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De Bernanos, il retiendra le caractère dramatique de la condition humaine, la
lutte contre "la civilisation de la machine", une mystique qui affirme que la
vérité est chez les pauvres. Il citera souvent cette phrase du "Journal d'un
curé de campagne": "les riches ont tout, et ils voudraient aussi être aimés".
Du personnalisme communautaire de Mounier, il retiendra le rapport
dialectique: personne/communauté/société. "Pas d'hommes libérés dans des
sociétés qui ne le sont pas - pas de sociétés libérées si les individus ne le sont
pas".
Il souscrit à ce que disait Mounier: "Nous allons expliquer et transformer - la
production doit devenir une activité libératoire et libératrice-". "Entre
l'optimisme impatient des fascismes, l'optimisme impatient de l'illusion
libérale ou dite révolutionnaire: la voie propre de l'homme est cet optimisme
tragique où il trouve sa juste mesure dans un climat de grandeur et de lutte." 2
Quelle est cette société - le Brésil - qui a vu naître
et grandir Paulo Freire jusqu'à son âge d'homme?
Paulo Freire lui-même la voit comme une résultante de l'implantation
coloniale portugaise au 15è siècle, avec sa monoculture de la canne à sucre
nécessitant une énorme main-d'oeuvre arrachée à l'Afrique noire - Golfe du
Bénin et en particulier, l'Angola. "Sans Brésil, pas de sucre et sans Angola pas
de Brésil." De 1650 à 1700, les blancs d'Angola accepteront presque le
Brésil comme métropole et recevront de lui leurs gouvernements.
A partir du 17è siècle, cependant, s'amorcera déjà une révolution de l'infrastructure
coloniale du Brésil.