ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

224Ana Maria Cincăd’opposition avec le politique, mais, à la fois elle le transcende, tout en luidemeurant immanent. Dans ce cas limite, c’est la magie – le magicien quidemeure le garant même du lien qui assure la cohésion de la société.Tout comme la politique, la magie est, à la fois, un «art du Verbe, de laparole» – c’est-à-dire elle utilise des moyens invisibles pour atteindre des effetsconcrets, immédiats – et un «art de l’action efficace, efficiente» – unepraxiologie et une pragmatique. Ce qui demeure essentiel pour la compréhensionde la magie c’est qu’elle suppose une identité fondamentale entre laconnaissance et la puissance. En effet, dans la magie, l’utilisation de la paroleet l’aventure intellectuelle viennent de se fondre dans une discrète pratique dupouvoir. Car connaître revient à savoir le moment et le lieu propices pour endéployer ses opérations afin d’obtenir les meilleurs effets.La magie n’a pas de sens au dehors de la société. Elle demeure ainsi unphénomène social, qui par soi-même ne dit rien, mais c’est seulement dans sarelation avec le social qu’elle prend un sens. De cette manière, «la magie est unfait social total». 4 .Cependant, pour être une action efficace, la magie demeure conditionnéepar une structure ontologique particulière, dont la cohérence et l’homogénéitésont soutenues par la présence d’une force universelle – l’éros. Sans ce principe– fondement à la fois existentiel, que gnoséologique – toute action magiqueserait inconcevable. Or, dans un tel schéma ontologique où l’éros transcendetoute chose, tout en demeurant immanent, le politique désigne le cadreopérationnel par excellence. L’espace social, tout comme la Nature, prend ainsila forme d’un immense laboratoire alchimique où tout élément et entité nereprésentent que des réceptacles passifs de l’impulsion créatrice du magicien. Laconnaissance magique, érigée dans un pouvoir absolu, est celle qui procèdedésormais à l’imposition du changement, de la transformation, selon la volontédiscrétionnaire du mage, de la Société et la Nature dans les objets d’un vasteinstrumentaire.Manipulateur par excellence, le mage brunien de De vinculis etDe Magia est le résultat de cette construction exceptionnelle de l’Etre dont lacontinuelle articulation est garantie par l’ubiquité de l’éros. C’est seulement ens’appuyant sur cette présence de l’éros que l’opérateur - manipulateur nolaindevient capable de s’exercer son pouvoir. Essentiellement, l’action magiqueconsistera à exploiter ces relations et à en créer d’autres. Ainsi elle est parexcellence un «art de lier ou, au contraire de délier».Inconcevable au dehors de cette matrice relationnelle érotique – au sensle plus large du terme – «la magie, dans sa forme initiale de l’éros, domine toutle monde» 5 . C’est justement dans ce sens primaire qu’il faut comprendrel’assertion de I.P.Culianu quant à la magie de Giordano Bruno, «L’éros est le4 Mauss Marcel, Hubert Henri, Teoria generală a magiei, in Avant-propose de NicuGavriluţă, Polirom, Iaşi, 1996, p. 8.5 Ibidem, p. 10.