ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

230Ana Maria Cincă3. L’Eros héroïque. A l’eros passion, Bruno ajout une autre dimension –l’éros héroïque qui «la conversion de l’Homme en Dieu» 15 c’est-à-dire opère unetranslation de la connaissance en pouvoir – principe fondamental de toute magie.Face à ce schéma ontologique, l’homme devient un homoiôsis theô, – unressemblant à Dieu – qui jouit d’autonomie à l’égard de la nature ou du divin.Conçu de cette manière, l’éros héroïque se trouve à la base même de laliberté humaine, car, face aux successions causales – «vicissitudinales», ditBruno – de l’Etre, le philosophe, en son sens étymologique d’ «aimant de lasagesse», voit se voit renforcé par une connaissance du divin qui estfoncièrement du pouvoir. Alors, cette connaissance, doublée par le pouvoir etl’imagination, rendront le philosophe brunien capable de «désordonner» lesstructures naturelles de l’Etre, d’y introduire l’artifice, bref, de modifier laréalité, en lui réservant la capacité de créer à l’infini, et toujours d’une manièrenouvelle, le monde. 16Cette frénésie héroïque brunienne détermine le philosophe à participeractivement à l’histoire: «Chasses l’infortune, saisis la Fortune par les cheveux.Et quand elle paraîtra au bon endroit, fixes – la par des cloues pour qu’elle netourne plus» 17 , car, «il faut en toute circonstance s’en remettre à la Fortune, rienne légitime de s’y soumettre; il importe au contraire de lutter contre le cours del’impétueux torrent». 18Par conséquent, à l’aide de cet éros héroïque, Bruno rompt avec l’imagede l’homme plus agi par l’histoire, qu’acteur et agent de celle-ci, pourpromouvoir, dans la lignée d’un Pic de La Mirandole et d’un Ficin, celui «d’unhomme créateur, maître du monde et magicien» 19 .4. Le monopole des fantasmes. Car toute activité spirituelle de l’âmedemeure essentiellement fantastique, l’individu brunien – dont une définitionpropre serait celle d’un être foncièrement pulsionnel, toujours conduit dans sesactions par ses passions – apparaît à tout pas comme susceptible d’être assujettipar les fantasmes issus de ses propres affectes.Mais, que seraient ces fantasmes? En essence, le terme «fantasme»provient du grecque phantasia – imagination, fantaisie – et, par dérivation dephantasmata – images de l’esprit. Mais, la simple traduction du termephantasmata en image n’épuise pas ses sens, car le fantasme tel que présent dansles ouvrages magiques et mnémotechniques de Bruno et Ficin, n’est pas15 Eugenio Garin, La cultura filosofica des Rinascimento, Florenta, 1961, p. 703.16 Guido de Rosa, Il concetto di immaginazione nel pensiero di Giordano Bruno , IstitutoItaliano Per Gli Studi Filosofici, Edizioni „La Città Del Sole”, Napoli, 1997, p. 16.17 Giordano Bruno, Spaccio de la bestia trionfante, Edizione critica a cura di M.Ciliberto, Milano, 1985, p. 102.18 Ibidem, p.103.19 Jean Delumeau, Astrologie et destin individuel. L’homme magicien, dans Civilisationde la Renaissance, Paris, Arthaud, „Les grandes civilisations”, 1984, p. 356.