ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

216Constantin MihaiIls affirment la liberté totale de l’homme pour la rédemption, la capacité deformuler ce fiat. Après l’Incarnation du Logos, la grâce divine actualise la«ressemblance virtuelle». Selon Maxime le Confesseur, l’homme a deux ailespour atteindre le ciel, la liberté et la grâce divine. Il s’agit d’une collaborationentre l’homme et Dieu dans la mesure où la volonté est une oeuvre absolumentlibre qui place la contribution humaine à l’intérieur de celle divine. L’image estconstitutive et normative en fonction de sa ressemblance par rapport à celle deDieu. Grégoire de Nysse souligne la fonction de l’image par la participation del’être humain au royaume de Dieu. L’anthropologie des Pères de l’Église et leurnotion d’image montrent que l’être humain est déiforme dans sa structure. Étantdestiné à la communion divine, l’homme peut connaître Dieu à la mesure de sapropre capacité de Le recevoir.Le créationnisme biblique suppose une omnipotence créatrice, assimiléeà l’acte de l’apparition du monde ex nihilo. En dépit de cet acte essentiel, lathéologie chrétienne veut attester, par le rapport d’image, une proximitéontologique, l’humanité y incluant une marque de l’origine divine. Les Pères del’Église mettent l’accent sur la relation iconique entre le Créateur et la création.L’activité de création s’appuie sur la Sagesse (Sophia) Divine qui, en rapportavec le Logos ou le Verbum, est déclarée porteuse d’images archétypales.Jean Damascène propose une catégorie spécifique pour désigner lesimages des choses en Dieu: l’immuabilité des choses qui ont été prédéterminéespar le Créateur, théorie d’inspiration platonicienne qui avait été reprise parAugustin 10 . La philosophie grecque de l’image affirme le renforcement du statutde cause de Dieu: comme la cause est supérieure à l’effet, le modèle estprééminent à sa copie. La ressemblance n’équivaut pas à l’être, elle atteste uneparticipation qui n’est pas réciproque. Même si l’homme est «à la ressemblancede Dieu», le Créateur ne ressemble pas à sa création 11 .Le créationnisme biblique, tout comme l’herméneutique gnostique detype moniste, est marqué par un glissement de l’inégalité du rapport: Créateurcréationvers une réelle perte ontologique. La chute adamique, conséquence de latransgression de la volonté divine par celle humaine, vise l’éloignement de Dieu,qui se traduit en patristique par une comparaison avec une image brisée. Ladualité ontologique, source du mal, de la souffrance et de la mort, mais aussirécompense du péché, est perçue comme une dénaturation de l’image divine.Selon Origène, le péché est le signe d’un coeur qui ne reçoit plus «l’empreintede l’image divine». Autrement dit, si l’homme est, par son essence, à l’image deDieu, sa ressemblance en image peut être détériorée accidentellement, mais aussirétablie. La nouveauté du christianisme réside dans la manière de penser le salutcomme restauration de la conaturalité ontologique entre l’homme et Dieu,faisant appel à un intercesseur, celui de Dieu Incarné.10 Jean Damascène, Discours apologétique, III, 19, in „Le visage de l’invisible”, Paris,Migne, 1994, p.78.11 Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, livre I, XXX, Paris, Cerf, 1993, p. 230-231.