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A part quelques manifestations de complicité, mon intervention était tombée à plat.
Nous n'étions pas plus prêt-e-s à tirer des conclusions pratiques de Prévert que de
Freire ou de Gramsci!
S'en suivirent près de deux années fébriles de travail en commissions et en plénières,
d'adoption de statuts et de résolutions ... loin, très loin de la culture politique et de la
culture tout court de militants et militantes de classe populaire qui, à partir de leur
expérience dans leur syndicat local ou dans leur groupe populaire, auraient été prêt-e-
s à aborder à leur rythme et à leur manière la question de l'action politique. En
septembre 1980, une résolution avait été adoptée, à l'effet que "les membres du
Comité des 100 établissent des contacts auprès d'individus pouvant renforcer
l'organisation". Ce libellé anémique exprimait en fait un compromis, au terme d'un
débat animé sur l'opportunité d'aller sur les terrains de lutte des militant-e-s de classe
populaire, prendre leur pouls sur le mouvement en formation. Encore sous le choc
des menées m.-l. et trotskystes dans les "instances" de leur centrale, des permanente-s
syndicaux-ales s'étaient montré particulièrement hostiles à cette conception
organique de la construction du mouvement. Finalement, nous avions été trois (!) à
donner suite au mandat de l'assemblée, et le rapport de cette "opération contacts" fut
reçu, six mois plus tard, dans l'indifférence générale. 57
Puis ce fut la fondation du Mouvement socialiste, à la fin de 1981, avec le lancement
d'un manifeste qui cherchait à rendre l'esprit des centaines de pages débattues et
adoptées pendant ces deux années. Le manifeste fut un succès de vente: plus de
10,000 exemplaires. Et après? Au premier congrès, le Mouvement comptait cinq
cents membres. Une résolution sur l'intégration aux structures du Mouvement d'
"unités de base ouvrières et populaires" y fut battue. Les premières années du
Mouvement furent occupées à la liquidation d'une faction trotskyste, la traversée d'un
lourd débat sur l'opportunité de l'action électorale, la discussion et l'adoption de
résolutions de programme, une première expérience électorale (en 1985). En même
temps, dans quelques régions, à contre-courant du style politique de l'ensemble du
Mouvement, commençait à prendre forme une participation significative de militants et
militantes de classe populaire.