Consulter la version PDF

femmes, élaborer une stratégie de dénonciation... C'était vague et général, alors qu'il
y a déjà à la base, partout à travers le Québec, des femmes mobilisées autour de ces
questions, des femmes qui vivent la pauvreté tous les jours, maintenant...
aujourd'hui... ici... juste à côté.
Comment se sentir pareilles?... Comment se reconnaître?...Comment dégager des
priorités communes quand nos réalités sont si différentes. Nous n'étions pourtant pas
sur des terrains idéologiques et politiques étrangers. Nous étions au Mouvement
Socialiste.
Porno aliénante ou libératrice?
Si les nouvelles technologies de reproduction sont loin des préoccupations des
femmes assistées sociales, la lutte contre la pornographie, pour sa part, ainsi que les
attitudes et interprétations de la violence faite aux femmes, posent une énigme en
elles-mêmes. J'abordais déjà brièvement la question dans un article publié dans la
revue Service social. Il m'avait été assez pénible, en tant que militante féministe de la
petite bourgeoisie, de comprendre, par exemple que "pour des femmes qui ont dû se
débarasser "en vrac" des notions de censure et de péché pour aborder la sexualité,
un sujet comme la lutte contre la pornographie est chargé d'incompréhensions
fondamentales." 12
Je me souviens d'un café-rencontre organisé, à la demande des femmes, sur le thème
de la sexualité. Pour libérer la parole, j'ai pensé commencer la rencontre par un
brassage d'idées sur le mot sexualité. Nous devions nous expliquer les mots à partir
de notre vécu, puis les analyser à partir de deux clés. "Qu'est-ce qui est bon (me fait
plaisir) pour moi/nous?" "Qu'est-ce qui est mauvais (me fait mal) pour moi/nous?"
Au début, les mots sortaient timidement, en douceur (amour, tendresse, sein, corps),
puis de plus en plus précis et crus (cul, 69, queue, fourrer), entremêlés de références
à la pornographie (strip-tease, danseuses à gogo, revue cochonne). Par la suite,
quand on s'est expliqué les mots entre nous, on s'est rendu compte que certaines