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ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

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220Constantin Mihaisa fonction n’est pas de servir à regarder Dieu que de faire l’expérience d’êtreregardé par lui.Au fond, il s’agit moins pour le fidèle de contempler l’icône pour voirface à face le visage du Fils de Dieu, que de se laisser voir par lui, d’être placésous un regard qui veille sur lui – d’où l’importance du regard du ChristPantocrator dans le christianisme byzantin – sans que nous puissions le voirautrement que par nos yeux d’homme. Cette asymétrie fait bien de l’icône unefigure visible, qui nous invite à passer au-delà du visible, à remonter versl’Infigurable. D’ailleurs, l’Orthodoxie prescrit de ne jamais adorer les imagescomme si la divinité y prenait vraiment corps, mais tout au plus à les vénérercomme participant de la sainteté, comme expression finie de l’infini. Lacontemplation de l’image est placée sous le signe du Saint Esprit dépourvu detoute représentation, sa fonction étant celle de rapporter l’homme à un autre ordredes réalités où ses yeux sont définitivement transmutés vers la vision de Dieu.Dans le contexte de la transfiguration de l’image, on ne se retrouve pasdans la présence d’une doublure qui réitère la forme christique, instaurant uneconfusion entre l’original et la copie, ou d’un simulacre, dans le sens platoniciendu terme, mais d’une simple empreinte vide. L’icône est inséparable d’unekénose, d’un processus d’évidage de soi-même, dans lequel l’être en soi se retirede soi pour apparaître. L’image iconique se justifie seulement à partir de lakénose du Christ.Le christianisme sanctifie l’image en faisant la forme du processusd’humanisation de Dieu qui doit permettre assurer, après la chute originelle, larédemption de l’humanité et sa redivinisation. Si Dieu s’incarne dans l’image, sapropre image n’accède à son accomplissement qu’après sa mort au visible, c’està-diredans l’image du Christ transfiguré. Le Christ se montre une nouvelle foisaux pèlerins d’Emmaüs ou sur le Mont Tabor dans son corps de gloire, corps delumière immatérielle qui a déserté la chair périssable, pure image d’uneabsentia-praesentia 16 . Le christianisme se présente comme une pensée fécondede l’image où l’épiphanie de Dieu se réalise dans une autre réalité, ni purementspirituelle, ni exclusivement matérielle, un Mundus Imaginalis, selon HenryCorbin. Cette epiphania tient d’une ontologie des degrés de l’être qui, parrapport aux dualismes, propose un espace intermédiaire, dominé par des êtresintermédiaires ou de l’intervalle, les anges (voir la théorie angélologiqued’Andrei Pleşu). Le christianisme a élaboré une systématique spéculative quifacilite le triomphe de l’image et son utilisation religieuse.16 Jean-Jacques Wunenburger, La philosophie des images, Paris, PUF, 2001, éditionroumaine, Filosofia imaginilor, Iaşi, Polirom, 2004, pp. 194-210.

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