Consulter la version PDF

désir d'en savoir plus sur 'es objets des un-e-s et des autres, la similitude des
intimidations, provocations et du harcèlement vécus, qu'on soit assistée sociale ou
travailleur avec emploi, a fait que la soirée a passé sans qu'on s'en aperçoive. On
parle, on parle :
"On veut lutter encore et encore."
"Tout le monde vit des pressions."
"On est pas dans un pays libre."
"A la minute où tu veux changer
quelque chose, t'es plus libre."
"Le capitalisme = provocation."
On se redonne donc rendez-vous trois semaines plus tard. Mais l'été prend le pas sur
les réunions. Il manque beaucoup de monde. On décide de se revoir à l'automne.
L'automne 83 est difficile, mais il marque aussi un tournant pour ceux et celles qui
deviendront le noyau dur du Groupe Carillon. Difficile parce qu'on n'arrive pas à se
voir tout le monde ensemble. Difficile parce qu'on ne sait pas par quel bout prendre
tout ça. Difficile parce qu'on n'a pas de projet concret pouvant rallier les énergies.
Puis, un soir ou l'autre, au cours de cet automne, on se met à rêver... Pourquoi ne
pas créer une organisation d'action politique ouvrière dont la pratique serait
essentiellement de regrouper des militantes et militants de classe populaire qui
s'engageraient dans une réflexion et de l'action autour du thème de l'action
politique. Et ce à partir de leurs expériences, de leur vécu. Pas une structure, mais
un réseau à partir de nos contacts dans les régions du Québec. Un réseau composé
d'hommes et de femmes qui veulent relier leurs luttes qui sont déjà politiques à la
question de "la" politique, celle qui concerne le fonctionnement de l'Etat et des
institutions "politiques" (gouvernement, parlement, partis). Le moteur de notre
stratégie d'action pourrait être une enquête conscientisante sur l'action politique
populaire: les travailleurs et les travailleuses avec et sans emploi, parlant de politique
en fonction de leurs intérêts.