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ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

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Courte lecture politique de la magie de Giordano Bruno 229De cette manière, Bruno reprend la thèse ficinienne qui admet nonseulement l’ubiquité ontologique de l’éros – condition extérieure nécessaire pourtout exercice magique, mais qui affirme aussi que, translaté au niveau individuel,l’éros demeure intrinsèquement lié au désirs, affectes et passions individuelles,car, «là où il s’agit de l’éros, il s’agit du désir, et là où il s‘agit du désir, on parlede la satisfaction du celui-ci». Ainsi, par cette interprétation ficinienne, Bruno vafaire de l’éros – passion le fondement et le moteur même de toute activitépsychique de l’individu, en anticipant ainsi la science moderne de lapsychanalyse: «Toutes les affections et les liaisons de la volonté se réduisent etse réfèrent à deux: à la répulsion et au désir ou à la haine et à l’amour.Cependant, la haine se réduit elle-même à l’amour, d’où résulte que la seuleliaison de la volonté est l’éros…. Car, la haine n’est autre chose que l’amour ducontraire ou de l’opposé…» 14 .Dans ce contexte, la magie brunienne demeure une magie purementérotique, car, elle s’appui sur une supposition fondamentale: qu’il y a uninstrument de manipulation – l’éros, dans son sens le plus large, d’amour,plaisir, désir, émotions etc. – capable, à la limite, d’assujettir l’individu. Alors,c’est justement en ce sens qu’il faut comprendre l’affirmation de Ioan PetruCulianu que «l’éros est le degré zéro de toute magie», car, en la vision de Bruno,l’éros préside non seulement le schéma ontologique de l’Etre, mais aussi lesmécanismes psychiques de l’individu.Cependant, afin que l’éros – passion puisse faire l’objet ou l’instrumentpar excellence de la magie, il faut qu’il ait une forme de manifestation pratique.Or, cette revalorisation de l’éros au cadre de la magie brunienne s’est opérée parle biais d’Aristote, pour lequel toute activité de l’âme demeure essentiellementfantastique. Alors, pour Bruno, tout contenu érotique de l’âme fera objet desfantasmes que le mage cherchera à contrôler et manipuler selon sa volontédiscrétionnaire.Pour Bruno, cet éros-passion, qui, au niveau du psychique individuel semanifeste sous la forme de fantasmes, demeure le cœur de sa théorie magique,car l’efficacité de toute opération magique est conditionnée par la capacité dumage de réduire son sujet ou patient à un état de possession fantasmatique totale,de l’apporter à un état aboulique, de disponibilité parfaite aux suggestions dumage, d’en faire de lui une sorte de «chose inerte» de quoi on peut disposerselon sa propre volonté. Mais, cela ne veut pas dire que le patient de l’opérationmagique doit être dépourvu de toute passion ou affecte, mais au contraire, Brunoaccentue le fait qu’en l’absence de l’éros – passion, nulle liaison magique ne soitpossible, faute de l’absence des fantasmes – qui sont la réplique pratique desaffectes individuels et qui constituent les instruments de manipulation du mage.Bref, l’efficacité et le pouvoir de l’opération magique, à l’aide des fantasmes,demeure intrinsèquement conditionnés chez Bruno par l’intensité des affectes dusujet magique.14 Giordano Bruno, Opere latine, Theses de Magia, vol. III, LVI, p. 491.

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