ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

234Ionel BuşeVlad III: héros ou monstre ?Le nom de Vlad III (1431-1476), surnommé Dracula, est liéprincipalement à l’histoire des deux provinces historiques: la Valachie (sud de laRoumanie actuelle) et la Transylvanie (du latin terra ultra silvam – le pays d’audelàla forêt, nord ouest de la Roumanie actuelle). Vlad III naquit à Sighişoaraen Transylvanie. Son père, Vlad II, prince régnant de Valachie, faisait partie del’Ordre du Dragon, société chevaleresque militaire et religieuse créée parSigismond de Luxembourg, afin de défendre les intérêts du monde catholique etde s’opposer à l’expansion ottomane. Vlad III, devenu à son tour prince deValachie, allait prendre officiellement le nom de Draculya (fils de Dragon ou deDracul – „diable” en roumain). Ce Vlad III Draculya (Draculea), surnomméaussi l’Empaleur à cause de son procédé favori pour punir les coupables, estpeut-être le plus célèbre des «Roumains»: un monstre absolu créé par lamythologie occidentale. Son règne sur le trône de la Valachie, ainsi que sa brèveexistence, se virent partagés entre les luttes contre les Turcs et l’opposition àl’hégémonie politique de la Hongrie. Au cours de l’hiver 1461, Vlad l’Empaleurcommença une sanglante campagne au sud du Danube. Tout à fait conscient dufait que le Sultan n’allait pas tarder à attaquer la Valachie, le prince Vlad fit despréparatifs de guerre tout en sollicitant l’appui de son allié, le roi Mathias Corvin(fils de Jean de Hunyadi, ancien gouverneur d’origine roumaine de laTransylvanie). Malheureusement, Vlad l’Empaleur ne recevra jamais l’aidepromise par le roi Mathias. Malgré tout cela, il remporta, au cours de l’été 1462,une victoire brillante sur les Turcs. Tout à fait paradoxalement, Mathias Corvin,profitant de sa position privilégiée en Europe et auprès du pape, s’attribua lesmérites de cette victoire contre le Sultan, en lançant une campagne depropagande désinformatrice au sujet du Vlad l’Empaleur, justifiant ainsi sapassivité militaire. Dans sa lettre envoyée au pape, le roi d’Hongrie annonçait lavictoire « des Hongrois et des Roumains ». En novembre 1462, l’année même oùil avait remporté sa glorieuse victoire sur les Turcs, Vlad l’Empaleur fut accuséde félonie par Mathias Corvin, capturé et emprisonné à Buda. Libéré aprèsenviron treize ans de prison, converti entre-temps au catholicisme, mariésemble-t-il avec Ilona Hunyadi, soeur de Mathias Corvin, et remis, en 1476,pour quelques mois, sur le trône de la Valachie par Étienne le Grand, voïvode deMoldavie, Vlad l’Empaleur sera assassiné, paraît-il, par d’autres prétendants autrône avec le soutien des Turcs. Au cours des années qui suivirent sa mort, ildevint un héros aux frontières orientales de l’Europe (dans les chroniquesslaves), mais un monstre dans les chroniques occidentales. Les écrits les moinsfavorables à l’adresse du prince roumain sont les chroniques allemandes deTransylvanie. Instaurant un règne autoritaire, Vlad l’Empaleur faisait empalernon seulement les Turcs, mais aussi les marchands saxons de Transylvanie,habitant près de la frontière avec la Valachie et pris en flagrant délit decontrebande. Il avait puni de la même façon certains rivaux politiques, maisaussi divers boyards roumains félons, des voleurs avérés, des prostituées, descriminels. Comme il se trouvait en perpétuelle dispute avec les marchands