ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

Courte lecture politique de la magie de Giordano Bruno 225degré zéro de toute magie» 6 , car il préside non seulement le fonctionnement dela Nature mais aussi celui de la société humaine et de l’ensemble psychologiqueindividuel. Toute l’existence se consomme dans la captivité de cette relationérotique, la société elle-même n’étant qu’une «magie en action» 7 .Il est nécessaire d’accentuer le caractère transitif de toute magie, car danscette chaîne ontologique infinie de type sympathique, la présence de l’éros attire laconséquence extrême qu’en agissant sur un individu pris à part, le mage opère, aufait, par une sorte d’effet de contagion, un lien sur toute la société. Cela vientencore de soutenir l’idée que la magie, bien qu’adressée à l’individu, elle n’estjamais individuelle par ses effets, mais toujours collective, sinon sociale.Pour Bruno, le philosophe-mage détient l’art mercurien de ladissimulation et de l’illusion par la maîtrise d’une méthodologie de manipulationmagique qui s’érige autour d’un double mécanisme: l’éros et l’art de lamémoire. Ces deux instruments cumulés, auxquels s’ajoute une fineconnaissance du pouvoir des sons et des images, constituent les moyens absolusde la magie nolaine définie comme art de lier et de manipuler.En tant qu’équation indissoluble entre l’éros et l’art de la mémoire, lamagie brunienne rejoint l’espace de l’imaginaire humain, en s’érigeant dans unevéritable science du celui-ci, qu’elle cherche à explorer avec des moyens qui luisont propres et qu’elle prétend manipuler selon sa propre volonté. A la foispsychologie que psychosociologie, la magie nolaine se précise comme une«méthode de contrôle de l’individu et des masses» 8 , auxquels elle s’adresse parle biais des fantasmes, pour susciter à l’intérieur du psychique humain desimpressions profondes, capables de réduire ses sujets à des simples marionnettesaux mains du mage.La magie présente dans les oeuvres de Giordano Bruno – trop souventcompris par la grille interprétative positiviste comme le précurseur des sciencesquantitatives modernes – n’est pas un élément exogène à son systèmephilosophique, mais au contraire. A partir de De umbris idearum jusqu’aux dernierspoèmes de Francfort De minimo, De monade et De immenso tous les ouvragesbruniens respirent un air «magique». Le recours à la magie n’est pas opéré fauted’autres moyens de discours, car la magie en elle-même apparaît comme uneconséquence logique de son système. Par son syncrétisme, la magie brunienneassure la communication réelle entre son ontologie, gnoséologie et psychologie,tout en apportant à son système philosophique une dimension pratique.Précis sur la relation entre la magie et la philosophieDiego Fusare avait remarqué le fait que, la magie a commencé à prendrel’essor avec le néo-platonisme qui a procédé à une ré-définition de la fonctionclassique accordée à la philosophie par Aristote: la philosophie demeure unevaleur soi-même et en ceci réside sa noblesse. Or, avec le schéma ontologique6 Culianu Ioan Petru, Eros şi magie în Renaştere. 1484, Nemira, 1999, p.152.7 Ibidem, p. 152.8 Ibidem, p. 20.