ARHIVELE OLTENIEI - Universitatea din Craiova

REVIEWMichel Maffesoli, Le Réenchantement du monde. Une éthique pour notre temps, Paris, La TableRonde, 2007, 2006p.La problématique du monde actuel déterminée par la contestation véhémente des valeurstraditionnelles, de toute sorte d’autorité intellectuelle, sociale, politique, mais surtout spirituelle etimplicitement, par l’émergence d’une morale à rebours, gravite autour d’un grand dilemme : peutonencore parler d’une morale en tant qu’ensemble des règles qui fonctionnent comme normesdans une société, ou de diverses éthiques propres à des groupes donnés ? C’est à cette questionessentielle que l’ouvrage de Michel Maffesoli essaie de répondre d’une manière assezconvaincante, même si l’auteur laisse la porte ouverte pour d’autres types d’interprétation.S’appuyant sur la dimension de la praxis, le volume du professeur Michel Maffesoliexamine le glissement d’une morale sclérosée vers des éthiques en gestation ; celles d’un«réenchantement du monde» que l’auteur a été le premier à annoncer, il y a quelques années, etqu’il systématise ici. La dissociation entre la morale et l’éthique devient opératoire dans lecontexte l’étude des principes et des fondements de la morale. Selon l’auteur, cette distinctions’impose lorsqu’on remarque la désuétude de la profusion des bons sentiments, surtout au niveaud’une pensée hétérodoxe. Il s’agit d’une relation dialogique entre pars destruens et parsconstruens, selon la théorie de Simmel, un paradoxe fécond qui assure la cohérence del’organisme fonctionnel.La nouveauté de la démarche de Michel Maffesoli consiste dans la révélation d’unaspect fondateur qui vise le glissement du logocentrisme vers le lococentrisme, glissement quirenvoie à une attitude non judicative. Si l’éthique se présente comme mode de vie, comme manièred’exister à partir de l’environnement, alors la culture devient spécifique, n’ayant plus la prétentionuniverselle de la civilisation. De ce point de vue, l’espace se manifeste comme un temps vécu,comme un lieu de la mémoire collective. «L’éthique domestique» ou bien «l’éthique tribale»apparaît comme une «éthique de la situation» qui représente «une juxtaposition de rituelsquotidiens, créant un état d’âme collectif». Donc, ce type d’éthique, loin de l’intemporel et del’universel, se retrouve au milieu de l’humanisme du présent.«La morale saturée» en tant que conséquence majeure du présentéisme diffus signifie ledéclin et la fin de la morale universelle et l’instauration de la philosophie de «l’instant éternel»,avec ses variantes multiples d’éthiques particulières. L’imaginaire occidental abandonne le projetde la Civitas Dei en faveur de celui de la «société parfaite» de facture marxiste, fondé sur unemorale de la production. En fait, la structure temporelle précise, engendrée par l’utopie marxiste,s’appuie sur la morale en tant qu’économie de soi et du monde. Carl Schmitt a bien montré lanécessité des dogmes comme «juridisation de l’immédiateté charismatique», dénonçant les aspectsdésordonnés du quotidien moderne qui a oublié les valeurs chrétiennes, surtout la médiationchristique à l’intérieur de l’humain ( voir aussi en ce sens Toader Paléologue, Sous l’oeil duGrand Inquisiteur. Carl Schmitt et l’héritage de la théologie politique , Paris, Cerf, 2004).L’exemple le plus effrayant possible pour ce type de «morale saturée» serait le cas ducommunisme en Union soviétique et dans les pays satellites (le phénomène du Goulag), un mondefondé sur un idéal moral criminel, à fortes justifications, légitimations et rationalisationsscientifiques. On ne peut pas penser l’immoralisme éthique en son éternel recommencement si onne revient toujours à ses sources qui résident dans la Révolution française, le Père fondateur del’éthique moderne matérialiste, athée et rationalisante. Michel Maffesoli a parfaitement raisonlorsqu’il rappelle le cas des maoïstes français, les porte-parole de la rééducation communiste enChine au Cambodge et qui font maintenant la morale en tant qu’universitaires ou journalistes deARHIVELE OLTENIEI, Serie nouă, nr. 21, 2007, p. 373-378