ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

Dracula: un mythe politique 235saxons de Sibiu et Braşov, qui soutenaient ses rivaux au trône, ceux-ci l’avaientdécrit comme un prince extrêmement cruel, une sorte d’incarnation de l’Enfer,commettant des horreurs diaboliques. Sa légende en variante centraleeuropéenne(notamment allemande) le consacre définitivement en tant que tyransanglant et tortionnaire de la même triste famille typologique qu’Hérode, Néronou Dioclétien. Peu importe si à l’origine il s’agit d’une oeuvre plutôt depropagande politique, destinée à justifier en quelque sorte l’acte du roi deHongrie consistant à avoir emprisonné «le défenseur de la Chrétienté». «A-t-ilété horrifié par la cruauté de son sujet ? Pas du tout. L’époque est barbare etVlad y tient bien son rang, sans qu’apparaisse chez lui un goût immodéré pour lesang» 1 Or; l’Europe médiévale avait été hantée par des monstres de taillebeaucoup plus importante, depuis le Paris de Louis XI jusqu’à la Russie d’Ivanle Terrible.Du dragon au vampireUn autre type d’alteratio s’était produit au niveau du symbolismereligieux chrétien. Dans les religions d’Orient, tout comme dans les croyancessud-est européennes, mais aussi dans l’hermétisme médiéval européen etmusulman, le dragon apparaît comme l’image de la neutralisation de deuxtendances opposées. La représentation chrétienne du dragon renvoie à unedéterminante ético-rationnelle: la lutte du bien contre le mal. Il paraît que sonorigine se retrouverait dans les écrits d’Origène qui renvoie par le psaume 74(Léviathan) à la victoire du bien représenté par la personne du Christ sur le mal(de l’Apocalypse). Le symbole de l’Ordre du dragon est un dragon avec la queueenroulée autour du cou. Sur le dos, le dragon porte la croix de saint Georges surun drap d’argent. Le dragon représente la Bête de l’Apocalypse, et la croix rougela victoire du Christ sur les forces du mal.Pour ce qui est de Dracula, il faisait partie, comme son père, investi en1431 à Nüremberg par Sigismond de Luxembourg, de l’Ordre du dragon (lat.Societas Draconistarum, allem. Drachenorden), ordre militaire semblable àcelui des Templiers. La plus importante alteratio concernant son image est le faitque d’un symbole de l’ordre chrétien (par l’Ordre du dragon auquel ilappartenait) il parvient – par le truchement des chroniques allemandes – à êtreassimilé au monstre même, en l’occurrence au dragon contre lequel il était censécombattre.En ce qui concerne le mythe du vampire, son histoire remonte àl’Antiquité. Elle traverse tout le Moyen Âge ainsi que l’imaginaire populairejusqu’à récemment, dans l’époque moderne. Paradoxalement, la notion devampire n’existe pas dans les traditions populaires roumaines au Nord duDanube. Ce terme est utilisé surtout par certaines populations de langue slave etgermanique. La démonologie mythologique de la mort, répandue dans certains1 Bram Stoker, Dracula, traduction de Jacques Finné, présentation et commentaires deClaude Aziza, Éditions Pocket, 1992, p. 9, présentation.