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voter; c'était donc, au plus, un quart de la population brésilienne qui
bénéficiait du droit de vote.
C'est alors qu'intervient Paulo Freire dont nous venons d'évoquer rapidement
l'analyse factuelle. Il veut la participation maximum des milieux populaires.
Dans le Nordeste, région la plus pauvre du Brésil, qu'on appelait alors "le
triangle de la faim", on comptait 15 millions d'analphabètes sur une
population de 25 millions d'habitants. Freire s'engage sur le front de
l'alphabétisation.
Il le fait à partir de ses convictions d'humaniste. Pour lui, l'homme a le
pouvoir d'émerger du monde où il est jeté, le pouvoir de se distancier du
monde pour le transformer et y imprimer sa marque. Le monde devient objet
de connaissance et champ d'action. L'homme se découvre alors: sujet de cette
connaissance et de cet agir. "L'objet de la première appropriation de l'homme
est celle de la parole et du droit de la prononcer". C'est bien ce qu'il appelle
"sortir de la culture du silence."
Mais Freire s'engage dans l'alphabétisation-conscientisation à partir,
également de l'observation de ce qui est mis en place officiellement. Il ne tarde
pas à en dénoncer les "vices d'origine":
-les adultes y sont traités comme des enfants -mêmes abécédaires, mêmes
méthodes- ce qui est la négation de l'expérience existentielle des hommes et
des femmes qui sont porteurs de ce que l'on pourrait appeler une
"connaissance sociale" énorme, concernant le travail de la terre, de la mer, de
l'usine, concernant leurs capacités à survivre, leurs relations à la nature et
aux éléments, concernant la quotidienneté de la vie.
-le concept de culture est lié au livre, à la sacralisation du livre et du savoir
venu d'ailleurs. Pour lui, la culture "c'est l'ensemble cohérent de réponses