ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

COURTE LECTURE POLITIQUE DE LA MAGIEDE GIORDANO BRUNO (I)ANA MARIA CINCAARHIVELE OLTENIEI, Serie nouă, nr. 21, 2007, p. 223–232«La sorcellerie c’est de la parole, mais uneparole qui est du pouvoir et non savoir ouinformation. En sorcellerie, la parole c’est laguerre. Parler de la sorcellerie ce n’est jamaispour savoir mais pour pouvoir».(J.Favret-Saada, «Les mots, la mort et les sorts»)La magie tout comme l’utopie apparaît au moment où il y a un manque àcombler, là où, dans la texture ontologique du monde apparaît une brèche – oùl’inconnu et le hasard prennent la figure d’une force rivale. Toutes les deux seveulent venir à l’encontre des besoins et des attentes imaginaires des hommes.Elles opposent à la réalité imparfaite un optimisme existentiel à la fois volontaristedont l’essence réside en la croyance dans la possibilité pour chaque individud’atteindre un état de contrôle total, où le hasard soit supprimé. D’une tellemanière comprise, la magie partage la définition de l’utopie comme «fantasmecompensateur» 1 par rapport à l’inconsistance et aux imprévues de l’immédiat.Mais, à la différence de l’utopie, la magie ne se limite pas à être unesimple «construction verbale» 2 d’un groupe social, mais, par sa nature, ellepossède un caractère dynamique, elle tend à corriger la réalité, par une série demoyens qui lui sont propres; elle s’érige autour d’une pratique spécifique, ayantun fonds philosophique tout à fait particulier. Dans le corpus social, la penséemagique tend à construire des «mécanismes d’autorégulation individuelle etcollective» 3 , dans la mesure où, tout comme la religion, elle se veut une réponsespontanée face aux grandes questions de l’existence.Si l’utopie peut être définie en antithèse avec le politique – voire lesocial, ce n’est pas le cas de la magie. Elle n’est pas confinée dansl’atemporalité, elle ne s’y épuise pas, tout comme l’utopie dans un«intermundus», mais elle se manifeste dans et par le temps. Tout au plus, ellearrive à intégrer le temps dans un espace réel bien déterminé – le social, lasociété. De cette manière comprise, la magie n’implique pas des rapports –1 Gavriluţă Nicu, Mentalităţi şi ritualuri religioase. Studii de sociologie a sacrului,Polirom, 1998, p.10, note 2.2 Ibidem, p.10.3 Boucharlat, Jacques, Magie, religion et folie. La puissance sans la gloire, Collection«Culture, médicine et société», Anthropos – Economica, 1991, p.50.