ou "révolutionnaire".
L'éducation libératrice est aussi une action "culturelle" et une pratique
continue de désaliénation des modèles culturels dominants, le processus
créateur d'une nouvelle culture populaire, lieu de subversion pour lutter
contre l'idéologie dominante, pour rompre la dépendance de l'opprimé à l'égard
de l'oppresseur, dépendance intériorisée qui fait que le dominé, à la fois
admire le dominant et cherche à lui ressembler, tout en le refusant et le
détestant. Se référant à Albert Memmi, dans son ouvrage Portrait du
colonisateur et du colonisé. Freire affirme: "Il faut briser cette croyance
diffuse, magique, dans l'invulnérabilité et la toute puissance de l'oppresseur."